Chaque semaine de la Coupe Grey sert de baromètre à la Ligue canadienne de football pour faire le point sur son statut à l’échelle nationale, ses forces et les défis auxquels elle est confrontée.

Au cœur de la dernière fête de la Coupe Grey dans l’ère Mark Cohon, il est juste de dire que le mandat de huit ans du commissaire a été marqué par une période de stabilité et de croissance dans la LCF.

Depuis l’arrivée de Cohon, cinq stades ont soit été construits, rénovés ou sont toujours en construction présentement. Un sixième projet est potentiellement dans les plans alors que des discussions entre les Argonauts de Toronto et Maple Leaf Sports and Entertainment se poursuivent concernant un déménagement au BMO Field.

La LCF écoule la première année d’une nouvelle entente télévisuelle qui lui rapporte gros en comparaison avec la précédente.

En 25 ans, Cohon est le premier commissaire avec un mandat de longue durée à ne pas avoir assisté à la mise en faillite d’une équipe durant son règne et l’idée de voir la NFL s’implanter à Toronto n’a jamais paru aussi loufoque qu’aujourd’hui.

Ceci étant dit, quelques nuages gris pointent à l’horizon et la LCF devra s’attaquer à certains dossiers de façon à garder la même dynamique positive qu’au cours de la dernière décennie environ.

D’abord et avant tout, il y a le cas de Toronto. Les Argonauts ont rarement été aussi négligés que présentement, étant dans l’ombre des autres organisations professionnelles qui sont établies dans la ville, surtout en l’absence d’un amphithéâtre qui permet d’offrir aux partisans une expérience de match optimale.

Il y a aussi le cas de Montréal, qui a vécu une belle renaissance depuis son retour au sein du circuit en 1996, mais qui a connu une baisse d’assistance, attirant seulement 15 000 participants pour un match éliminatoire il y a deux semaines.

Toujours au sujet de l’assistance, cette semaine à Vancouver donnera lieu à la première finale de la Coupe Grey qui ne sera pas présentée à guichets fermés en au moins une décennie, le genre de nouvelle qu’on ne souhaite pas avoir en pleine semaine de festivités.

Le principal dossier que la LCF devra attaquer concerne cependant le produit lui-même. Le jeu a été plus défensif, moins explosif et moins excitant qu’à l’habitude cette saison. Il y a plusieurs théories pouvant expliquer le phénomène, que ce soit l’expansion, les blessures aux quarts-arrières, les changements dans l’arbitrage ou la composition des formations conformément à la nouvelle convention collective. Peu importe, la LCF doit régler ce dossier rapidement. Les amateurs de la LCF se targuaient du fait que la ligue présente du jeu plus excitant et ouvert que celui à quatre essais, mais cela ne s’applique plus aujourd’hui. Il est difficile de bâtir une base de jeunes partisans quand votre produit souffre, pas seulement au niveau de la présence de joueurs vedettes en comparaison avec la NFL, mais aussi en fait de divertissement. Du jeu excitant a toujours été une source de fierté pour le football canadien et ses admirateurs, mais ce n’est plus un argument valable.

Nous n’en sommes pas à l’époque où la LCF passait d’une crise à l’autre, mais ce n’est pas non plus le moment pour la Ligue de s’asseoir sur ses lauriers.