La réalité du football est parfois implacable. Comme le disait si bien le vénérable Bill Parcells, « tu es ce que ta fiche dit que tu es ».

À 3-6, les Alouettes affichent bien sûr un malheureux dossier. Heureusement, ils évoluent dans une faible division. Offrir un tel rendement à ce stade-ci de la saison demeure néanmoins décevant, surtout que les Montréalais ont souvent été dans le coup et qu’ils auraient mérité un meilleur sort en plusieurs occasions.

La fiche des Oiseaux a beau être négative, force est de constater toutefois que cette équipe a beaucoup plus de traction qu’en en avait par le passé. Nous en sommes désormais à la mi-saison et je vois une équipe plus organisée et plus compétitive. C’est ce qu’elle a démontré contre les Blue Bombers de Winnipeg la fin de semaine dernière. Cette formation a du caractère et c’est ce qui lui a permis de combler un déficit de 10 points avec cinq minutes à faire avant de s’incliner en prolongation.

Il n’y a pas si longtemps encore, on aurait eu du mal à croire à un tel scénario.

Les Alouettes nous donnent donc espoir pour la suite des choses. La troupe de Jacques Chapdelaine a certes des choses à corriger et améliorer, mais elle a ce qu’il faut pour accéder aux séries. Déjà, si elle réussissait cela, ce serait une victoire.

Le scientifique aux mains d’or

Nik Lewis a beau être un habitué de cette tribune, cette semaine, il est incontournable. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on devient le receveur ayant capté le plus de passes dans l’histoire de la LCF (1031).

Désormais âgé de 35 ans, le vétéran receveur des Alouettes n’a plus l’allure du retourneur de bottés qu’il a déjà été à ses premiers pas dans le circuit et il est difficile de l’imaginer s’acquitter de cette tâche aujourd'hui.

Nik LewisIl n’est peut-être plus aussi svelte, rapide et dynamique que dans son jeune temps, mais il a su adapter son style de jeu en conséquence. Ses habitudes alimentaires et d’entraînement ne sont peut-être pas irréprochables, mais ça ne l’empêche pas de briller et d’être essentiel à son attaque.

En vieillissant, il a évidemment ralenti au fil des années, mais il a su devenir un receveur de possession et un expert dans l’art de décortiquer les défenses adverses. Quand il revient sur les lignes de côté au terme d’une séquence offensive, il a toujours quelque chose à faire remarquer à son coordonnateur offensif ou à son quart-arrière. Il voit les choses, il comprend les choses... Bref, il maîtrise la science du football. C’est ce qui permet à certains joueurs d’exceller pendant longtemps. Le physique suit peut-être un peu moins, mais le cerveau prend le contrôle de la situation et devient maître du joueur.

C’est ça Nik Lewis. Ça, et des mains en or. Tout ce qui est lancé en sa direction, il l’attrape.

Dommage donc que l’organisation ait échappé le ballon lorsqu’est venu le temps d’honorer le recordman.

Pourquoi décider de lui rendre hommage au terme d’une défaite crève-cœur, devant des estrades déjà presque entièrement désertées? Je suis conscient qu’il fallait prendre une décision rapide, mais pourquoi ne pas organiser une cérémonie avant le début de la prochaine rencontre, devant des gradins bien garnis?

Nik Lewis méritait mieux que l’atmosphère négative d’un match perdu à l’arraché en prolongation...

Travis Lulay

Lulay a une longueur d’avance

La lutte entre Travis Lulay et Jonathon Jennings pour le poste de quart-arrière no 1 chez les Lions de la Colombie-Britannique est de plus en plus intéressante.

Après le dernier match des siens face au Rouge et Noir d’Ottawa, l’entraîneur-chef des Lions Wally Buono affirmait que Lulay en avait fait assez pour mériter le départ lors du prochain match. On pourrait difficilement le contredire.

Jennings a commencé la saison de bonne façon, mais une blessure est venue le freiner. Lorsque Lulay s’est amené en relève, il a stimulé l’essor de l’attaque. Plus de verges, plus de points... plus de victoires.

Lorsque Jennings a finalement obtenu le feu vert des médecins pour effectuer un retour au jeu, il a récupéré le poste de no 1, avec raison puisqu’il est le quart d’avenir de cette formation. Les résultats n’y étaient toutefois pas. À quelques reprises, on lui a donc préféré Lulay, ce qui a semblé revitaliser l’attaque à nouveau.

C’est ce dont nous avons encore été témoins en fin de semaine dernière. Dès que Lulay a fait son entrée dans la rencontre, les Lions n’étaient plus du tout la même équipe. Tout ce qu’il leur a manqué, c’est un peu de temps.

Tirant de l’arrière 25-0 avant de faire appel à Lulay, les Lions se sont finalement inclinés 31-24. N’étant plus du tout dans le coup en fin de rencontre, le Rouge et Noir souhaitait sans doute que le match se termine au plus vite.

À 33 ans, Lulay s’impose donc de plus en plus comme le quart no 1 des Lions aux dépens de son jeune coéquipier de 25 ans. Et qui sait, il le sera peut-être encore pendant quelques saisons. Trente-trois ans, c’est encore jeune pour un quart-arrière.

Willie Jefferson

Des Riders à prendre au sérieux

Les Roughriders de la Saskatchewan prouvent de plus en plus qu’ils sont réellement à prendre au sérieux. Après une victoire convaincante face aux Lions, ils ont écrasé les Eskimos d’Edmonton par la marque de 54-31 la semaine dernière.

Après deux saisons à multiplier les permutations de personnel, j’ai l’impression que les Riders ont finalement trouvé la bonne combinaison. L’unité défensive de cette équipe ressemble enfin à celles que Chris Jones a pilotées avec succès pendant des années partout où il a passé.

Face à Edmonton, la défense a réussi deux interceptions retournées pour des touchés. Elle a de plus limité le quart Mike Reilly à un taux d’efficacité de 57,7 % sur ses passes tentées pour seulement 170 verges de gains. La défense a également réussi plusieurs sacs du quart, alors qu’un joueur défensif, Wille Jefferson, a bloqué un botté pour ensuite le ramener lui-même dans la zone des buts. Les Eskimos sont peut-être éprouvés par les blessures en attaque, mais le rendement de la défense des Riders depuis quelques matchs demeure franchement impressionnant.

Une autre erreur de jugement des Tiger-Cats
(cette chronique a été rédigée avant la décision de la LCF d'interdire à Art Briles de se joindre aux Tiger-Cats)

Les Tigers-Cats de Hamilton viennent encore de prendre une décision qui me laisse perplexe.

En début de saison, ils avaient embauché le joueur Will Hill, un demi défensif américain épinglé à plusieurs reprises pour dopage, autant dans les rangs universitaires que professionnels. Électrisant sur le terrain, Hill est vite devenu une distraction pour l’équipe, forçant celle-ci à le libérer.

Il faut croire que les Ti-Cats n’ont pas eu leur leçon.

Lundi, ils ont annoncé l’embauche d’Art Briles à titre d’adjoint à l’entraîneur-chef June Jones. Pour les gens qui suivent minimalement le football, ce nom vous dit sans doute quelque chose. L’an dernier, l’Université Baylor lui a montré la porte après qu’un scandale sexuel impliquant son équipe eut été dévoilé.

Briles aurait notamment fermé les yeux sur des allégations d’agressions sexuelles contre ses joueurs afin de les protéger. C’est tout à fait dégueulasse, et je pèse mes mots!

Son nom et sa réputation sont ternis à jamais aux États-Unis, si bien qu’il ne s’était pas retrouvé de boulot dans le métier avant que les Tiger-Cats ne lui fassent signe.

Je comprends bien qu’il s’agisse d’un bon ami de June Jones, mais je refuse de croire que la LCF est devenue un refuge pour les délinquants des ligues américaines. Ce n’est pas ce que nous sommes. On est meilleur que ça et on n’a pas besoin de gens comme lui pour améliorer la qualité du produit.

Il a beau être reconnu comme un génie offensif, ça demeure une erreur de jugement de la part des Tiger-Cats. S’il a été mis à l’écart aux États-Unis, on devrait faire de même chez nous. On l’a fait à l’époque avec Ray Rice. Pourquoi pas lui?