Cinq éléments marquants de la Coupe Grey
LCF lundi, 27 nov. 2017. 16:38 vendredi, 13 déc. 2024. 18:54Encore une fois, nous avons eu droit à une Coupe Grey enlevante et qui nous a gardés sur le bout de notre siège jusqu’à la fin. L’an passé on avait assisté à l’un des matchs les plus excitants de l’histoire de la Ligue canadienne et la situation s’est répétée une fois de plus lors du match ultime cette année.
Ce spectacle offert dans la capitale nationale, auquel on ajoute la magie que procurait la neige, Shania Twain au spectacle de la mi-temps, elle qui arrive d’ailleurs en traîneau à chiens, faisaient en sorte qu’il était difficile de demander mieux pour l’ultime match dans la Ligue canadienne. Je dois avouer que rarement je me suis senti aussi canadien.
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Je sais qu’il y a plusieurs personnes qui n’aiment pas la Ligue canadienne et c’est tout à fait dans votre droit. Par contre, si vous êtes un partisan de football, c’est impossible que vous n’ayez pas apprécié le spectacle offert hier. Les matchs dans la LCF sont souvent très excitants, et je crois que ceux qui ne l’aiment pas sont ceux qui ne s’y attardent pas. Si on prend le temps de regarder des matchs en saison, ceux en séries, dont la Coupe Grey et les deux finales d’association, on réalise qu’on a été gâté comme amateur de football lors de la dernière année.
Les deux équipes présentes sur le terrain à Ottawa dimanche ont véritablement donné tout un spectacle pour cette 105e édition de la Coupe Grey.
Trois jeux hanteront les Stampeders
Souvent on dit qu’au football, le match va basculer en faveur d’une équipe en raison de quatre à six jeux. Dimanche, il y a eu trois gros jeux qui ont fait pencher la balance en faveur des Argonauts.
Le premier est survenu au deuxième quart. Sur un deuxième essai et 10 verges à franchir, Ricky Ray a rejoint DeVier Posey qui a filé sur 100 verges pour le touché. Tommie Campbell a tenté d’effectuer l’interception, mais il n’y avait aucun coéquipier pour lui prêter main-forte, si bien que lorsqu’il a été battu, Posey a filé jusque dans la zone des buts.
Mis à part ce jeu, la défense des Stampeders avait limité l’attaque des Argos à seulement 35 verges totales en seulement 30 minutes de jeu.
L’autre gros jeu est survenu alors qu’il ne restait que quatre minutes à la rencontre. Calgary est dans le territoire de Toronto et dispose d’un premier essai à la porte des buts. Kamar Jorden tente alors d’en faire trop et il se fait finalement arracher le ballon. Cassius Vaughn le récupère et parvient à inscrire le touché défensif après une course de 109 verges.
Dans cette situation, les Stampeders se devaient d’inscrire des points. Toutes les manières étaient bonnes, alors qu’ils menaient par huit points. Ils pouvaient marquer un touché, un placement, ou même se contenter d’un simple. La dynamique du match aurait alors complètement changé parce que les Argos auraient tiré de l’arrière par deux possessions. Je pense bien que la Coupe Grey aurait alors été hors de leur portée.
Les Stamps ont cependant cafouillé, n’ont pas été en mesure de bien exécuter et, par conséquent, les hommes de Marc Trestman étaient de retour dans le match.
Finalement, le dernier jeu que j’ai retenu est celui qui scelle le sort des Stamps, et des Argonauts par la même occasion. Bo Levi Mitchell voit sa passe dans la zone des buts être interceptée par Matt Black sur ce qui sera le dernier jeu à l’attaque de Calgary.
Peut-être que ma sélection de jeu aurait été plus conservatrice, mais je n’ai aucun problème à ce que Mitchell ait attaqué la zone des buts. Il avait le momentum de son côté, connaissait un bon match et la défense des Argos semblait sur les talons.
Le problème, c’est que le quart a tenté l’une des plus longues passes possibles avec un tracé au coin et le ballon a flotté beaucoup trop longtemps ce qui a permis à Black de réussir l’interception.
Si on change l’allure de ces trois jeux, nous avons un résultat totalement différent et je crois que le match n’est même pas serré, alors que les Stampeders avaient dominé du début à la fin.
Ricky Ray est un quart spécial
Je veux souligner au passage le travail du quart des Argonauts, Ricky Ray. Cette victoire fait en sorte qu’il devient le quart partant avec le plus de gains à la Coupe Grey grâce à une fiche de quatre victoires et une défaite.
C’est une fiche impressionnante lors de ce match ultime.
J’ai adoré la réponse qu’il a donnée lorsqu’il lui a été demandé ce que ce match avait de spécial. Il a répondu que toutes ses coupes Grey étaient spéciales.
C’est une réponse qu’on n’entend pas souvent. Par exemple, Marc Trestman a dit qu’il n’avait jamais été aussi fier d’un groupe de joueurs. Je me souviens que mon entraîneur dans les rangs universitaires, Glen Constantin disait que sa bague préférée était sa prochaine. C’est toujours celle dans le moment présent qui est la plus plaisante, car les émotions sont vives et instantanées.
Par contre, Ray a réalisé que chaque fois qu’il a remporté un championnat, c’était spécial, le groupe de joueurs était spécial et j'enchaîne en ajoutant que Ricky Ray est un quart spécial.
Si tu veux triompher dans la Ligue canadienne, une équipe a besoin d’une bonne défense, de bons joueurs canadiens et d’un bon quart. Ray a toujours été ce quart-arrière qui a permis à son équipe de gagner des matchs. Il a orchestré une superbe dernière séquence en fin de match contre les Roughriders de la Saskatchewan pour permettre à son équipe d’accéder à la Coupe Grey.
Contre les Stamps, il a réalisé des jeux clés tout au long de la rencontre, notamment sur la transformation de deux points en rejoignant Declan Cross pour créer l’égalité. Même si ses statistiques au terme du duel ne sont pas incroyables, lui, il l’a été. Ray s’est levé dans les moments clés et a sorti les gros jeux quand ça comptait.
L'étiquette de Bo Levi Mitchell
De son côté, il faut tout de même réaliser que Bo Levi Mitchell a joué l’un de ses meilleurs matchs de la saison. Il a complété 73, 3 % de ses passes pour des gains de 373 verges et deux passes de touché. Il aurait pu compléter plus de passes, si ses receveurs n’avaient pas échappé le ballon aussi souvent.
Il me paraissait en plein contrôle, alors qu’il évitait bien la pression, il devait parfois à sa troisième lecture, mais il parvenait à compléter le jeu. Je l’ai trouvé extraordinaire !
Par contre, Bo Levi Mitchell gagne en saison régulière, mais il s’approche dangereusement de l’étiquette du joueur qui ne peut gagner le gros match.
L’an passé à la Coupe Grey, il avait été victime de trois interceptions contre le Rouge et Noir d’Ottawa. Cette année, son interception en fin de rencontre vient mettre un terme aux espoirs des Stampeders.
Il avait dit qu’il aurait aimé avoir le ballon en fin de rencontre l’an dernier pour l’emporter. Il en a eu la chance cette année, mais il n’a pas été en mesure de terminer le travail et cette passe risque de le hanter.
Malgré son bon match, ce qu’on va se rappeler de lui lors de la 105e Coupe Grey, c’est son interception à la fin.
Point d'exclamation pour Trestman et Popp
Je me dois également de glisser un mot sur Marc Trestman et Jim Popp. Cette Coupe Grey avait une saveur montréalaise chez les Argos avec S.J. Green, Bear Woods, James Wilder qui était sur la liste de négociations des Alouettes, et plusieurs autres. C’est clair cependant que les architectes et grands responsables de cette conquête sont Trestman et Popp qui ont été engagés tardivement lors de la saison morte l’an passé.
Ils ont réussi à prendre en main une situation qui était catastrophique. Les Argos n’allaient nulle part l’an dernier avec un dossier de 5-13. Ils ont rebondi cette saison avec neuf victoires et autant de défaites. L’équipe est arrivée en séries avec du momentum et Trestman a fait en sorte que ses joueurs ne cessent jamais d’y croire et on a eu le résultat hier.
Trestman n’a peut-être pas connu le plus de succès récemment dans la NFL, mais il a clairement la touche dans LCF et cette troisième conquête de la Coupe Grey à titre d’entraîneur-chef est amplement méritée.
Pour Jim Popp, d’avoir su dénicher plusieurs joueurs de talent qui ont su faire la différence, dimanche, c’est aussi une belle victoire. On le sentait d’ailleurs très émotif après la rencontre.
Les Argos n’allaient nulle part, mais Trestman et Popp ont su renverser la vapeur et ils ont fait de cette équipe, une équipe championne. Je les félicite et leur lève mon chapeau. Ils l’ont bien mérité.
*Propos recueillis par Maxime Tousignant