L'expert football Matthieu Proulx revient sur cinq éléments qui l'ont marqué durant la dernière semaine dans la Ligue canadienne de football.

Ernest Jackson doit être plus productif

Les Alouettes ont échappé le dernier match contre les Eskimos d'Edmonton. Au cours de ce match, plusieurs éléments ont retenu mon attention, mais il y a une chose qui me préoccupe et c'est le manque de production d'Ernest Jackson. Je sais que la saison est encore jeune et qu'il ne faut pas paniquer, mais c'est une réalité qui me saute aux yeux.

Comme je l'ai dit la semaine dernière, il y a deux façons de relancer un receveur de passes qui ne va pas bien. Soit qu'on lui donne le ballon régulièrement en espérant qu'il retrouve sa confiance en touchant au ballon souvent ou sinon, on y va progressivement en lui lançant le ballon que quelques fois. De toute évidence, l'entraîneur Jacques Chapdelaine a décidé d'y aller lentement. On a donné le ballon qu'une fois à Jackson en début de partie pour un court gain et deux autres fois plus tard il a été ciblé par son quart, dont une fois lors d'un jeu improvisé au moment où Darian Durant cherchait une option en sortant de sa pochette. Jackson aurait dû capter le ballon, mais il ne l'a pas fait.

Il y a plusieurs questions qui demeurent en suspens dans le cas de Jackson. Peut-être que Chapdelaine ne sait pas le faire produire. Est-ce que la chimie est bonne entre Jackson et Durant? Est-ce que Jackson n'est plus le même receveur? L'an dernier, il était dans un groupe de trois receveurs qui ont obtenu plus de 1000 verges à Ottawa. Il n'était qu'un membre du groupe à ce moment-là alors qu'à Montréal, il est le receveur étoile dont on attend les résultats. C'est peut-être ça qui l'affecte.

Ce sont des questions auxquelles nous n'avons pas encore de réponses. Mais une chose demeure, c'est qu'avec le groupe de receveurs qu'il y a à Montréal, il faut que Jackson en donne plus que lors des deux premiers matchs.

Les matchs entre Ottawa et Calgary sont du bonbon

S'il y avait des matchs entre le Rouge et Noir et les Stampeders toutes les semaines, je pense que les amateurs de football seraient ravis. Ces deux formations donnent un spectacle incroyable chaque fois qu'elles se retrouvent sur le même terrain. C'est époustouflant. Les deux clubs ont joué trois parties l'an dernier, dont deux qui se sont jouées en prolongation. Cette année, il y a déjà eu un match nul et un autre à haut pointage 43-39 à la faveur des Stampeders.

Blue Bombers 43 - Roughriders 40

Le quart Trevor Harris a accumulé 425 verges pour Ottawa alors que son vis-à-vis Bo Levi Mitchell a été tout aussi impressionnant. On a assisté une succession de gros jeux, dont deux retours de bottés pour des majeurs. Dès le premier jeu du match pour le Rouge et Noir, on a eu droit à une feinte de passe dans les zones courtes avant d'y aller pour une bombe à Greg Ellingson.

Ces deux équipes donnent tout ce que recherchent les spectateurs dans un match. Ce sont actuellement les deux meilleures équipes du circuit et malheureusement, elles ne croiseront plus le fer en saison régulière.

Un Canadien explosif

Tunde Adeleke des Stampeders a réussi un retour de botté pour un touché et je dois dire qu'il est rare de voir un joueur canadien être aussi explosif sur des retours bottés. À l'Université Carleton, il avait ramené neuf bottés pour des majeurs et il est le joueur qui a couru le plus vite au camp d'évaluation de la Ligue canadienne de football. Il a montré à tout le monde en fin de semaine ce qu'il est capable d'offrir.

Rouge et Noir 39 - Stampeders 43

Adeleke connaît du succès à une position qui est généralement réservée à un joueur américain. Il a su frapper un coup d'éclat dès ses premiers pas dans la LCF. Il va falloir l'avoir à l'oeil au cours des prochaines années, car il risque d'animer le spectacle.

Pauvres Roughriders

Les Roughriders de la Saskatchewan ont subi deux défaites pour commencer la saison. La première, on s'en souvient, contre les Alouettes en lever de rideau et cette semaine en prolongation devant Winnipeg.

Ils seront nombreux à pointer du doigt le botteur Tyler Crapigna, mais il n'est pas le seul même s'il a raté sa dernière tentative de placement contre les Alouettes en plus de toucher le poteau en prolongation contre les Blue Bombers sur une autre tentative.

La réalité, c'est que cette équipe a beaucoup de problèmes. L'attaque est menée par Kevin Glenn, un très bon quart, mais qui est agent double comme dirait mon confrère Pierre Vercheval. Parfois, il donne l'impression qu'il joue très bien pour son équipe et d'autres fois, qu'il évolue pour l'adversaire.

Les véritables ennuis des Riders sont surtout d'ordre défensif. L'entraîneur Chris Jones peut insérer n'importe quel joueur américain qui court vite dans sa tertiaire comme secondeur et avoir du succès. Mais des fois, j'ai l'impression qu'il sous-estime l'aspect cérébral et l'expérience du football en remplaçant des vétérans par des jeunes. On a vu lors du match contre les Bombers que ç'a fait vraiment mal. Weston Dressler des Blue Bombers a marqué deux touchés alors qu'il était complètement seul à la suite d'une confusion de la tertiaire des Riders. L'unité défensive des Roughriders ne joue pas comme les unités défensives de Chris Jones nous ont habitués par le passé.

Il faudra que l'équipe reprenne du poil de la bête, car la pression est forte. L'équipe évolue dans un nouveau stade superbe et elle ne gagne pas. Beaucoup d'argent a été investi dans la formation, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Chris Jones en mène large en Saskatchewan. On lui donne beaucoup de corde en espérant qu'il ne se pende pas avec. Je ne sais pas s'il terminera la saison si son club ne corrige pas le tir.

Les Argos reviennent les deux pieds sur terre

Après un match incroyable contre les Tiger-Cats de Hamilton alors que Ricky Ray a établi un sommet personnel avec plus de 500 verges par la passe et où la défense des Argonauts se donnait des airs d'invincibilité, les hommes de Marc Trestman sont revenus à la réalité contre les Lions de la Colombie-Britannique.

Les Argos n'ont marqué que 15 points et Ricky Ray a senti de la pression toute la soirée. L'unité défensive torontoise a mordu à l'hameçon sur quelques gros jeux. À la lumière des deux premières parties de Toronto, on peut faire le constat suivant. C'est-à-dire que Toronto s'est amélioré par rapport à l'an dernier et que Hamilton n'est pas très forte, car lors de la première semaine, les Tiger-Cats n'avaient pas l'air d'un club de calibre.

Lions 28 - Argonauts 15

Je pense que la vérité se situe quelque part entre les deux. Ça profile néanmoins une bataille intéressante dans l'Est, car deux équipes ont une fiche identique de 1-1, mais Hamilton n'a pas l'air trop solide. Il y aura encore beaucoup de bon football dans l'Ouest et l'Est va être le théâtre d'une lutte sans merci entre équipes de moindre qualité.

*propos recueillis par Robert Latendresse