La convention collective entre les joueurs et la Ligue canadienne de football (LCF) qui était en vigueur depuis 2010 a expiré le 30 mai dernier. Or, les négociations pour le renouvellement de la convention collective sont difficiles, le partage des revenus étant au cœur du présent litige.

En effet, les parties n’arrivent toujours pas à s’entendre sur la part des revenus de la ligue qui doit être attribué au salaire des joueurs.

Essentiellement, ce que les joueurs réclament est un partage des revenus avec la ligue et un plafond salarial autour de 6,24 millions, ce que la LCF rejette. En fait, les joueurs déplorent que leurs salaires ne tiennent pas compte de la hausse des revenus de la ligue. Au cours des derniers jours, l’association a révisé sa position en demandant un plafond salarial de 5,2 millions$. Quant à elle, la LCF souhaiterait un plafond salarial de 4,4 à 4,8 millions, lequel serait sujet à augmentation au cours de l’entente. Malgré certains compromis, les parties ne sont pas capables de trouver un terrain d’entente.

Il importe de comprendre que c’est le partage des revenus qui est au centre des discussions. À ce titre, n’oublions pas que la LCF a récemment signé avec les réseaux TSN et RDS un nouveau contrat extrêmement lucratif pour la redevance de sa retransmission médiatique, ce qui permettra aux équipes de bénéficier de la redistribution des fonds télévisuels. L’entente avec RDS et TSN générera à la LCF près de 40 millions par année. Voilà, entre autres, pourquoi les joueurs exigent l’intégration du partage des revenus dans la convention collective afin que la ligue divise son chiffre d'affaires entre les équipes et ses joueurs. Notons que la plupart des ligues professionnelles sportives partagent leurs revenus et ce, en fonction d’un modèle basé sur un pourcentage applicable. Pour ce faire, les ligues ont créé un partenariat avec les joueurs, lesquels ont manifesté au cours des dernières années un intérêt dans la culture économique du jeu. De telle sorte que les joueurs sont garantis d’obtenir un pourcentage des revenus totaux de la ligue. Ce faisant, plus la ligue générera des revenus, plus il y aura d'argent pour les joueurs, mais les revenus partageables doivent évidemment être définis dans leur convention collective. Dans la NFL, NBA et LNH, les revenus partagés comprennent notamment les profits générés par la vente de billets, les concessions, la diffusion des matchs, les contrats nationaux télévisuels et le marchandisage. C’est ce que les joueurs de la LCF aimeraient obtenir.

Cela dit, l’examen des systèmes en place au sein de la LNH, de la NFL et de la NBA illustre que ces ligues ont connu au cours des dernières années des conflits de travail relativement au partage des revenus et au plafond salarial. C’est donc à se demander si ces systèmes sont suffisamment rentables sur le marché. Des études démontrent toutefois que l’implantation de ces mécanismes avantage l'équilibre compétitif, crée de la parité au sein des équipes et favorise l’harmonisation des salaires dans les ligues professionnelles.

Comme le sport professionnel est une industrie très lucrative, nous remarquons que les athlètes par le biais de leur association sont de plus en plus fervents dans la revendication d’un salaire élevé alors que les propriétaires sont de plus en plus tenaces dans la protection de leur part de revenus. Or, dans la mesure où les susdits mécanismes ont été collectivement négociés, ils devraient représenter fidèlement la volonté des parties impliquées. Alors, aussi bien s’entendre et obtenir la convention qui est la plus satisfaisante pour les deux parties