Félix Ménard-Brière, le botteur sprinteur
LCF vendredi, 10 mars 2017. 23:07 samedi, 14 déc. 2024. 12:45MONTRÉAL – S’il y en a un qui n’a jamais voulu rien entendre à propos des préjugés concernant les botteurs au football, c’est bien Félix Ménard-Brière.
L’époque où les botteurs étaient un peu grassouillets et loin de la forme physique de leurs coéquipiers semble bel et bien révolue. Du moins, si on se fie au camp régional de l’Est de la LCF tenu vendredi à Montréal.
Quatre joueurs étaient inscrits à cette position pour montrer leur savoir-faire à la vingtaine de dépisteurs de la LCF qui s’étaient déplacés. S’ils ont eu à prouver leur valeur du côté des bottés de précision et de dégagement lors du dernier exercice de la journée, les joueurs dont l’outil principal est leur pied ont aussi démontré leurs qualités athlétiques.
Ménard-Brière, qui évolue avec les Carabins de l’Université de Montréal, son coéquipier David Deschamps, Michael Domagala des Ravens de Carleton et Liam Ward des Gee-Gees d’Ottawa ont tous couru le sprint de 40 verges en moins de 4,90. Et cela ne s’est pas arrêté qu’à cette épreuve des tests physiques. Les quatre hommes ont été dans la moyenne ou en deçà de celle-ci à chacun des tests.
« Je regardais le développé couché et je n’en revenais pas à quel point ils étaient athlétiques, a indiqué le directeur général des Alouettes de Montréal, Kavis Reed. Je suis un peu plus vieux et je me souviens de l’époque où les botteurs ne mettaient pas les pieds dans la salle d’entraînement. Maintenant, on ne peut même pas identifier leur position par leur physique. »
Ménard-Brière demeure toutefois plus impressionnant que ses collègues. Non seulement a-t-il excellé dans les tests physiques, il a même dominé trois des six épreuves.
Son temps de 4,618 au sprint de 40 verges a été le meilleur par près de quatre centièmes. Aucun joueur outre lui n’a réussi à être sous la barre des 7 secondes (6,93) dans l’épreuve des 3-cônes. Le numéro 82 des Bleus a aussi terminé la journée avec la meilleure performance dans l’épreuve de changements de direction avec un temps de 4,06.
Questionné sur ce qu’il pensait de la vitesse de Ménard-Brière, Kavis Reed a offert une réponse qui a dû être écrite dans tous les calepins de notes des dépisteurs : « ça te procure beaucoup de possibilités pour faire des jeux truqués ».
Pour compléter sa matinée de travail, l’étudiant en architecture du paysage a effectué 7 répétitions au développé couché et a été nettement au-dessus de la moyenne pour le saut vertical avec 35 pouces et horizontal avec 10 pieds 3 pouces.
Ménard-Brière doit ces résultats à sa discipline à l’entraînement, mais aussi à un court passage dans un club d’athlétisme en 2015.
« C’était complémentaire à mon entraînement en gymnase. Je voulais améliorer ma vitesse. Le frère de mon préparateur physique avait un club d’athlétisme et je me suis inscrit. J’ai aimé ça et je dis toujours que j’aimerais y revenir. Peut-être dans les prochaines saisons mortes », a raconté le botteur ayant maintenu la plus haute moyenne du circuit universitaire canadien sur les bottés de dégagement en 2016 (42,4 verges).
« J’ai toujours prôné que si tu es un athlète professionnel, il faut que tu sois en forme comme un athlète professionnel doit l’être. C’est encourageant de voir de plus en plus de botteurs faire de bons résultats dans les tests parce que nous évoluons à une position où il y a quelques préjugés. J’espère que ça va changer dans le futur », a ajouté celui qui a participé à un camp régional de la NFL pour les spécialistes, le mois dernier.
Kavis Reed, qui était coordonnateur des unités spéciales des Alouettes au cours des deux dernières années, est du même avis que Ménard-Brière.
« Ils sont des athlètes. Ils ne sont pas des botteurs, ils sont des joueurs de football. C’est un changement dans la culture du football. Les spécialistes font partie de l’équipe. Quand tu as ce genre de mentalité, ces joueurs vont aussi avoir un haut niveau de préparation physique, mentale et technique », a expliqué le patron des Oiseaux qui a observé tous les groupes de position au camp de Montréal.
Pas d’invitation pour le camp national
Malgré ses résultats lors des tests physiques et ses performances sur le terrain au cours des dernières années, Ménard-Brière n’a pas été des cinq joueurs qui ont été invités pour le camp national où seront réunis les meilleurs espoirs en vue du repêchage de la LCF.
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Par contre, il n’y a présentement aucun botteur invité au camp final d’évaluation. Dans les deux derniers camps régionaux, deux botteurs se présenteront à celui de l’Ontario. Il serait étonnant que l’un d’entre eux reçoive un billet pour Regina.
Bref, Ménard-Brière peut encore être considéré comme le meilleur espoir parmi les botteurs admissibles au repêchage qui se déroulera le 7 mai. Si l’expérience comme botteur de précision n’a jamais été très concluante au cours de sa carrière universitaire, sa puissance et sa précision sur les dégagements ne laissent aucun doute sur son potentiel au niveau professionnel de ce côté.
« Après la performance que j’ai faite au Défi Est-Ouest (NDLR : il bottait pour les deux équipes), j’aurais beaucoup aimé recevoir l’invitation. Aujourd’hui, pour moi, c’était comme le camp national. Ce sont les mêmes bottés et les mêmes tests », a affirmé celui qui avait réussi ses quatre tentatives de placement au Défi Est-Ouest tout en maintenant une moyenne de 41,6 verges sur les dégagements.
Le botteur de quatrième année demeure serein dans ce processus bien qu’il n’ait plus la chance de se faire valoir d’ici à l’encan amateur.
« Je ne pense pas que ça abaisse mes chances. S’ils voulaient me voir, ils l’ont fait aujourd’hui (vendredi). La balle est maintenant dans leur camp. J’ai fait ce que j’avais à faire », a-t-il exprimé.
Vendredi, Kavis Reed a confirmé que Boris Bede ne serait pas le seul botteur au camp d’entraînement des Alouettes. Bede, qui évoluait avec le Rouge et Or à l’université, et Ménard-Brière ont eu plusieurs duels l’un contre l’autre dans le Réseau du sport étudiant du Québec.
Auront-ils une dernière confrontation, mais cette fois pour le poste de botteur de dégagement des Oiseaux? On en saura plus après le repêchage de la LCF.