MONTRÉAL – Jean-Philippe Bolduc n’a jamais été le joueur le plus flamboyant de la défense du Rouge et Or. Ni celui dont le nom apparaissait au sommet des colonnes de statistiques ou sur l’équipe d’étoiles.

Néanmoins, grâce à sa détermination, sa volonté et son éthique de travail, il peut maintenant se targuer d’être un joueur professionnel de football.

Après avoir été libéré par les Stampeders de Calgary le 19 juin dernier, eux qui l’avaient repêché en 5e ronde, le maraudeur n’est pas resté sans emploi bien longtemps. Le Rouge et Noir d’Ottawa l’a mis sous contrat et il fait partie de l’équipe d’entraînement depuis hier.

« Aussitôt que j’ai été libéré, mon agent leur a parlé une demi-heure après. Il m’avait dit de rester prêt parce qu’Ottawa m’aimait beaucoup », a raconté le maraudeur qui a fait la connaissance de ses nouveaux coéquipiers lundi lors de son premier entraînement.

« En une journée, je peux dire que c’est vraiment une belle organisation. Les installations sont belles, les entraîneurs sont cool et les joueurs sont vraiment gentils. Je suis très content », a-t-il ajouté à l’autre bout du fil visiblement heureux de la tournure des évènements.

Avec le Rouge et Noir, il croit pouvoir se développer à sa position naturelle de maraudeur et aussi comme réserviste du secondeur côté fort, poste occupé par le Québécois Antoine Pruneau.

D’ici à voir du terrain, il est loin de tenir pour acquis son poste sur l’équipe d’entraînement. Il veut maintenant prouver sa valeur aux dirigeants et tout faire pour aider l’équipe à engranger les victoires.

« Cette année, (mon objectif) est de rester avec l’équipe toute la saison. Je veux aider l’équipe à gagner le plus possible. Si c’est d’être sur l’équipe d’entraînement pour préparer l’attaque, je vais donner mon 100 %. Quand mon numéro sera appelé, je serai prêt », a lancé celui qui se concentrera aussi sur les unités spéciales, passage obligé pour les joueurs canadiens.

Le parcours vers ce contrat avec les finalistes de la Coupe Grey a toutefois été parsemé d’embûches, de déception, mais rarement de moment de remise en question.

Le 9 mars dernier, Bolduc a encaissé un dur coup lorsqu’il n’a pas été invité au camp national des espoirs de la LCF à la suite d’une bonne journée au camp régional de Montréal.  

« J’aime beaucoup, beaucoup le football, mais il y a plein de choses dans la vie aussi. J’ai des plans B, C et D. Mais, je ne pense pas que je suis encore prêt à travailler du lundi au vendredi de 9 à 5 », s’était-il dit à l’époque, lui qui avait aussi participé à un camp régional de la NFL à Baltimore en février.

« Après le camp régional à Montréal, je ne pensais pas que ça se finirait là, mais je croyais que ce serait plus difficile. Peut-être une invitation à un camp des recrues ou signer comme joueur autonome », a révélé l’athlète âgé de 25 ans qui a passé une partie de l’hiver en Floride pour s’entraîner.

Finalement, s’il n’avait pas été invité dans la Ville Reine, c’était simplement parce que les équipes intéressées à ses services ne voulaient pas l’exposer aux autres.

Le 10 mai, Bolduc a été repêché en cinquième ronde par les Stampeders alors que ses projections personnelles étaient plutôt vers le septième tour.

Servi par un costaud physique pour sa position, l’ancien membre des Cougars du Collège Champlain-Lennoxville au niveau collégial a toujours cru en son rêve bien qu’il y avait des joueurs qui réussissaient mieux que lui au niveau universitaire.

« C’est sûr que mon gabarit et ma vitesse me donnaient des atouts de plus que certains joueurs même si je n'avais pas fait les équipes d’étoiles. [...] Je n’ai pas eu les mêmes accomplissements personnels, mais je me suis toujours entraîné fort et je savais que j’allais avoir l’opportunité un moment donné », a exposé celui qui mesure six pieds un pouce et pèse 210 livres.

Encouragé par son camp à Calgary

Le fait d’avoir été libéré par les Stampeders était loin d’être un signe d’échec.

Déjà à son arrivée, les jeux étaient presque faits sur la tertiaire puisque Calgary emploie six Américains. C’était donc presque mission impossible pour Bolduc à moins que plusieurs joueurs ne tombent au combat.

« Tout ce que les entraîneurs m’ont dit c’est que ç’a bien été et qu’ils étaient contents, mais que j’étais plus comme une police d’assurance dans l’éventualité qu’il y ait des blessures, ce qui est courant au football », a-t-il décrit.  

« Mais je n’ai jamais vu ça de ma vie. Il n’y a eu qu’une blessure au camp et c’était un joueur de ligne défensive qui s’est blessé à un doigt », a relevé Bolduc qui était quelque peu en compétition avec son ancien coéquipier chez les Lavallois, Adam Thibault, maintenant un vétéran dans la LCF.

Bolduc a eu la chance de disputer les deux matchs préparatoires des Stampeders et de se faire voir du côté défensif du ballon lors des quatrièmes quarts. On dit souvent au football que c’est important de laisser de bonnes traces sur les bandes vidéo et c’est probablement grâce à cela qu’il est un membre du Rouge et Noir aujourd’hui.

« Après le premier match à Edmonton, je me disais "oupelaye"! C’est un gros pas et c’est une ligue pour homme. À la deuxième partie, le niveau de jeu avait déjà ralenti à mes yeux et je me suis dit que j’étais capable de jouer. Ça l’a vraiment bien été », a-t-il reconnu.

« D’avoir fait un camp là-bas, même si je n’ai pas fait l’équipe, ça m’a ouvert des portes. J’ai eu des équipes qui se sont informées après. Les formations sont assez pleines, alors je me disais que ça allait aller en septembre quand des places additionnelles s’ajouteraient sur les équipes d’entraînement. Je ne m’attendais pas d’être dans une équipe aussi tôt que ça », a-t-il mentionné tout en spécifiant qu’il a véritablement gagné en expérience lors du deuxième match pré-saison.

Retrouvailles avec d’anciens du Rouge et Or

En officialisant son contrat lundi, Bolduc est devenu le 21e produit du Rouge et Or à se trouver un poste soit régulier ou sur une équipe d’entraînement de l’une des neuf équipes de la LCF en 2016.

Le contingent d’anciens de l’Université Laval est assez nombreux à Ottawa. Il retrouvera entre autres un de ses meilleurs amis, Arnaud Gascon-Nadon, qui a réussi à se tailler une place sur la formation partante en tant qu’ailier défensif.

« Ça fait des années qu’on s’entraîne ensemble durant la saison morte. Je suis très content de rejoindre mon bon chum et mon mentor. Il était dans la LCF et j’étais à ma deuxième saison à Laval. Je commençais à prendre le pouls de la ligue puisqu’il me racontait tout plein d’histoires », a-t-il indiqué en parlant de celui avec qui il a remporté la Coupe Vanier en 2012.

« C’est drôle que nous allons maintenant jouer ensemble. Quand j’ai été repêché par Calgary, il était bien déçu. Tout est bien qui finit bien », a conclu Bolduc qui a savouré sa deuxième coupe Vanier en 2013 à Québec.

Outre Gascon-Nadon et Bolduc, le joueur de ligne offensive Jason Lauzon-Séguin, choix de premier tour d’Ottawa cette année, était également de l’équipe championne de 2012. Les autres anciens du programme lavallois avec le Rouge et Noir sont le centre-arrière Patrick Lavoie et le botteur Chris Milo.