La prestation des Alouettes n’avait rien de parfait lors de leur victoire à l’arraché face aux Roughriders de la Saskatchewan. Sauf que disons-le : lors de la première semaine, on ne s’attend à la perfection de la part d’aucune équipe et c’est tout à fait normal.

L’important était la victoire, et celle-ci a fait du bien au moral de l’organisation et des partisans. Il y a plusieurs raisons d’être heureux du dénouement pour les Montréalais, particulièrement dans le cas du quart-arrière Darian Durant, qui affrontait la seule équipe pour laquelle il a joué depuis ses débuts dans le circuit en 2006.

Dans l’ensemble, on peut parler d’une victoire d’équipe qui permet de bâtir  pour la suite des choses, en dépit des multiples aspects à corriger.

Trestman : des débuts qu'on n'oubliera pas de si tôt

Nous avions tous hâte de voir ce que Marc Trestman et son équipe allaient réussir en lever de rideau de la saison.

Ce fut un peu chaotique pour les Argonauts de Toronto dans les derniers mois. Les changements se sont succédé à un rythme fou. Un nouveau directeur général en Jim Popp, et une arrivée quelque peu tardive de Trestman dans le processus. Par ailleurs, certaines fenêtres n’avaient pas été respectées pour la signature de joueurs. Malgré tout, on avait réussi à débroussailler un alignement valable pour fouler le terrain en 2017.

Imoan Claiborne et Antoine PruneauVoilà donc une foule de raisons pour lesquelles le résultat obtenu, une victoire haut la main (32-15) face aux Tiger-Cats de Hamilton, était loin d’être ce à ce quoi on s’attendait.

Nous sommes plusieurs à avoir confiance en Trestman – moi le premier, pour l’avoir vu redresser la situation des Alouettes de manière épatante entre 2007 et 2008 – mais je ne croyais pas que sa magie allait opérer aussi rapidement.

Je lis ce qui s’écrit dans les médias torontois, et cela ressemble drôlement aux réflexions que nous avions ici, il y a une décennie. On parle d’un entraîneur méticuleux, détaillé, qui prépare admirablement bien ses joueurs. Cela s’est vu dans la performance des Argos : chacun semblait connaître son mandat, et on n’a vu que très peu d’erreurs de concentration de leur part. Vraiment, Trestman a imprégné sans attendre son nouveau club de sa philosophie.

En vérité, le score final est pratiquement flatteur pour les Ti-Cats, pour qui cette rencontre aurait pu être encore plus massacrante. D’une part, deux bottés de placement ont été bloqués par Hamilton, dont un ramené pour un touché. Les receveurs torontois ont aussi échappé quelques ballons à leur portée dans la zone des buts. Bref, ce match aurait pu être encore plus à l’avantage des Argos qu’il ne l’a été.

Un peu de la même façon qu’Anthony Calvillo a relancé sa carrière avec l’embauche de Trestman à Montréal, je crois que Ricky Ray aura un second souffle.

Ray a cumulé des gains aériens de 506 verges, son plus haut total en carrière, à ses débuts avec l’instructeur américain. C’était franchement impressionnant!

Nous avons vu trois cibles s’illustrer : Jeff Fuller, l’ancien des Stampeders revenu au Canada après un essai infructueux dans la NFL, DeVier Posey, et l’ancien des Alouettes S.J. Green.

D’ailleurs, je suis heureux pour Green, qui est un chic type pour qui j’ai un immense respect. Il a toujours agi avec une grande classe. Et même si la décision des Als de le laisser filer était compréhensible dans un sens, on l’a vu prouver qu’il peut toujours être un receveur spectaculaire capable d’effectuer les attrapés difficiles.

Il ne faudrait pas non plus passer sous silence la performance étonnant de la défense des Argonauts sous Corey Chamblin, qui lui aussi effectue un retour dans le football canadien comme coordonnateur défensif. L’attaque de Hamilton a été complètement neutralisée dimanche.

Aucun complexe pour le Rouge et Noir

La reprise de la coupe Grey a été une bataille de tous les instants entre les Stampeders de Calgary et le Rouge et Noir d’Ottawa, qui n’ont pu faire de maître avec un score de 31-31.

L’an passé, la troisième semaine d’activités avait donné lieu à un match nul entre les deux équipes. Quelques mois plus tard, dans la rencontre ultime, elles s’étaient rendues en prolongation pour décider de la formation championne.

On peut dire sans se tromper que les Stamps et le Rouge et Noir s’opposent très bien les uns aux autres. C’est impressionnant de voir, au pointage tant qu’au chapitre des statistiques, à quel point les duels sont serrés.

Vendredi, les deux clubs ont récolté sensiblement le même nombre de verges offensives (441 contre 416 à l’avantage de Calgary), ont provoqué le même nombre de revirements et se sont échangé le fameux momentum un peu comme ils l’avaient fait en novembre dernier.

À ce point-ci, on peut réellement dire qu’Ottawa ne possède aucun complexe d’infériorité face à Calgary, qui depuis quelques années est la référence dans la LCF.

L’unité défensive du Rouge et Noir a fait du travail louable pour limiter les dommages réalisés par Bo Levi Mitchell, le joueur par excellence de la dernière saison. J’ai adoré ce qu’ils ont fait, notamment la pression qu’ils ont exercé sur leur quart. Le Québécois Antoine Pruneau s’est d’ailleurs illustré à cet égard.

Ce n’était pas un mauvais match pour les Stamps, mais je ne les ai pas sentis aussi intenses et investis que l’année dernière. Était-ce le réveil dont ils avaient besoin? Possiblement, mais chose certaine, ce n’était pas aussi convaincant que ce à quoi ils nous ont habitués.

Pour le vis-à-vis de Mitchell, Trevor Harris, ce fut une performance adéquate mais sans plus. Il n’a pas eu l’opportunité d’attaquer les zones profondes bien souvent, se contentant plutôt de petites passes. À mon avis, il faudra ouvrir le cahier de jeux pour obtenir des succès offensifs chez le Rouge et Noir.

Les Eskimos seront redoutables par la voie des airs

Finalement, les Eskimos d’Edmonton ont aussi fait parler d’eux avec une victoire in extremis en toute fin de match face aux Lions de la Colombie-Britannique.

Nous venons de parler d’un trio de receveurs dynamiques chez les Argos, mais les Eskimos en possèdent également un et en ont fait la preuve.

Brandon ZylstraAlors qu’on s’attendait à voir Adarius Bowman s’illustrer pour ce premier match, ce sont plutôt Duke Williams et Brandon Zylstra qui en ont mis plein la vue.

Le premier a amassé quatre réceptions pour des gains de 110 verges et un majeur, tandis que son coéquipier a terminé le match avec sept attrapés pour 152 verges.

Si on ajoute à cela la présence de Bowman et de Vidal Hazelton, on voit ici qu’Edmonton se retrouve avec un excellent groupe de receveurs.

Avec un porteur de ballon en John White qui a fourni 100 verges de gains en ouverture, on peut conclure que l’attaque des Eskimos sera terrorisante cette saison.

C’est une bombe en direction de Zylstra en toute fin de rencontre qui a procuré aux visiteurs la victoire. Une telle performance sur la route face à une équipe chevronnée a de quoi impressionner.

Peut-être l’attaque aérienne devra-t-elle continuer d’en mettre plein la vue après que l’équipe ait vu le secondeur intérieur étoile J.C. Sherritt se blesser sérieusement. La saison de ce dernier est terminée après qu’il se soit déchiré le tendon d’Achille. Dommage pour un joueur qui s’est avéré dominant année après année…

On aura l’occasion de voir ces mêmes Eskimos à l’œuvre face aux Alouettes dès vendredi, alors qu’ils accueilleront la formation montréalaise (match présenté sur RDS à compter de 22 h).

* propos recuellis par Maxime Desroches

S.J. Green fait déjà sa marque à Toronto