MONTRÉAL - En deux ans et demi à titre de commissaire de la Ligue canadienne de football, Randy Ambrosie n’a pas chômé, notamment avec ses visées internationales, et il étudie désormais l’implantation d’un nouveau format éliminatoire inusité.

 

De passage à Montréal pour sa tournée pancanadienne qui lui permet de rencontrer des partisans, Ambrosie veut les sonder sur la possibilité de revamper la formule actuelle.

 

Il faut admettre que la proposition lancée par un président d’une équipe de la LCF n’est pas banale. Six équipes participeraient encore à cette étape. Le champion de chaque section profiterait d’une semaine de congé. Le grand changement résiderait dans l’élimination du « cross-over » qui accordait souvent la chance à une équipe de l’Ouest à ravir une place à une équipe de l’Est. La LCF irait encore plus loin en qualifiant les quatre autres équipes selon leur fiche. Ainsi, il ne serait pas impossible qu’une section soit représentée uniquement par l’équipe ayant terminé au premier rang.

 

Mais l’astuce la plus originale accorderait à l’équipe qui a terminé au premier rang du classement général de la LCF de choisir l’identité de son adversaire pour son match de demi-finale! Cette décision serait annoncée dans le cadre d’une émission télévisuelle.

 

« Je veux entendre leur avis que ce soit positif ou négatif. Je trouve que c’est une très belle occasion de sonder les partisans à cet effet. À Ottawa, 70% des gens ont voté en faveur de ce changement. Je vais avoir cette discussion à travers le pays », a-t-il commenté au collègue Sébastien Boucher.

 

« Je trouve surtout que ça démontre l’ouverture que l’on veut avoir par rapport à des changements pour rendre notre produit meilleur, plus amusant et plus divertissant. Bien sûr, les équipes ont des questions à ce sujet et on s’assure d’y répondre. On parle en même temps aux partisans et on prendra une décision. C'est bien d’en parler. Juste de communiquer avec nos partisans, c’est précieux. Je trouve que notre ligue est la plus centrée sur nos partisans », a jugé le commissaire.

 

Pendant que la réflexion se poursuit pour ce dossier, un changement a déjà été approuvé. En 2020, les amateurs découvriront une modification quant à l’annonce traditionnelle des punitions par les arbitres. Le côté protocolaire de l’arbitre en chef qui annonce l’infraction à la foule pendant quelques secondes sera éliminé pour la plupart des punitions. Le jeu reprendra plus vite et le verdict sera présenté au public en même temps que les équipes se préparent pour le prochain jeu.

 

Logiquement, la LCF observe ce qui se passe du côté de la nouvelle XFL. Les dirigeants de ce circuit ont éliminé quelques éléments moins essentiels comme les transformations après les touchés.

 

« Il y a un an, tout le monde voulait que je sois inquiet à propos de l’Alliance of American Football (AAF). Je ne dis pas ça contre la XFL, mais on doit se concentrer sur nous et bâtir la meilleure LCF possible. Il faudra sans doute retourner plus de pierres pour trouver les meilleurs à l’échelle de la planète sans ignorer ce que font les autres », a prononcé Ambrosie dans une autre entrevue avec le collègue Sébastien Boucher.

 

Ce n’est pas la première fois qu’il le dit, mais le commissaire regarde bien plus attentivement le modèle de la NBA qui s’ajuste avec plus d’aisance que la plupart des sports professionnels majeurs.

 

« On devrait être aussi bons qu’eux pour saisir de nouvelles opportunités », a-t-il souhaité.

 

Si son approche moins traditionnelle a rebuté plusieurs joueurs de la LCF, Ambrosie se réjouit de l’évolution de leur pensée.

 

« Je suis vraiment fier que nous ayons des discussions différentes avec l’Association des joueurs. Je suis plus excité pour notre avenir qu’auparavant. On a traversé des étapes importantes, un peu comme du démarchage », a souligné le commissaire qui s’est déjà arrêté à Ottawa et qui se déplacera ensuite à Hamilton, Halifax, Edmonton, Calgary, Winnipeg, Régina, Vancouver et Toronto jusqu’au 11 mars.

 

Ambrosie persiste et signe avec son plan international

 

Loin de se contenter d’un rôle passif depuis qu’il a enfilé son veston de commissaire, Ambrosie a signé des ententes de partenariat avec des fédérations de plus d’une dizaine de pays. Mais c’est justement la critique qui revient le plus souvent de la part de partisans et même de joueurs. Ils sont nombreux à considérer qu’il devrait plutôt se concentrer sur le bien-être de son circuit au lieu de telles visées internationales.

 

Ce reproche, Ambrosie l’a déjà entendu, mais il persiste et signe. Le statu quo ne l’intéressait pas du tout quand il a obtenu la confiance des gouverneurs de la LCF et il songe maintenant à modifier le format des éliminatoires avec une formule rafraîchissante.


Avant de s’attarder à cette idée, laissons-le répondre à cette critique.

 

« Si tu veux accomplir de grandes choses dans la vie, tu dois viser ailleurs et non pas répéter les mêmes choses. Il faut s’imaginer la LCF de l’avenir. J’aime comparer le tout à un élastique. Si on ne veut que parcourir une petite distance, l’élastique ne s’étire pas beaucoup, il ne devient pas vraiment plus mince et ça n’implique pas une tonne de changements.

 

« Mais, si tu veux te rendre beaucoup plus loin, ça implique que l’élastique s’étire bien plus. Il faut être prêt à composer avec de grandes modifications. Je veux assister à de gros changements. Je veux que l’on devienne le plus grand circuit international de football sur la planète. Pour que ça se produise, il faut que cet élastique soit étiré. La responsabilité qui me revient, c’est de travailler avec les gouverneurs pour éviter que cet élastique cède », a décrit Ambrosie lors d’une entrevue avec l’auteur de ces lignes.

 

Il a donc convaincu le Brésil (tout récemment), ainsi que l’Autriche, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Mexique, la Norvège et la Suède à se joindre à son plan.

 

« Pendant ma première apparition publique (en 2017), on m’a demandé si j’allais être en mesure de stabiliser la LCF. Ma réponse a été non parce que ça ne m’intéresse aucunement. Ce serait tomber d’un bateau et attendre que les requins me dévorent. J’étais prêt à nager vers la direction qui me semble la bonne pour la LCF, celle qui offre les plus belles occasions. C’est ma responsabilité envers les gouverneurs, les partisans et les médias », a poursuivi Ambrosie qui avance avec audace pour maximiser le potentiel du circuit canadien.

 

Mais soyons francs, pour le moment, l’impact des joueurs internationaux ajoutés, sous l’influence d’un règlement instauré par la LCF, est minime. Ça devient bien plus complexe de convaincre un auditoire étranger de consommer son produit avec assiduité sans la présence de joueurs internationaux pour les représenter.  

 

« On profite présentement d’une année supplémentaire pour l’évaluation du talent. L’an dernier, on a tenu un camp d’évaluation à Mexico et les autres pays nous ont envoyé des joueurs qui devaient mériter une chance selon eux. Cette année, on finira par procédé à des camps sur quatre continents (en Europe, en Asie, en Amérique du Nord au Mexique et Amérique du Sud) si bien que le niveau de talent est vraiment plus élevé », a conclu Ambrosie qui souhaite voir des joueurs internationaux contribuer de façon constante.