André Bolduc à Calgary après une année difficile et le décès de son frère

MONTRÉAL - Avoir su, bien sûr qu'André Bolduc serait demeuré avec les Alouettes de Montréal en 2023. Mais l'entraîneur québécois relativise cette coupe Grey échappée avec son année formatrice en Saskatchewan et encore plus avec le décès de son frère. 

Pendant 10 ans, Bolduc a enduré les péripéties qui ont ébranlé les Alouettes. Oeuvrant sous huit entraîneurs-chefs différents à Montréal, sa loyauté et ses compétences ont fait de lui une ressource très précieuse dans le nid souvent secoué. 

Lorsque Bolduc n'a pas obtenu le poste d'entraîneur-chef, qui a été confié à Jason Maas, il a réalisé que l'idée de découvrir une nouvelle organisation faisait bien du sens. 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Bolduc n'a pas été chanceux pour le timing. Pour une deuxième année de suite, Craig Dickenson a été incapable de faire tourner le vent dans la contrée des Roughriders et un ménage a suivi. La blessure de Trevor Harris, quand les Riders avaient un dossier de 3-1, a été le coup fatidique. 

L'aventure de Bolduc dans ce fief de la LCF n'aura donc duré qu'une seule saison. Durant ce temps, les Alouettes en ont profité pour surprendre le reste du circuit canadien en renouant avec la coupe Grey. Dix semaines plus tard, Bolduc ne peut qu'en rire. 

« C'était très difficile à prévoir », admet-il, avec le sourire, quand on lui souligne son manque de veine. 

« Pas un expert avait prévu ça. Ils ont connu une très, très grosse fin de saison et leur défense était intraitable! J'étais vraiment content pour le coaching staff que je connais très bien et pour les joueurs côtoyés pendant plusieurs années. Je pense en premier lieu à Kristian Matte, les porteurs de ballon et compagnie. Je suis également très heureux aussi pour Luc (Brodeur-Jourdain), mon grand chum qui a gagné sa coupe comme entraîneur », a-t-il poursuivi. 

Quand on évoque le pincement au cœur qu'il a dû ressentir, il répond ainsi. 

« J'étais déçu de ne pas être là, c'est certain. Ç'aurait été le fun de pouvoir savourer ça, mais je n'étais pas là et je ne peux pas emprunter le championnat », a confié Bolduc qui a trouvé plaisant de voir l'équipe célébrer. 

« Je suis aussi content pour Danny (Maciocia, le directeur général). Il a accepté ce poste exactement pour cette raison, ramener la coupe à Montréal. »

Cela dit, sans aucune comparaison possible, ce qui a fait le plus mal à Bolduc, c'est la mort de son grand frère, Steeve, dans un accident de la route au Lac-Saint-Jean au début octobre. 

« D'être loin, ce fut extrêmement difficile... J'ai appris ça en sortant d'une pratique, ma conjointe m'a appelé. Je suis resté pour quelques jours de pratique pour faire mon travail et je suis revenu pour les funérailles. J'ai été très chanceux, dans les circonstances, on n'avait pas de match lors de la dernière semaine du calendrier et on ne faisait pas les éliminatoires. Donc j'ai paqueté mes affaires au plus vite, j'ai ramassé la famille et on est partis au Lac-Saint-Jean », a témoigné Bolduc. 

« Je suis allé soutenir la famille pendant quelques jours. Il faut vivre le deuil, faut que ça sorte, faut en parler », a-t-il ajouté sur un ton posé. 

La période de Noël a été ensuite très éprouvante au niveau émotif. Le chagrin a également remonté dans les derniers jours. 

« En ce moment, c'est difficile parce que c'est lui qui organisait le pool du Super Bowl avec tous ses chums. Il trippait football aussi et il m'appelait avant les matchs pour me demander mon avis. »

« C'était mon seul frère. On était juste deux enfants, ma mère a trouvé ça très difficile », a poursuivi Bolduc alors qu'on témoignait nos sympathies à lui et ses proches.  

Heureux de ce nouveau départ à Calgary

Il n'y a donc rien d'anodin quand Bolduc lance « 2024 va être une meilleure année, je pense ». 

Cette année qu'on lui souhaite plus agréable, Bolduc la vivra donc avec les Stampeders de Calgary comme entraîneur des porteurs de ballon. Peu de temps après le Jour de l'An, Dave Dickenson a manifesté son intérêt envers Bolduc qui a discuté sérieusement avec deux autres équipes. 

L'offre des Stamps n'a pas tardé et sa nouvelle destination l'allume. 

« C'est une belle organisation, qui a connu beaucoup de succès. Quand j'étais avec Montréal, on utilisait le mot stabilité pour parler de Calgary autant pour les joueurs que les entraîneurs. Dans le passé, les autres équipes essayaient, à un certain point, de les copier », a rappelé Bolduc. 

« Ce fut un peu plus difficile dans les dernières années, mais ils ont quand même participé aux éliminatoires en 2023 (avec un dossier de 6-12) », a enchaîné l'ancien receveur. 

Dickenson avait émis le souhait d'ajouter du sang neuf dans l'organisation et Bolduc participera à cet afflux d'idées extérieures. 

Logiquement, le nom de Bolduc avait circulé pour le poste d'entraîneur à l'Université McGill et le poste de coordonnateur offensif à l'Université de Sherbrooke. 

« Si je retournais au niveau universitaire, ça voulait dire que je m'éloignais du professionnel pour longtemps ou même pour toujours. J'en ai discuté avec la famille, il me reste encore quelques bonnes années dans le professionnel », a décrit l'homme de 52 ans qui est père de quatre grands enfants. 

Il se fie sur son passage en Saskatchewan pour entrevoir une expérience intéressante à Calgary. 

« C'était vraiment une belle année d'apprentissage pour connaître d'autres gens, un nouveau système et naviguer dans ça », a noté l'entraîneur qui espère aider les Stampeders à retrouver leur aplomb. 

Avec tout ce qu'il a vécu en 2023, Bolduc le mérite.