« On a un excellent esprit d’équipe à Calgary, mais c’est certain que ça n’équivaudra jamais à une Coupe Vanier remportée à Laval. » 

C’est ce qu’a répondu Pierre Lavertu, ancien joueur de ligne offensive du Rouge et Or de l’Université Laval et maintenant membre des Stampeders de Calgary lorsque questionné sur le sentiment de gagner entre le calibre universitaire et professionnel. 

Pourtant, son équipe n’est qu’à un seul match d’atteindre la finale de la 102e Coupe Grey et est également classée favorite pour l’emporter. 

Malgré le rêve devenu réalité d’un jour évoluer pour une formation professionnelle, le premier choix lors du dernier repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF), ne peut nier que l’aspect humain est très différent maintenant. 

« À l’Université, tu côtoies et joues avec certains gars pendant cinq ans. Tu as le temps de développer quelque chose avec la majorité de tes coéquipiers. Chez les professionnels, tu joues avec des joueurs et la semaine d’après tu apprends que certains ont été échangés, donc c’est plus difficile. » 

Pierre LavertuPlus personnellement, sa relation avec les joueurs de ligne est excellente et la chimie s’est rapidement installée avec ses nouveaux coéquipiers. 

« J’ai une super belle relation avec les autres joueurs de ligne offensive. Chaque semaine on fait des sorties ensemble. Il n’y a pas vraiment de clan et je parle à tout le monde. » 

La transition à laquelle a dû s’adapter Lavertu s’est tout de même très bien déroulée. Malgré les bouleversements autant sur le plan personnel que sur le terrain, certaines similitudes entre son ancienne et sa nouvelle formation ont aidé à faciliter l’adaptation. 

« C’est certain que pour le calibre de jeu il y a une grosse différence, mais mon adaptation se fait quand même très bien. Ce sont deux excellentes organisations qui ont beaucoup de stabilité et un historique gagnant, donc c’est sur que ça a aidé à accélérer ma transition. » 

L’attention portée aux détails est également incomparable entre le calibre universitaire et professionnel. Toutefois, le fait d’avoir évolué pour une organisation de premier plan en y ajoutant la confiance qu’il recevait de ses entraîneurs ont également joué en sa faveur. 

« Rendu au calibre professionnel, chaque match est extrêmement important et on fait beaucoup de vidéos, peu importe quelle équipe on va affronter. Chez le Rouge et Or, j’étais capitaine de la ligne offensive et de l’équipe. On faisait aussi beaucoup de vidéos, surtout à l’approche d’une partie importante. » 

En tant que capitaine, Lavertu avait à rencontrer les entraîneurs fréquemment, notamment Carl Brennan, l’entraîneur de la ligne offensive. Maintenant, son nouveau mentor se nomme Pat DelMonaco et il apprend tranquillement à connaître celui qui a comme mission de développer le premier choix du dernier repêchage. 

« J’ai tissé de forts liens avec Carl Brennan au fil des années. C’est rendu un ami. Pat je ne le connaissais pas vraiment avant d’arriver ici. C’est un excellent coach. Il est très intense, mais j’apprends vraiment à le connaître en ce moment. Pour ce qui est du livre de jeux, c’est très similaire avec celui du Rouge et Or. C’est certain que la complexité du livre de jeu de Laval est très élevée, mais ça ressemble beaucoup à celui des Stampeders. » 

Apprendre à perdre

Très peu de joueurs peuvent se vanter de n’avoir subi que trois défaites lors de leur parcours universitaire. Ajoutez à cela trois titres de champion de la Coupe Vanier, quatre sélections sur l’équipe d’étoiles québécoise, quatre sur l’équipe d’étoiles canadienne et vous obtiendrez le CV de Pierre Lavertu. 

Cette année, malgré une excellente saison, les Stampeders ont subi trois défaites, soit autant que lors de son parcours en entier avec Laval. Il s’agit donc d’une nouvelle réalité avec laquelle doit vivre le colosse de 6 pieds 3 pouces et 298 livres. 

Guillaume Rioux, Vincent Plante et Pierre Lavertu« La grosse différence dans la LCF, c’est la parité. Chaque semaine, n’importe qui peut gagner et l’équipe qui est la plus préparée a réellement la meilleure chance de l’emporter. » 

Lavertu doit également s’habituer au fait de regarder la majorité de l’action à partir des lignes de côté et non au beau milieu de la ligne offensive. Un rôle totalement différent, mais avec lequel la recrue est très confortable. 

« En ce moment, j’ai probablement l’un des meilleurs centres au pays devant moi en Brett Jones, donc j’essaye d’apprendre le plus de lui. Je prends le rôle qu’il me donne. Chaque semaine, je m’entraîne et je me prépare comme si j’allais être partant, comme ça si une semaine, les coachs décident de me mettre sur le terrain je sais que je vais être prêt. » 

Le joueur natif de Québec a tout de même été en mesure de contribuer au succès de son équipe. Il a obtenu le rôle de partant à deux reprises cette saison et a fréquemment eu à remplacer des coéquipiers en raison de blessures. 

« On ne sait jamais ce qui peut arriver, surtout que chaque semaine, on habille seulement six joueurs de ligne offensive. Moindrement qu’un joueur se blesse, c’est moi qui embarque. C’est arrivé quelques fois cette saison que je n’étais pas partant, mais que finalement j’ai joué plus que la moitié de la partie. » 

Outre son talent et son leadership, le fait qu’il n’ait jamais raté un match de saison régulière avec le Rouge et Or a probablement suscité l’intérêt des recruteurs des Stampeders. Un joueur de ligne offensive qui n’est victime d’aucune blessure en quatre ans relève presque d’un miracle.

Cette saison, la réalité l’a rattrapé et il a dû rater deux rencontres en raison d’une blessure. Préférant ne pas révéler la nature de celle-ci à l’approche d’un match éliminatoire, Lavertu a insisté sur le fait que « ce n’est pas des choses que tu contrôles et que j’ai été chanceux que ça ne m’arrive pas plus souvent. » 

Ses débuts éliminatoires... dans la LCF

Si Lavertu possède énormément d’expérience en éliminatoires avec le Rouge et Or, il subira son baptême au sein de la LCF, dimanche. 

Son équipe affrontera les Eskimos d’Edmonton pour la quatrième fois de la saison et nul besoin de mentionner que ce match opposant deux équipes de l’Alberta devrait offrir un spectacle enlevant. 

« C’est la bataille de l’Alberta, donc on sait qu’il va y avoir beaucoup d’intensité. Ils ont une grosse équipe et ça va être une partie intense. Je devrais avoir du temps de jeu en fin de semaine, je ne sais juste pas combien, mais moi il n’y a pas de différence dans ma préparation. » 

En raison de leur premier rang dans l’Association Ouest, les Stampeders ont eu droit à une semaine de congé, terme que Lavertu s’est empressé de corriger pour «work week». 

Cette semaine de travail a donc été bénéfique pour recharger les batteries. Les joueurs ont tout de même pratiqué à trois reprises et sont prêts pour leur plus gros affrontement de la saison. 

« C’est certain que ça fait deux semaines qu’on n’a pas vu d’action, mais ça nous a donné l’occasion de guérir quelques petits bobos qu’on trainaît depuis le début de la saison. C’est vraiment ça l’avantage de la "work week". » 

Pierre LavertuParti au bon moment?

Cette année, le Rouge et Or de l’Université Laval a subi deux défaites en trois semaines contre les Carabins, pour leur permettre de mettre la main sur la première Coupe Dunsmore de leur histoire. 

Après la défaite de son ancienne organisation, Lavertu a téléphoné à quelques anciens coéquipiers pour « savoir comment ils se sentaient ». 

Plus que jamais, la parité a été un sujet d’actualité au sein du football universitaire québécois cette année. Plusieurs croient que le Rouge et Or est tout simplement trop fort et que cette domination est malsaine pour le football québécois. 

De son côté, Lavertu croit qu’il s’agit plutôt que d’une question de détails et de performer aux moments opportuns.

« D’année en année, malgré que Laval gagnait souvent la Coupe Vanier, les Carabins ont réussi à soutirer des victoires au Rouge et Or. La parité était déjà présente, mais c’est juste que Laval réussissait toujours à l’emporter pendant les grosses parties. »