Amateurs de football, je vous propose un survol des sujets d’actualité qui ont attiré mon attention dans l'entourage des Alouettes ainsi qu’ailleurs dans la LCF et la NFL.

1. Le match le plus excitant de la saison

Les Alouettes de Montréal ont signé une extraordinaire victoire de 40-34 en double prolongation dans un match complètement fou contre les Stampeders de Calgary samedi.

On a eu de tout dans ce match-là.

Le match de l'année en faveur des Alouettes

Il y a d’abord eu une bagarre d’avant-match, ce qui n’a pas sa place dans le sport professionnel. Si on est tous honnêtes, il faut cependant admettre que ça ajoute du piquant et que ça amène un niveau d’intensité et d’engouement pour le match qu’on voit rarement.

Il y a eu plusieurs changements d’avance. Chaque équipe avait le momentum pendant 10-15 minutes, puis le vent tournait. On sentait vraiment qu’une équipe prenait le contrôle et que l’autre le saisissait à son tour, en alternant constamment.

Il y a eu plusieurs jeux explosifs des deux côtés du ballon, comme la longue course en début de match de Jeremiah Johnson ou le long gain de 58 verges de DeVier Posey chez les Moineaux, et même chez les Stamps avec les longs touchés de Reggie Begelton.

Il y a aussi eu de la controverse sur quelques décisions des officiels qui ont animé le débat autour du match.

On a eu des performances individuelles exceptionnelles, comme celles de Posey et Begelton avec quatre touchés au cumulatif, en plus de celle de Vernon Adams, qui a été nommé parmi les joueurs de la semaine en raison de ses 389 verges accumulées par la voie des airs.

Enfin, la partie a nécessité une double prolongation pour déterminer le gagnant.

Bref, ç’a été le match le plus excitant cette saison dans la Ligue canadienne de football. Les Alouettes ont souvent été impliqués dans des matchs enlevants depuis le début de la saison et c’est ce que je retiens de tout ça. En 2019, c’est le fun de regarder les Alouettes jouer et ç’a été le cas à Calgary en fin de semaine dans la victoire.

2. Des décisions controversées

Revenons à la controverse mentionnée précédemment. Il y a eu plusieurs décisions douteuses de la part des officiels samedi. Que ce soit sur des pénalités pour avoir rudoyé le quart-arrière, sur des attrapés jugés bons ou non ou sur des touchés accordés ou non. Cela nous a rendus un peu incrédules. Je comprends l’entraîneur-chef des Stampeders Dave Dickenson d’avoir été aussi fâché. Il a dû se retenir dans ses commentaires afin de ne pas être mis à l’amende par la ligue.

L’arbitrage fait toujours jaser, autant dans la LCF que dans la NFL ou même dans l’ensemble des sports, et cette année ne fait pas exception. Cette année a été difficile pour les arbitres et on l’a particulièrement vu sur le touché de Vernon Adams en fin de partie, en prolongation. J’étais content pour les Alouettes, je ne cacherai pas que c’est l’une des équipes pour lesquelles je prends, mais je n’ai jamais vu une décision comme celle-là. Sur la faufilade du quart, ce n’était pas évident de voir où le ballon était rendu à travers une grosse mêlée. Habituellement, les officiels signalent assez vite lorsqu’un touché est bon ou non, et cette fois, ç’a pris près de 20 longues secondes pour se décider et on a même dû tasser tous les joueurs de la mêlée pour repérer le ballon. Cela a pu permettre à Adams de bouger, de s’avancer ou de passer le ballon par-dessus la ligne d’engagement.

Après ça, on était visiblement frustrés chez les Stampeders parce qu’on ne peut pas aller à la révision vidéo sur un jeu comme ça : on ne pourra jamais renverser la décision parce qu’on n’aura jamais de visuel hors de tout doute raisonnable. C’est le gros jeu sur lequel je me questionne. Idem pour le « non-touché » d'Eric Rogers, qui était tellement proche. Ça aurait pu aller d’un côté comme de l’autre.

C’est toujours difficile d’avoir le fin mot de l’histoire de la façon que le centre de commande travaille depuis le début de l’année. L’Alliance of American Football League a décidé d’installer une caméra dans le centre de commande pour voir et entendre ce dont les gens discutent, bref pour suivre leur processus décisionnel et les explications qu’ils donnent dans un esprit de transparence. Ainsi, tu comprends mieux ce qui se passe, alors que dans le format actuel ici, plusieurs questions demeurent. On est un peu en attente que le bon dieu qu’on ne voit pas et qu’on ne connaît pas se prononce, et puis soudainement, on a la réponse sans avoir de justification complète. Il y a peut-être des désavantages à appliquer l’idée de l’AAF, mais je ne détesterais pas qu’on l’emploie ici. À l’heure actuelle, je pense que ce serait plaisant d’avoir un peu de transparence de la part de la LCF.

3. Du changement à Ottawa

Selon toute vraisemblance, on a décidé à Ottawa de procéder à un changement de sélectionneur de jeux en attaque, avec confirmation à suivre.

Le Rouge et Noir est une équipe qui ne va vraiment pas bien. C’est une équipe qui a beaucoup de difficultés, ayant seulement remporté un match à ses sept dernières sorties. Ils ont produit seulement 175 points en attaque, ce qui fait en moyenne 19,4 points par rencontre, et c’est le deuxième plus bas total cette année dans la LCF après Toronto. Dans la LCF, ce n’est pas suffisant pour te permettre de remporter des matchs, à moins de compter sur une défense exceptionnelle, ce qui n’est pas le cas à Ottawa.

Leur seule victoire au cours de cette mauvaise séquence est survenue aux dépens des Alouettes. Ce n’est même pas l’attaque qui leur a permis de gagner, mais bien les unités spéciales grâce à deux longs retours pour des touchés et des longs placements de Lewis Ward, sinon ils auraient perdu.

Winston October, un ancien des Alouettes, a pris la relève comme sélectionneur de jeu quand Jaime Elizondo est parti dans la XFL pour rejoindre Marc Trestman juste avant le camp d’entraînement. October est donc arrivé très tardivement dans le processus et ça ne fonctionne clairement pas. En entrevue, on a senti que l’entraîneur-chef Rick Campbell n’était vraiment pas satisfait et qu’il était prêt à faire beaucoup de changements pour relancer ses troupes, et il n’a pas le choix étant donné leur fiche de 3-6. Selon lui, son équipe ne progresse pas; son quart Dominique Davis ne progresse pas tout comme le reste de son attaque, donc des changements s’imposent.

C’est là que Joe Paopao entre en jeu, cet ancien joueur et entraîneur dans la ligue qui est revenu cette année après un passage dans le circuit universitaire canadien. Il est revenu seconder pour le Rouge et Noir et ce sera probablement lui qui va devenir sélectionneur de jeu. On tente des choses et on bouge des morceaux pour essayer de faire fonctionner la formation ottavienne, mais on n’a pas les mêmes joueurs ni les mêmes entraîneurs qu’on avait l’année dernière, donc c’est une saison très difficile pour le Rouge et Noir.

4. La perte de Nichols à Winnipeg, une catastrophe ou pas?

La meilleure équipe de la LCF dans l’Ouest jusqu’à présent sont les Blue Bombers de Winnipeg avec un dossier de 7 victoires et 2 revers.

Leur quart-arrière Matt Nichols s’est toutefois blessé lors du dernier match et son nom a été placé sur la liste des blessés pour six semaines, ce qui veut dire qu’il devrait rater au moins les quatre ou cinq prochaines rencontres.

En temps normal, on dirait qu’il s’agit d’une catastrophe pour une équipe de perdre son quart partant, mais depuis le début de sa carrière, Nichols n’a jamais eu le respect qui lui revient malgré le fait qu’il présente un dossier de 45-28 comme partant, ce qui est quand même assez bien, et malgré le fait qu’il a un ratio de passes de touché de 107 contre 59 interceptions ,ce qui est également très bien. On a toujours considéré qu’il était un gestionnaire de match et qu’on gagnait en dépit de lui.

Le joueur le plus populaire dans le stade, c’est toujours le quart substitut, Chris Streveler. Pour plusieurs, Streveler est le meilleur substitut de la ligue : tout le monde veut l’avoir, tout le monde veut le voir. Certaines équipes ont essayé d’obtenir ses services au cours de la saison-morte. On croit beaucoup en lui avec le petit échantillonnage qu’on a eu de lui depuis le début de sa carrière dans la LCF. Eh bien les partisans des Bombers qui critiquent Nichols depuis longtemps verront leur vœu être exaucé car Streveler sera désormais le partant. On aura la chance de voir ce qu’il est capable de faire. C’est un athlète extraordinaire et un bon quart, mais je pense que les gens vont rapidement s’ennuyer de Matt Nichols car pour moi, c’est un quart d’expérience qui joue bien dans le système et qui fait ce qu’il doit faire pour que son équipe gagne. Il n’y a pas pour moi de statistique plus importante que le ratio victoires-défaites, et Nichols a prouvé depuis le début de sa carrière et particulièrement depuis le début de la saison qu’on peut compter sur lui chez les Blue Bombers.

5. Une autre malchance pour les Chargers

Je n’accorde jamais beaucoup d’importance aux matchs préparatoires dans la NFL, comme beaucoup d’entraîneurs d’ailleurs.

L’an passé, Sean McVay n’avait fait jouer aucun de ses joueurs partants durant tout le calendrier préparatoire et ses Rams s’étaient éventuellement rendus au Super Bowl.

On voit de plus en plus de clubs faire ça. Il y a beaucoup de matchs préparatoires, le camp d’entraînement est long et dur. Surtout dans le cas de joueurs qui reviennent de blessures, on fait beaucoup plus attention qu’avant car on investit des millions dans ces joueurs-là. On n’ose pas trop les envoyer sur le terrain par crainte de blessures, mais malgré ça, elles sont quand même inévitables car le camp est long et il y a aussi des pratiques en plus des matchs.

Différentes blessures sont survenues depuis le début du camp, mais celle qui me déçoit le plus et qui est vraiment malheureuse, c’est celle de Derwin James, des Chargers de Los Angeles. Il s’est fracturé un pied lors d’une pratique et devra être opéré, donc il sera absent de trois à quatre mois.

L’an passé, il a été la première recrue à avoir cumulé plus de 100 plaqués dans l’histoire des Chargers, et il ajouté trois sacs et demi et trois interceptions. C’est un gars qui est capable de tout faire sur un terrain de football et c’est pour moi un des plus le fun à regarder défensivement parce qu’il peut jouer dans la boîte pour appliquer de la pression ou encore en couverture pour réaliser des interceptions. Il est vraiment incroyable. Il est arrivé sur la scène et est devenu All-Pro à sa première année. Il a dit qu’il était le meilleur athlète au repêchage de l’an dernier et après l’avoir vu à sa saison recrue, on peut s’imaginer qu’il avait raison.

Cette blessure s’ajoute donc à une longue liste de problèmes du côté des Chargers. Le bloqueur Russell Okung ne peut s’entraîner en raison d’une embolie pulmonaire, leur porteur no 1 Melvin Gordon est au cœur d’une dispute contractuelle, puis Keenan Allen a des problèmes de chevilles et de genoux. C’est vraiment dommage car les Chargers sont équipe qui aspire aux grands honneurs, mais la fenêtre de Philip Rivers rétrécit avec le temps. On possède probablement l’une des meilleures défenses du circuit, mais pas avec toutes ces blessures qui s’additionnent. On dirait qu’il y a une guigne qui s’acharne sur eux, que ce soit des botteurs qui ratent des placements pour perdre 3-4 matchs dans une année ou encore des blessures comme l’an passé avec Joey Bosa ou Hunter Henry. On dirait que chaque année, il y a des choses majeures qui se passent dans cette équipe qui font en sorte qu’ils ne sont pas capables d’atteindre leur plein potentiel. On espère que Derwin James va revenir à temps et qu’ils vont faire les éliminatoires pour pouvoir le voir en fin de saison, mais ça risque d’être difficile pour les Chargers. 

 

* Propos recueillis par Audrey Roy