Le plafond salarial a prouvé son efficacité
Football mardi, 21 sept. 2004. 20:08 vendredi, 13 déc. 2024. 12:28
Semaine de repos pour nous, semaine au cours de laquelle j'ai notamment eu la chance de me rendre à mon ancienne université, Mount Allison, pour être honoré par l'équipe de football de l'institution, les Mounties.
À ma grande surprise, j'ai été admis au Temple de la renommée de l'université, ce que j'ai su à la toute dernière minute. Détail plutôt flatteur, j'ai été le premier joueur de football de l'histoire des Mounties à être accueilli au Temple de la renommée.
Mount Allison, ce n'est pas vraiment "glamour". Mais si j'ai opté pour cette petite université, située à Sackville, au Nouveau-Brunswick, c'est premièrement pour apprendre l'anglais. Quand j'ai quitté mon Saguenay natal, je ne parlais pas un traître mot d'anglais et je n'avais pas l'impression que j'apprendrais la langue de Shakespeare en allant à McGill ou Concordia. J'ai cru bon m'exiler dans un milieu anglais où le français était quand même présent (mon entraîneur était Marc Loranger), ce qui a facilité mon apprentissage et mon intégration.
Quand je me suis rendu à l'université pour m'inscrire, j'ai dû amener quelqu'un avec moi parce que je ne parlais pas anglais. On m'avait d'ailleurs demandé mon "middle name" pour ma fiche d'inscription. Moi, je croyais qu'on me parlait de mon surnom. J'ai donc écrit "Rick". Donc pendant mon passage à l'université, mon nom fut Éric Rick Lapointe.
Ça m'a pris une bonne session pour devenir à l'aise en anglais. En novembre, j'ai été élu recrue de l'année au Canada. Lors du gala annuel à Toronto, les journalistes de TSN sont venus me voir et je n'ai rien pu leur dire. Donc, tous les journalistes qui voulaient me parler sont partis! Devant les journalistes, je n'avais pas de vocabulaire. J'en avais toutefois dans les bars après avoir bu quelques bières!
J'ai encore la chance de suivre les activités du circuit universitaire québécois. Je vais souvent voir des matchs des Stingers ou des Carabins. C'était toutefois la première fois que j'avais la chance de retourner voir un match des Mounties, qui ont malheureusement perdu.
Touche pas à mon record!
Les gens qui suivent assidûment les activités de la ligue universitaire sont probablement au courant que mon record pour le plus grand nombre de verges au sol en une saison (1619) est menacé par un porteur de ballon des Marauders de McMaster, Jesse Lumsden. En trois matchs, ce dernier, un étudiant-athlète de quatrième année, a déjà amassé 804 verges au sol et marqué 10 touchés. Il devance son plus proche rival par 360 verges et il maintient une moyenne de 13.18 verges par course. Difficile de faire mieux.
Je l'ai vu jouer à quelques reprises et je peux dire qu'il est tout un porteur. Il est très gros et il court très vite. Tout record est fait pour être battu et c'est toujours plaisant de voir son record être battu par un joueur aussi talentueux.
Plus de hockey
Depuis une semaine de hockey, la Ligue nationale vit un lock-out. À mon humble avis, dans la région de la métropole, les gens devraient se tourner plus vers le football que le hockey en raison de l'abondance d'équipes de football et la rareté l'équipes de hockey. Ailleurs au Québec, je crois que les gens vont s'intéresser plus au hockey, surtout à la LHJMQ et à la LNAH.
En plus de regarder plus de matchs de football à la télé, je crois que les gens vont avoir plus de discussions à propos du football. Quand le Canadien va mal, les gens parlent plus de nous. Quand le Canadien va bien, les gens parlent du Canadien et moins de nous. Moi et mes coéquipiers le sentons.
Selon moi, pour tenter de tirer profit du conflit dans la Ligue nationale, les dirigeants de la Ligue canadienne devraient redoubler d'ardeur au niveau du marketing (en fait, la ligue devrait travailler sur le marketing même s'il n'y a pas de lock-out dans la LNH). C'est un très bon produit, les gens l'aiment, mais encore trop de gens voient la LCF comme une deuxième NFL. Pourtant, le football joué ici est complètement différent. Leurs athlètes ne pourraient évoluer ici comme les nôtres ne peuvent jouer là-bas. Les Américains jouent plus un jeu de contact. Dans la LCF, nous préconisons plus la vitesse. C'est comme le hockey européen vs le hockey nord-américain.
Personnellement, le conflit dans la LNH est une mauvaise nouvelle en soi parce que ce sont les amateurs qui sont les premiers pénalisés. Ces problèmes auraient dû être réglés auparavant mais ça n'a pas été fait. On dirait qu'on attend toujours l'orage avant de régler les problèmes. Comme le dit si bien le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir.
La Ligue canadienne de football a vécu une situation similaire il y a quelques années avec l'expansion aux États-Unis, un projet qui a été mené "tout croche". La ligue a perdu beaucoup de crédibilité et ce sont les joueurs qui paient encore la note, les salaires étant de beaucoup inférieurs à ceux offerts au début des années 1990. On se demande encore combien de temps ça prendra pour retrouver les salaires d'il y a 15 ans.
D'un oeil extérieur, il est difficile de porter un jugement éclairé sur la situation dans la Ligue nationale. Tous peuvent émettre leur opinion, mais être sûr de ce que l'on avance, c'est une autre paire de manches. Je ne suis pas au courant des états financiers des équipes. Les propriétaires disent qu'ils perdent de l'argent. Les joueurs prétendent le contraire. Qui croire? Quels sont les vrais chiffres?
La ligue ne va déjà pas bien. Si un arrêt de travail se prolonge, des équipes dont la santé financière est précaire risquent de disparaître et d'autres problèmes pourraient surgir. À quoi bon pour les joueurs s'entêter à ne pas vouloir un plafond salarial si ça fait disparaître certaines équipes ? Les joueurs se retrouveraient dans une situation où il y aurait moins d'emplois disponibles. Cette vision à court terme ne mènera à rien de bon.
Les deux parties doivent mettre de l'eau dans leur vin, je ne suis pas le premier à le dire. Il faut trouver une entente juste. Mais je me questionne à savoir si vraiment on saura la vérité.
La formule du plafond salarial a déjà prouvé son efficacité. La NFL est un très bon exemple, le plafond salarial a vraiment fait du bien à cette ligue. Idem pour la NBA, une autre ligue qui a connu une forte progression. De l'autre côté, nous avons une LNH malade. Si on part du fait que le hockey ne va pas bien du tout, il doit y avoir quelque chose qui cloche à quelque part.
Honnêtement, j'ai regardé plusieurs parties des séries éliminatoires ennuyantes en raison de l'ambiance qui régnait dans l'aréna. On voyait que les gens n'embarquaient pas du tout. J'ai hâte de revoir des matchs où on sent cette excitation comme dans le temps des séries Canadien-Flyers, Canadien-Boston... on sentait que le hockey était important pour les Américains. Plus maintenant.
Quelqu'un devra prendre le blâme pour la situation actuelle au hockey... parce que ce sport, aussi beau qu'il soit, s'en va "chez le diable".
*propos recueillis par le RDS.ca
À ma grande surprise, j'ai été admis au Temple de la renommée de l'université, ce que j'ai su à la toute dernière minute. Détail plutôt flatteur, j'ai été le premier joueur de football de l'histoire des Mounties à être accueilli au Temple de la renommée.
Mount Allison, ce n'est pas vraiment "glamour". Mais si j'ai opté pour cette petite université, située à Sackville, au Nouveau-Brunswick, c'est premièrement pour apprendre l'anglais. Quand j'ai quitté mon Saguenay natal, je ne parlais pas un traître mot d'anglais et je n'avais pas l'impression que j'apprendrais la langue de Shakespeare en allant à McGill ou Concordia. J'ai cru bon m'exiler dans un milieu anglais où le français était quand même présent (mon entraîneur était Marc Loranger), ce qui a facilité mon apprentissage et mon intégration.
Quand je me suis rendu à l'université pour m'inscrire, j'ai dû amener quelqu'un avec moi parce que je ne parlais pas anglais. On m'avait d'ailleurs demandé mon "middle name" pour ma fiche d'inscription. Moi, je croyais qu'on me parlait de mon surnom. J'ai donc écrit "Rick". Donc pendant mon passage à l'université, mon nom fut Éric Rick Lapointe.
Ça m'a pris une bonne session pour devenir à l'aise en anglais. En novembre, j'ai été élu recrue de l'année au Canada. Lors du gala annuel à Toronto, les journalistes de TSN sont venus me voir et je n'ai rien pu leur dire. Donc, tous les journalistes qui voulaient me parler sont partis! Devant les journalistes, je n'avais pas de vocabulaire. J'en avais toutefois dans les bars après avoir bu quelques bières!
J'ai encore la chance de suivre les activités du circuit universitaire québécois. Je vais souvent voir des matchs des Stingers ou des Carabins. C'était toutefois la première fois que j'avais la chance de retourner voir un match des Mounties, qui ont malheureusement perdu.
Touche pas à mon record!
Les gens qui suivent assidûment les activités de la ligue universitaire sont probablement au courant que mon record pour le plus grand nombre de verges au sol en une saison (1619) est menacé par un porteur de ballon des Marauders de McMaster, Jesse Lumsden. En trois matchs, ce dernier, un étudiant-athlète de quatrième année, a déjà amassé 804 verges au sol et marqué 10 touchés. Il devance son plus proche rival par 360 verges et il maintient une moyenne de 13.18 verges par course. Difficile de faire mieux.
Je l'ai vu jouer à quelques reprises et je peux dire qu'il est tout un porteur. Il est très gros et il court très vite. Tout record est fait pour être battu et c'est toujours plaisant de voir son record être battu par un joueur aussi talentueux.
Plus de hockey
Depuis une semaine de hockey, la Ligue nationale vit un lock-out. À mon humble avis, dans la région de la métropole, les gens devraient se tourner plus vers le football que le hockey en raison de l'abondance d'équipes de football et la rareté l'équipes de hockey. Ailleurs au Québec, je crois que les gens vont s'intéresser plus au hockey, surtout à la LHJMQ et à la LNAH.
En plus de regarder plus de matchs de football à la télé, je crois que les gens vont avoir plus de discussions à propos du football. Quand le Canadien va mal, les gens parlent plus de nous. Quand le Canadien va bien, les gens parlent du Canadien et moins de nous. Moi et mes coéquipiers le sentons.
Selon moi, pour tenter de tirer profit du conflit dans la Ligue nationale, les dirigeants de la Ligue canadienne devraient redoubler d'ardeur au niveau du marketing (en fait, la ligue devrait travailler sur le marketing même s'il n'y a pas de lock-out dans la LNH). C'est un très bon produit, les gens l'aiment, mais encore trop de gens voient la LCF comme une deuxième NFL. Pourtant, le football joué ici est complètement différent. Leurs athlètes ne pourraient évoluer ici comme les nôtres ne peuvent jouer là-bas. Les Américains jouent plus un jeu de contact. Dans la LCF, nous préconisons plus la vitesse. C'est comme le hockey européen vs le hockey nord-américain.
Personnellement, le conflit dans la LNH est une mauvaise nouvelle en soi parce que ce sont les amateurs qui sont les premiers pénalisés. Ces problèmes auraient dû être réglés auparavant mais ça n'a pas été fait. On dirait qu'on attend toujours l'orage avant de régler les problèmes. Comme le dit si bien le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir.
La Ligue canadienne de football a vécu une situation similaire il y a quelques années avec l'expansion aux États-Unis, un projet qui a été mené "tout croche". La ligue a perdu beaucoup de crédibilité et ce sont les joueurs qui paient encore la note, les salaires étant de beaucoup inférieurs à ceux offerts au début des années 1990. On se demande encore combien de temps ça prendra pour retrouver les salaires d'il y a 15 ans.
D'un oeil extérieur, il est difficile de porter un jugement éclairé sur la situation dans la Ligue nationale. Tous peuvent émettre leur opinion, mais être sûr de ce que l'on avance, c'est une autre paire de manches. Je ne suis pas au courant des états financiers des équipes. Les propriétaires disent qu'ils perdent de l'argent. Les joueurs prétendent le contraire. Qui croire? Quels sont les vrais chiffres?
La ligue ne va déjà pas bien. Si un arrêt de travail se prolonge, des équipes dont la santé financière est précaire risquent de disparaître et d'autres problèmes pourraient surgir. À quoi bon pour les joueurs s'entêter à ne pas vouloir un plafond salarial si ça fait disparaître certaines équipes ? Les joueurs se retrouveraient dans une situation où il y aurait moins d'emplois disponibles. Cette vision à court terme ne mènera à rien de bon.
Les deux parties doivent mettre de l'eau dans leur vin, je ne suis pas le premier à le dire. Il faut trouver une entente juste. Mais je me questionne à savoir si vraiment on saura la vérité.
La formule du plafond salarial a déjà prouvé son efficacité. La NFL est un très bon exemple, le plafond salarial a vraiment fait du bien à cette ligue. Idem pour la NBA, une autre ligue qui a connu une forte progression. De l'autre côté, nous avons une LNH malade. Si on part du fait que le hockey ne va pas bien du tout, il doit y avoir quelque chose qui cloche à quelque part.
Honnêtement, j'ai regardé plusieurs parties des séries éliminatoires ennuyantes en raison de l'ambiance qui régnait dans l'aréna. On voyait que les gens n'embarquaient pas du tout. J'ai hâte de revoir des matchs où on sent cette excitation comme dans le temps des séries Canadien-Flyers, Canadien-Boston... on sentait que le hockey était important pour les Américains. Plus maintenant.
Quelqu'un devra prendre le blâme pour la situation actuelle au hockey... parce que ce sport, aussi beau qu'il soit, s'en va "chez le diable".
*propos recueillis par le RDS.ca