Les Alouettes ne faisaient plus peur
Football lundi, 14 nov. 2011. 20:24 jeudi, 12 déc. 2024. 21:40
C'est inévitable, on doit absolument évoquer le vieux diction selon lequel la défensive gagne des championnats.
Au cours des dernières années, la défensive des Alouettes avait parfois connu des ennuis en fin de saison, mais elle avait été en mesure de se ressaisir pour gagner la coupe Grey. Cependant, force est d'admettre que ce ne fut pas le cas dimanche et tout s'est écroulé pour la défensive depuis l'effondrement du quatrième quart face aux Blue Bombers de Winnipeg le 22 octobre.
Les Alouettes avaient alors échappé une avance de 15 points dans une défaite de 26-25 et ils ont aussi perdu leurs trois matchs suivants.
Vous me connaissez, je me suis préparé des statistiques pour illustrer le fait que la défensive gagne des championnats. Après le match contre Winnipeg, les Alouettes ont accordé 32 points aux Stampeders sans réussir un seul sac du quart en plus d'allouer 151 verges par la course. Le scénario s'est répété contre les Lions qui ont amassé 43 points sans concéder de sac et en courant pour 185 verges. Quant à dimanche, les Alouettes ont accordé 52 points, 161 verges par la course tout en étant incapables d'obtenir un sac. J'ai fait l'addition pour vous, les Alouettes ont consenti 129 points, n'ont pas arraché un seul petit sac et ils ont accordé 500 verges par la course. Ok, j'exagère, j'arrondis car ils ont plutôt donné 497 verges au sol
C'est certain que les membres de l'unité offensive des Alouettes vont dire qu'ils auraient dû marquer 53 points et c'est bien de le dire, mais 44 points devraient suffire pour l'emporter. Il ne faut pas chercher bien loin pour expliquer cette défaite.
Ce qui est frustrant pour la défensive, c'est qu'elle a encore alloué de longs jeux comme les touchés de 46 et 50 verges. De plus, la brigade défensive n'est jamais parvenue à réussir le gros jeu quand ça comptait et elle n'empêchait jamais les Tiger-Cats de répliquer.
Même quand le quart Kevin Glenn s'est blessé, son remplaçant Quinton Porter s'est amené dans la mêlée et il a complété ses deux passes pour 34 verges. Hamilton a continué sur sa lancée en prolongation en obtenant le touché et le converti de deux points sans problème!
Le sujet est assez documenté, la défensive montréalaise était grandement affectée par les blessures. L'absence du secondeur Ramon Guzman faisait en sorte que six partants étaient absents pour cette rencontre cruciale.
Je dois cependant ajouter un bémol car il y a une chose qu'il ne faut pas perdre de vue. Les Tiger-Cats ont nettement remporté la bataille du positionnement sur le terrain ce qui complique la tâche d'une défensive.
À ce sujet, les amateurs se demandent peut-être comment Calvillo a pu obtenir 513 verges par la passe et 44 points comparativement à une récolte de 275 verges de Glenn qui a mené à 52 points? La réponse est simple, les Tiger-Cats ont très souvent travaillé sur un demi-terrain et ce n'est pas évident pour une unité.
Je songe immédiatement à l'échappé de Calvillo permettant à l'adversaire de reprendre le ballon à la ligne de 23 des Alouettes et le retour d'interception de Jamall Johnson plaçant Hamilton à la ligne de quatre des Moineaux.
En fait, sur les 16 séquences offensives des Tiger-Cats, ils en ont amorcé cinq dans le territoire des Alouettes et deux à leur ligne de 47. Ils ont donc entamé près de la moitié des possessions en excellente position ce qui n'est pas négligeable.
De plus, les Tiger-Cats ont commencé quatre de leurs cinq dernières séquences à un endroit favorable soit trois fois dans le territoire des Alouettes et l'autre fois à leur 47. Pendant ce temps, les Alouettes amassaient des points, mais les Tiger-Cats répliquaient et c'est venu jouer un rôle majeur! Il ne faut pas jeter tout le blâme sur la défensive.
La semaine dernière, je disais que les Alouettes devaient éviter de concéder des gros jeux parce que je ne croyais pas que les Tiger-Cats pouvaient traverser le terrain de façon constante. Et bien, ils n'ont pas eu à le faire.
Ah oui, les Tiger-Cats ont ajouté près de 300 verges sur des retours de botté et 75 verges sur un retour d'interception. On parle ainsi de près de 400 verges de plus! On ne parle jamais de ces verges car on se concentre sur celles aériennes et celles par la course, mais c'est important et ça fait toute la différence.
Le travail de l'attaque montréalaise
Du côté de l'attaque, les Alouettes devaient éviter de se retrouver en situation de deuxième essai et une longue distance à franchir. Les Stampeders et les Lions avaient trouvé une façon de les contenir dans ce contexte. Puisque Calvillo n'est pas très mobile, ils doublaient les demis insérés (Jamel Richardson et S.J. Green) et on lui enlevait aussi son dépanneur, Brandon Whitaker.
Malheureusement, ces ennuis ont encore fait mal aux Alouettes et particulièrement en première demie. D'ailleurs, j'ai identifié trois jeux pour expliquer ces déboires. Sur un deuxième essai et huit verges à franchir, les Tiger-Cats ont réussi un sac du quart. Sur un deuxième essai et 10, Calvillo a commis un échappé et sur un deuxième essai et 23, il a été victime d'une interception. Cette interception de Jamall Johnson a mené à sept points pour un total de 10 sur les deux revirements. De leur côté, les Alouettes n'ont pas capitalisé sur un revirement. Je vous rappelle que les Alouettes ont perdu par huit points alors ces 10 points ont joué dans l'équation.
Les Alouettes ont aussi manqué d'opportunisme dans la zone payante en devant se contenter de placements de neuf et 26 verges. Encore là, les Alouettes ont perdu huit points en ne pouvant pas inscrire des touchés.
En première demie, on a constaté que Hamilton avait eu beaucoup de temps pour se préparer pour cette confrontation. J'en avais glissé un mot dans ma dernière chronique parce que je redoutais cet aspect énigmatique des Tiger-Cats. Les hommes de Marcel Bellefeuille ont profité de la situation en déployant des choses jamais vues par les Alouettes et je pense notamment aux deux sacs du quart en première avec des blitz des demis défensifs.
J'ouvre une parenthèse que j'ai abordée durant la partie et j'espère que la LCF va remédier à cela. Lors du dernier week-end du calendrier régulier, les Tiger-Cats jouaient tout près de la maison à Toronto jeudi soir alors que les Alouettes devaient jouer à Vancouver le samedi soir. Je sais qu'il existe des contraintes pour élaborer les calendriers, mais ça devrait être évident que l'Est joue contre l'Est et l'Ouest contre l'Ouest pour la conclusion du calendrier et tous les matchs doivent être disputés la même journée.
En deuxième demie, la ligne à l'attaque des Alouettes a pris le dessus et c'est ce que ça prenait. En première demie, les receveurs des Alouettes étaient tout feu tout flamme en attrapant tous les ballons et ils se démarquaient très souvent. Je me disais que si les Alouettes avaient le temps de lancer le ballon, la jeune tertiaire des Tiger-Cats ne pourrait pas tenir le coup.
C'est ce que nous avons vu par la suite et nous avons assisté à un festival offensif. C'était vraiment le fun de voir cela et cinq receveurs ont terminé leur rencontre avec plus de 80 verges. Tout ça a mené à quatrième quart fou avec cinq touchés et un total de 38 points.
On avait reproché aux Alouettes la façon dont ils ont perdu leurs derniers matchs, mais cette fois, ils ont combattu. Ça n'allait pas bien alors qu'ils perdaient 26-16 à la maison à la mi-temps, mais ils sont revenus de l'arrière alors qu'ils auraient pu s'écraser. Je respecte cela et je suis content d'avoir vu cela. Tu ne peux pas tout gagner dans le sport professionnel, mais j'ai aimé leur désir de vaincre.
Que penser du dernier jeu?
Bien sûr, il faut revenir sur le dernier jeu qui a mis fin au parcours des Alouettes. Il s'agissait d'un troisième essai et deux verges. Whitaker a affiché une excellente moyenne de 5,3 verges par course durant ce match. J'aurais tendance à demander pourquoi les Alouettes n'ont pas opté pour une course. C'est l'ancien joueur de ligne offensive en moi qui parle car on veut avoir la chance de faire la différence sans oublier que les Alouettes misent sur le meilleur porteur de ballon de la ligue.
Je suis allé fouiller dans les autres situations de courts gains et les Alouettes avaient été cinq en cinq en ayant recours à Whitaker chaque fois. Voici le décompte : sur un deuxième essai et trois, il a couru pour cinq verges. Sur un deuxième essai et quatre, il a capté une passe pour 11 verges. Sur un premier essai et deux, il a couru pour deux verges (un touché). Sur un deuxième essai et deux, il a ajouté une course de neuf verges et sur un deuxième essai et 3, il a réussi un attrapé de neuf verges. Je n'étais pas surpris qu'on l'utilise encore et c'était une belle variation d'y aller avec une troisième passe sur six jeux.
Malheureusement, il a échappé le ballon et c'est décevant parce qu'il avait bien fait pendant tout le match et la passe était à sa portée. Par contre, j'étais un peu moins d'accord avec le fait de déployer une formation sans porteur de ballon. Hamilton savait qu'une passe s'en venait et Calvillo ne risquait pas de courir. Tout de même, le jeu était bon et c'est l'exécution qui a fait défaut.
Personnellement, j'aurais gardé la menace de jeu au sol avec un porteur même si tu prévois opter pour une passe. De plus, Whitaker semblait s'être blessé à une jambe sur le jeu précédent et il avait eu besoin de temps pour se relever. Est-ce qu'il aurait dû quitter le terrain? Tout de même, j'admire beaucoup son courage et j'ai adoré sa saison. C'est dommage que ça se termine ainsi. Il est un jeune porteur qui disputait son premier match éliminatoire et il a semblé vouloir trop en faire en échappant le ballon quelques fois.
C'est plate parce qu'il vient de connaître la meilleure saison de sa vie, mais il aura une seule chose en tête pendant six mois et c'est ce ballon échappé. C'est la nature du football et c'est parfois frustrant. L'autre aspect concerne le fait que Whitaker a commis cette erreur pendant qu'Avon Cobourne a cumulé près de 150 verges et un touché.
Ce fut un match spectaculaire et nous avons été choyés. Je ne me considère pas un puriste parce que j'aime voir des points; je suis un gars d'offensive après tout (rires).
Je dois dire bravo aux Tiger-Cats et il ne faut pas l'oublier. Ils n'avaient pas gagné à Montréal depuis 2002 et ils avaient la pire fiche de la LCF à l'étranger cette saison à 2-7. Kevin Glenn avait toujours le don de faire des erreurs majeures dans les matchs importants, mais il m'a vraiment impressionné cette fois.
Le match ressemblait à un combat de poids lourds à la boxe avec un coup d'un côté et une réplique de l'autre alors que l'issue s'est décidée au 15e round (comme à l'époque).
Les Ti-Cats forment une jeune équipe si bien qu'ils n'avaient peut-être pas conscience de l'ampleur du match et ils n'avaient rien à perdre. Je ne pensais pas qu'ils auraient le cran de riposter. En fait, je pensais qu'ils allaient s'effondrer et trouver une façon de perdre, mais, au contraire, ils sont revenus en force!
Je leur souhaite bonne chance et peut-être que Marcel Bellefeuille leur montrera des vidéos des Stampeders de 2001 et des Lions de 2000 qui ont gagné la coupe Grey avec des fiches de 8-10. Tout est possible pour eux et ils se méritent un voyage à Winnipeg (rires).
L'avenir de Calvillo et Trestman
Avant de tomber dans les spéculations, il faut laisser la poussière retomber. Bien sûr, il existe quelques points d'interrogation dont sur l'avenir de Calvillo. Normalement, AC prend sa décision avant les fêtes pour permettre aux Alouettes de s'organiser. Il a toujours dit qu'il voulait jouer en 2012 sauf qu'il a été frappé plus souvent que jamais auparavant.
Je présume qu'il aura une discussion plus sérieuse dans le bureau de Madame Calvillo! Il n'avait jamais perdu conscience dans un match comme ce fut le cas à Edmonton et il est passé près de ne pas se relever dimanche à la suite d'un plaqué.
En ce qui concerne Coach Trestman, il y a toujours des rumeurs à son sujet.
Chose certaine, si j'avais un aspect à améliorer, je travaillerais beaucoup sur la défensive et surtout la ligne défensive. Il faut imposer plus de pression sur les quarts adverses, c'est essentiel. Du même coup, vous comprendrez que le rendement de la tertiaire influence celui de la ligne défensive et vice-versa.
Les attentes étaient très élevées envers les Alouettes, mais malgré toute l'adversité particulièrement reliée aux blessures, ils ont présenté une fiche de 10-8 à un seul gain de la meilleure fiche de LCF (11-7). La conclusion demeure frustrante car Montréal se retrouvait à 13 minutes d'atteindre la finale de l'Est contre les Bombers, à un attrapé de Jamel Richardson contre Calgary pour rafler le titre de l'Est et une victoire contre la Colombie-Britannique aurait procuré le même objectif.
Ça se termine en queue de poisson, mais il y a une chose frappante de cette fin de saison. Au football, on évoque souvent la guerre de la robustesse, celle de la stratégie et celle psychologique qui est menée par l'intimidation.
Le problème, c'est que les Alouettes avaient perdu cette intimidation avec leur mauvaise fin de calendrier. Avant, les adversaires étaient souvent battus dès l'échauffement. Ils se disaient : "ils sont bons, ils sont gros, ils sont forts!"
Le meilleur exemple s'avère le geste d'intimidation en milieu de terrain posé par les Tiger-Cats avant cette demi-finale de l'Est. Je suis persuadé que ce n'est pas un facteur anodin. Les Alouettes ne faisaient plus peur à personne et dans un sport d'émotions, c'est important.
*Propos recueillis par Éric Leblanc
Au cours des dernières années, la défensive des Alouettes avait parfois connu des ennuis en fin de saison, mais elle avait été en mesure de se ressaisir pour gagner la coupe Grey. Cependant, force est d'admettre que ce ne fut pas le cas dimanche et tout s'est écroulé pour la défensive depuis l'effondrement du quatrième quart face aux Blue Bombers de Winnipeg le 22 octobre.
Les Alouettes avaient alors échappé une avance de 15 points dans une défaite de 26-25 et ils ont aussi perdu leurs trois matchs suivants.
Vous me connaissez, je me suis préparé des statistiques pour illustrer le fait que la défensive gagne des championnats. Après le match contre Winnipeg, les Alouettes ont accordé 32 points aux Stampeders sans réussir un seul sac du quart en plus d'allouer 151 verges par la course. Le scénario s'est répété contre les Lions qui ont amassé 43 points sans concéder de sac et en courant pour 185 verges. Quant à dimanche, les Alouettes ont accordé 52 points, 161 verges par la course tout en étant incapables d'obtenir un sac. J'ai fait l'addition pour vous, les Alouettes ont consenti 129 points, n'ont pas arraché un seul petit sac et ils ont accordé 500 verges par la course. Ok, j'exagère, j'arrondis car ils ont plutôt donné 497 verges au sol
C'est certain que les membres de l'unité offensive des Alouettes vont dire qu'ils auraient dû marquer 53 points et c'est bien de le dire, mais 44 points devraient suffire pour l'emporter. Il ne faut pas chercher bien loin pour expliquer cette défaite.
Ce qui est frustrant pour la défensive, c'est qu'elle a encore alloué de longs jeux comme les touchés de 46 et 50 verges. De plus, la brigade défensive n'est jamais parvenue à réussir le gros jeu quand ça comptait et elle n'empêchait jamais les Tiger-Cats de répliquer.
Même quand le quart Kevin Glenn s'est blessé, son remplaçant Quinton Porter s'est amené dans la mêlée et il a complété ses deux passes pour 34 verges. Hamilton a continué sur sa lancée en prolongation en obtenant le touché et le converti de deux points sans problème!
Le sujet est assez documenté, la défensive montréalaise était grandement affectée par les blessures. L'absence du secondeur Ramon Guzman faisait en sorte que six partants étaient absents pour cette rencontre cruciale.
Je dois cependant ajouter un bémol car il y a une chose qu'il ne faut pas perdre de vue. Les Tiger-Cats ont nettement remporté la bataille du positionnement sur le terrain ce qui complique la tâche d'une défensive.
À ce sujet, les amateurs se demandent peut-être comment Calvillo a pu obtenir 513 verges par la passe et 44 points comparativement à une récolte de 275 verges de Glenn qui a mené à 52 points? La réponse est simple, les Tiger-Cats ont très souvent travaillé sur un demi-terrain et ce n'est pas évident pour une unité.
Je songe immédiatement à l'échappé de Calvillo permettant à l'adversaire de reprendre le ballon à la ligne de 23 des Alouettes et le retour d'interception de Jamall Johnson plaçant Hamilton à la ligne de quatre des Moineaux.
En fait, sur les 16 séquences offensives des Tiger-Cats, ils en ont amorcé cinq dans le territoire des Alouettes et deux à leur ligne de 47. Ils ont donc entamé près de la moitié des possessions en excellente position ce qui n'est pas négligeable.
De plus, les Tiger-Cats ont commencé quatre de leurs cinq dernières séquences à un endroit favorable soit trois fois dans le territoire des Alouettes et l'autre fois à leur 47. Pendant ce temps, les Alouettes amassaient des points, mais les Tiger-Cats répliquaient et c'est venu jouer un rôle majeur! Il ne faut pas jeter tout le blâme sur la défensive.
La semaine dernière, je disais que les Alouettes devaient éviter de concéder des gros jeux parce que je ne croyais pas que les Tiger-Cats pouvaient traverser le terrain de façon constante. Et bien, ils n'ont pas eu à le faire.
Ah oui, les Tiger-Cats ont ajouté près de 300 verges sur des retours de botté et 75 verges sur un retour d'interception. On parle ainsi de près de 400 verges de plus! On ne parle jamais de ces verges car on se concentre sur celles aériennes et celles par la course, mais c'est important et ça fait toute la différence.
Le travail de l'attaque montréalaise
Du côté de l'attaque, les Alouettes devaient éviter de se retrouver en situation de deuxième essai et une longue distance à franchir. Les Stampeders et les Lions avaient trouvé une façon de les contenir dans ce contexte. Puisque Calvillo n'est pas très mobile, ils doublaient les demis insérés (Jamel Richardson et S.J. Green) et on lui enlevait aussi son dépanneur, Brandon Whitaker.
Malheureusement, ces ennuis ont encore fait mal aux Alouettes et particulièrement en première demie. D'ailleurs, j'ai identifié trois jeux pour expliquer ces déboires. Sur un deuxième essai et huit verges à franchir, les Tiger-Cats ont réussi un sac du quart. Sur un deuxième essai et 10, Calvillo a commis un échappé et sur un deuxième essai et 23, il a été victime d'une interception. Cette interception de Jamall Johnson a mené à sept points pour un total de 10 sur les deux revirements. De leur côté, les Alouettes n'ont pas capitalisé sur un revirement. Je vous rappelle que les Alouettes ont perdu par huit points alors ces 10 points ont joué dans l'équation.
Les Alouettes ont aussi manqué d'opportunisme dans la zone payante en devant se contenter de placements de neuf et 26 verges. Encore là, les Alouettes ont perdu huit points en ne pouvant pas inscrire des touchés.
En première demie, on a constaté que Hamilton avait eu beaucoup de temps pour se préparer pour cette confrontation. J'en avais glissé un mot dans ma dernière chronique parce que je redoutais cet aspect énigmatique des Tiger-Cats. Les hommes de Marcel Bellefeuille ont profité de la situation en déployant des choses jamais vues par les Alouettes et je pense notamment aux deux sacs du quart en première avec des blitz des demis défensifs.
J'ouvre une parenthèse que j'ai abordée durant la partie et j'espère que la LCF va remédier à cela. Lors du dernier week-end du calendrier régulier, les Tiger-Cats jouaient tout près de la maison à Toronto jeudi soir alors que les Alouettes devaient jouer à Vancouver le samedi soir. Je sais qu'il existe des contraintes pour élaborer les calendriers, mais ça devrait être évident que l'Est joue contre l'Est et l'Ouest contre l'Ouest pour la conclusion du calendrier et tous les matchs doivent être disputés la même journée.
En deuxième demie, la ligne à l'attaque des Alouettes a pris le dessus et c'est ce que ça prenait. En première demie, les receveurs des Alouettes étaient tout feu tout flamme en attrapant tous les ballons et ils se démarquaient très souvent. Je me disais que si les Alouettes avaient le temps de lancer le ballon, la jeune tertiaire des Tiger-Cats ne pourrait pas tenir le coup.
C'est ce que nous avons vu par la suite et nous avons assisté à un festival offensif. C'était vraiment le fun de voir cela et cinq receveurs ont terminé leur rencontre avec plus de 80 verges. Tout ça a mené à quatrième quart fou avec cinq touchés et un total de 38 points.
On avait reproché aux Alouettes la façon dont ils ont perdu leurs derniers matchs, mais cette fois, ils ont combattu. Ça n'allait pas bien alors qu'ils perdaient 26-16 à la maison à la mi-temps, mais ils sont revenus de l'arrière alors qu'ils auraient pu s'écraser. Je respecte cela et je suis content d'avoir vu cela. Tu ne peux pas tout gagner dans le sport professionnel, mais j'ai aimé leur désir de vaincre.
Que penser du dernier jeu?
Bien sûr, il faut revenir sur le dernier jeu qui a mis fin au parcours des Alouettes. Il s'agissait d'un troisième essai et deux verges. Whitaker a affiché une excellente moyenne de 5,3 verges par course durant ce match. J'aurais tendance à demander pourquoi les Alouettes n'ont pas opté pour une course. C'est l'ancien joueur de ligne offensive en moi qui parle car on veut avoir la chance de faire la différence sans oublier que les Alouettes misent sur le meilleur porteur de ballon de la ligue.
Je suis allé fouiller dans les autres situations de courts gains et les Alouettes avaient été cinq en cinq en ayant recours à Whitaker chaque fois. Voici le décompte : sur un deuxième essai et trois, il a couru pour cinq verges. Sur un deuxième essai et quatre, il a capté une passe pour 11 verges. Sur un premier essai et deux, il a couru pour deux verges (un touché). Sur un deuxième essai et deux, il a ajouté une course de neuf verges et sur un deuxième essai et 3, il a réussi un attrapé de neuf verges. Je n'étais pas surpris qu'on l'utilise encore et c'était une belle variation d'y aller avec une troisième passe sur six jeux.
Malheureusement, il a échappé le ballon et c'est décevant parce qu'il avait bien fait pendant tout le match et la passe était à sa portée. Par contre, j'étais un peu moins d'accord avec le fait de déployer une formation sans porteur de ballon. Hamilton savait qu'une passe s'en venait et Calvillo ne risquait pas de courir. Tout de même, le jeu était bon et c'est l'exécution qui a fait défaut.
Personnellement, j'aurais gardé la menace de jeu au sol avec un porteur même si tu prévois opter pour une passe. De plus, Whitaker semblait s'être blessé à une jambe sur le jeu précédent et il avait eu besoin de temps pour se relever. Est-ce qu'il aurait dû quitter le terrain? Tout de même, j'admire beaucoup son courage et j'ai adoré sa saison. C'est dommage que ça se termine ainsi. Il est un jeune porteur qui disputait son premier match éliminatoire et il a semblé vouloir trop en faire en échappant le ballon quelques fois.
C'est plate parce qu'il vient de connaître la meilleure saison de sa vie, mais il aura une seule chose en tête pendant six mois et c'est ce ballon échappé. C'est la nature du football et c'est parfois frustrant. L'autre aspect concerne le fait que Whitaker a commis cette erreur pendant qu'Avon Cobourne a cumulé près de 150 verges et un touché.
Ce fut un match spectaculaire et nous avons été choyés. Je ne me considère pas un puriste parce que j'aime voir des points; je suis un gars d'offensive après tout (rires).
Je dois dire bravo aux Tiger-Cats et il ne faut pas l'oublier. Ils n'avaient pas gagné à Montréal depuis 2002 et ils avaient la pire fiche de la LCF à l'étranger cette saison à 2-7. Kevin Glenn avait toujours le don de faire des erreurs majeures dans les matchs importants, mais il m'a vraiment impressionné cette fois.
Le match ressemblait à un combat de poids lourds à la boxe avec un coup d'un côté et une réplique de l'autre alors que l'issue s'est décidée au 15e round (comme à l'époque).
Les Ti-Cats forment une jeune équipe si bien qu'ils n'avaient peut-être pas conscience de l'ampleur du match et ils n'avaient rien à perdre. Je ne pensais pas qu'ils auraient le cran de riposter. En fait, je pensais qu'ils allaient s'effondrer et trouver une façon de perdre, mais, au contraire, ils sont revenus en force!
Je leur souhaite bonne chance et peut-être que Marcel Bellefeuille leur montrera des vidéos des Stampeders de 2001 et des Lions de 2000 qui ont gagné la coupe Grey avec des fiches de 8-10. Tout est possible pour eux et ils se méritent un voyage à Winnipeg (rires).
L'avenir de Calvillo et Trestman
Avant de tomber dans les spéculations, il faut laisser la poussière retomber. Bien sûr, il existe quelques points d'interrogation dont sur l'avenir de Calvillo. Normalement, AC prend sa décision avant les fêtes pour permettre aux Alouettes de s'organiser. Il a toujours dit qu'il voulait jouer en 2012 sauf qu'il a été frappé plus souvent que jamais auparavant.
Je présume qu'il aura une discussion plus sérieuse dans le bureau de Madame Calvillo! Il n'avait jamais perdu conscience dans un match comme ce fut le cas à Edmonton et il est passé près de ne pas se relever dimanche à la suite d'un plaqué.
En ce qui concerne Coach Trestman, il y a toujours des rumeurs à son sujet.
Chose certaine, si j'avais un aspect à améliorer, je travaillerais beaucoup sur la défensive et surtout la ligne défensive. Il faut imposer plus de pression sur les quarts adverses, c'est essentiel. Du même coup, vous comprendrez que le rendement de la tertiaire influence celui de la ligne défensive et vice-versa.
Les attentes étaient très élevées envers les Alouettes, mais malgré toute l'adversité particulièrement reliée aux blessures, ils ont présenté une fiche de 10-8 à un seul gain de la meilleure fiche de LCF (11-7). La conclusion demeure frustrante car Montréal se retrouvait à 13 minutes d'atteindre la finale de l'Est contre les Bombers, à un attrapé de Jamel Richardson contre Calgary pour rafler le titre de l'Est et une victoire contre la Colombie-Britannique aurait procuré le même objectif.
Ça se termine en queue de poisson, mais il y a une chose frappante de cette fin de saison. Au football, on évoque souvent la guerre de la robustesse, celle de la stratégie et celle psychologique qui est menée par l'intimidation.
Le problème, c'est que les Alouettes avaient perdu cette intimidation avec leur mauvaise fin de calendrier. Avant, les adversaires étaient souvent battus dès l'échauffement. Ils se disaient : "ils sont bons, ils sont gros, ils sont forts!"
Le meilleur exemple s'avère le geste d'intimidation en milieu de terrain posé par les Tiger-Cats avant cette demi-finale de l'Est. Je suis persuadé que ce n'est pas un facteur anodin. Les Alouettes ne faisaient plus peur à personne et dans un sport d'émotions, c'est important.
*Propos recueillis par Éric Leblanc