DORVAL - Pour une deuxième année de suite, les Alouettes de Montréal comptaient un passager supplémentaire lors de leur vol de retour après avoir remporté la finale du football canadien par la marque de 21-18, contre les Roughriders de la Saskatchewan à Edmonton.

C'est sous les cris et les applaudissements de plusieurs dizaines de parents, d'amis et de partisans que les joueurs des Alouettes sont arrivés lundis soir à l'Aéroport Pierre-Elliott Trudeau de Dorval, avec la coupe Grey.

Un accueil chaleureux, auxquels les joueurs ne sont pas près de s'habituer.

"Es-tu déjà arrivé à l'aéroport alors que tout le monde crie pour toi?, a demandé Matthieu Proulx en souriant. Sérieusement, je suis encore le petit gars de Gatineau, qui joue au football pour s'amuser. Quand je vis quelque chose comme ça, je me considère très privilégié."

Le quart Anthony Calvillo, âgé de 38 ans, a soulevé la coupe Grey à trois reprises et il était surtout heureux de pouvoir partager ce sentiment avec ses coéquipiers.

"C'est la raison pour laquelle nous jouons, pour revenir à la maison et vivre un tel moment. De le faire deux ans de suite, ça n'arrive pas souvent. Ce sont des souvenirs que nous allons partager avec les autres membres de l'organisation", a déclaré Calvillo, qui a annoncé dimanche qu'il devait subir une délicate intervention à la glande thyroïde au cours de la saison morte.

Il a admis qu'il ne voulait pas parler publiquement de son état de santé, mais qu'il l'a fait sous le coup de l'émotion. Mais d'ici l'opération, il compte profiter pleinement du défilé de mercredi à Montréal et de vacances en Californie avec les enfants.

"Ils annoncent de la pluie mercredi, mais j'espère qu'il fera beau et que les gens viendront célébrer avec nous. On l'a vécu l'an passé, mais ce sera bien de pouvoir partager ça avec les nouveaux joueurs", a mentionné Calvillo.

Étienne Boulay l'a répété souvent, les joueurs ont passé la dernière année à se faire dire qu'ils n'avaient pas mérité leur victoire lors de la finale de 2009, également contre les Roughriders.

"On est très fiers. La première coupe, c'est spécial parce que c'est la première. La deuxième, elle est aussi spéciale parce qu'on avait quelque chose à prouver et qu'on l'avait sur le coeur", a raconté Boulay, qui a fait plaisir à quelques partisans en leur laissant toucher la fameuse coupe argentée.

Après avoir goûté une première fois au succès, le maraudeur québécois a cette fois pris un peu de recul pour savourer cette victoire.

"Je me suis couché quand même tôt, j'étais complètement brûlé. J'ai vraiment apprécié la fête organisée par l'équipe. J'étais avec ma conjointe et mes parents et on a fêté ça en famille, avec toute l'équipe. Il y avait des enfants qui couraient partout, on a bu un peu de champagne. C'était vraiment spécial."

Victoire... des lignes de côté

Pour Matthieu Proulx, cette deuxième conquête a évidemment été bien différente de la première, puisqu'il a dû regarder le match des lignes de côté en raison d'une blessure au genou droit.

"Ç'a été difficile quand je me suis présenté le jour du match, quand j'ai vu l'ampleur de tout ça, mais j'ai été là tout au long de la semaine. J'agis aussi à titre de joueur-entraîneur, alors j'ai rempli mon rôle à toutes les réunions, que je dirigeais avec l'unité défensive.

"J'ai vraiment senti que je faisais partie de cette victoire."

Avocat de profession, Proulx ne sait pas encore s'il sera de retour avec les Moineaux l'an prochain, lui dont la carrière n'a pas été épargnée par les blessures.

"La réflexion est amorcée, mais je n'ai pas pris de décision. J'ai passé la semaine sans y penser et au cours de la prochaine semaine, je vais profiter de notre victoire. Il n'y a pas d'urgence pour me décider."

Plusieurs verraient en lui un potentiel entraîneur, surtout qu'il s'acquitte déjà de quelques tâches en ce sens avec les Alouettes. Mais le principal intéressé n'en est pas convaincu.

"Je sais que je serais capable d'être entraîneur, mais je ne suis pas certain de vouloir le faire. Ça prend beaucoup de sacrifices et ça représente beaucoup de travail", a-t-il répondu.

D'ici à ce qu'il prenne une décision pour son avenir, Proulx continuera de travailler dans une firme d'avocats. "Je passe de héros... à zéro au bureau, où je suis vraiment en bas de l'échelle!, a-t-il blagué. Mais c'est là que tu réalises à quel point tu es chanceux."