À tout seigneur tout honneur, je dois d'abord rendre hommage au quart Aaron Rodgers des Packers. C'était évident que le plan de match de son équipe reposait sur ses épaules et il a été sensationnel malgré toute la pression qu'il devait gérer.

Les Packers ont tenté 39 passes comparativement à seulement 13 courses donc ils étaient convaincus que la victoire passait par le bras de Rodgers.

Imaginez le scénario : tu sais que tu dois faire la différence car les entraîneurs t'ont confié cette mission. Il s'agit du Super Bowl, l'événement télévisuel le plus regardé à travers le monde! De plus, c'est un match sans lendemain et tu affrontes la meilleure défensive de la NFL…

C'est difficile d'imaginer la quantité de pression qui reposait sur ses épaules et il n'a pas été affecté. Il a terminé sa journée en complétant 24 de ses 39 passes et ses receveurs ont échappé au moins six passes à leur portée. Rodgers aurait pu facilement compléter 30 passes et cumuler environ 400 verges par la passe et quatre passes de touché.

Rodgers a également accompli du bon boulot en étant en mesure d'encaisser quelques plaqués et quelques sacs dans le match. Certains quarts auraient été démoralisés, affectés ou auraient montré des signes d'impatience.

De plus, Rodgers a trouvé le moyen d'éviter les revirements ce qui s'est avéré encore une fois la statistique déterminante dans cette partie.

Je tiens aussi à féliciter Rodgers pour avoir réussi quelques passes impressionnantes comme celle du touché de Jordy Nelson, celle du premier touché de Greg Jennings et celle menant à un long premier essai de 31 verges à Jennings. Il a démontré une précision grandiose sur ces passes qui étaient à quelques centimètres de ne pas fonctionner.

Polamalu a perdu son duel

La confrontation entre Rodgers et le maraudeur des Steelers Troy Polamalu représentait un élément clé dans cette partie. Il faut admettre que Rodgers a gagné cet affrontement haut la main! D'ailleurs, on l'avait un peu prédit puisque les Packers pouvaient envoyer plusieurs receveurs sur le terrain et les Steelers devenaient vulnérables dans ce contexte. Ce ne sont pas tous les quarts qui peuvent être à l'aise dans cette situation, mais Rodgers possède cet atout dans son arsenal.

En agissant de la sorte, tu dictes pratiquement aux Steelers de garder Polamalu dans les zones profondes pour ne pas manquer de protection contre la passe. Rodgers a été maître pour manipuler Polamalu avec ses yeux. Les joueurs défensifs se basent très souvent sur les yeux du quart ou sur son casque s'ils sont trop loin pour savoir où se diriger. Polamalu a pris des paris, mais il n'a jamais réussi à prendre la bonne décision. À ce sujet, le meilleur exemple s'avère le deuxième touché de Jennings. Sur ce jeu, Polamalu a triché vers l'intérieur et Jennings en a profité pour se démarquer vers le coin.

Ensuite, quand Polamalu s'approchait du front défensif, Rodgers avait le don de flairer le blitz. On l'a notamment vu à quelques reprises dire à son porteur de ballon de changer de côté pour modifier la protection et ça fonctionnait! Il a vraiment frustré les Steelers de cette façon et Polamalu n'a pas été un facteur devant se contenter de trois plaqués sans réussir un jeu d'impact.

Bien sûr, il faut aussi féliciter la protection des Packers qui a réussi sa mission même si Rodgers a été rejoint à quelques reprises. Il ne faut pas oublier que l'utilisation de nombreux receveurs a forcé les joueurs de ligne offensive à travailler en un contre un et ils ont tenu le coup.

Leur succès reposait aussi sur le fait que Rodgers dégaine rapidement, mais il devait décoder à la même vitesse ce que les Steelers lui présentaient pour y arriver. En cas de doute, il aurait gardé le ballon plus longtemps et encaissé davantage de plaqués.

Je ne peux m'empêcher de me dire que le match aurait été hors de portée des Steelers n'eut été des receveurs. À preuve, James Jones a été incapable de capter une passe qui aurait sans doute mené à un touché à la fin du troisième quart. Les Packers auraient pris les devants 28 à 10, mais les Steelers ont plutôt profité de la situation pour remonter le terrain et réduire l'écart à 21-17.

À ce moment, on sentait que les Packers étaient affectés surtout que les Steelers venaient de marquer les 14 derniers points. Rien ne fonctionnait pour les Packers au troisième quart et on se demandait si la jeunesse des Packers allait coûter cher.

Heureusement, ils ont été en mesure de se ressaisir avec le revirement du porteur de ballon des Steelers Rashard Mendenhall au début du quatrième quart. Encore une fois, les trois revirements qui ont mené à 21 points sont devenus l'histoire du match et c'est inutile de chercher très loin pour expliquer le résultat.

D'ailleurs, les Packers ont complété les éliminatoires avec une production de 11 revirements!

Je termine l'aspect de l'attaque des Packers en glissant un mot sur le porteur de ballon James Starks qui a fait le travail dans les protections. Il a conclu son match avec une récolte de 52 verges en 11 courses. Ce n'est pas énorme, mais plusieurs de ses courses ont mené à des premiers jeux. Les Packers devaient saupoudrer quelques courses et Jones a démontré son efficacité.

Big Ben a perdu son combat

Évidemment, le Super Bowl s'est transformé en une bataille de quarts et Ben Roethlisberger s'est retrouvé dans le camp des perdants. Il n'était pas à son meilleur et il a été victime de deux interceptions. C'est vrai qu'il s'est fait frapper sur la première, mais ce n'était pas le meilleur choix de jeu. Il venait d'effectuer une feinte du même côté donc le maraudeur était déjà à cet endroit.

Au bilan, Roethlisberger a participé à trois Super Bowl et il a complété trois passes de touché contre cinq interceptions. Je me demande combien de ses passes ont filé par-dessus la tête de ses receveurs? Immédiatement, je revois le touché certain qu'il a perdu en manquant de précision vers Mike Wallace et une autre passe imprécise vers ce receveur sur un troisième essai et deux verges.

Il n'a pas connu son meilleur match, mais il aurait pu se reprendre sur la dernière séquence. On se disait que c'était le scénario rêvé pour les Steelers qui sont bâtis sur mesure pour une telle situation. Leur unité défensive avait gardé le match serré et Big Ben obtenait la chance de gagner en tirant de l'arrière par moins de sept points.

Mais cette fois, il n'a pas été à la hauteur. Après avoir réussi un premier jeu et une passe de cinq verges, il a manqué les trois suivantes pour anéantir les espoirs de son équipe.

Cette défaite sera encore plus frustrante pour lui et les Steelers car ils travaillaient contre une tertiaire décimée en l'absence de Charles Woodson. Sam Shields a aussi été blessé pendant une partie du match tandis que Nick Collins a quitté durant quelques jeux. Bref, les Steelers n'affrontaient pas les meilleurs joueurs des Packers comme Pat Lee et Jarrett Bush.

On avait souvent répété que Mendenhall devait faire la différence pour les Steelers, mais il l'a malheureusement fait dans le mauvais sens. C'est dommage pour lui car il a réussi quelques bonnes courses ainsi qu'un touché. D'ailleurs, son touché au troisième quart a été obtenu après cinq courses consécutives. On se disait donc que la grosse machine des Steelers était repartie.

Voilà pourquoi les Packers ont fait preuve de beaucoup de caractère. Ils ont répliqué avec le jeu crucial de l'échappé provoqué par Clay Matthews et Ryan Pickett. Les Packers n'ont pas perdu de temps pour inscrire un touché qui s'est avéré une grande dose d'énergie.

En bout de ligne, les gros canons des Steelers n'ont pas fait le boulot. Ils se fiaient sur Roethlisberger, Polamalu, James Harrison, Heath Miller… Mais Hines Ward a probablement été l'un des seuls à connaître un gros match.

À l'image de la saison des Packers

Je retiens de ce Super Bowl que c'est en quelque sorte un microcosme de la saison des Packers. Ils ont dû composer avec 16 joueurs sur la liste des blessés et ils ont fini le match sans Woodson et Donald Driver en plus d'avoir composé avec la perte partielle de quelques joueurs.

Les remplaçants ont accompli le boulot et c'est à l'image de leur saison. Il faut vraiment leur dire bravo! On dirait que leur parcours rempli d'adversité a été fort utile car ils n'ont pas paniqué.

Cette situation délicate a permis à des joueurs de se démarquer comme Jordy Nelson. Je me doutais qu'il pouvait s'illustrer car il allait sûrement être confronté à un troisième ou quatrième demi de coin. Mais la perte de Driver l'a forcé à se mesurer à un meilleur joueur et il a poursuivi sur sa lancée.

Nelson a même établi une marque en éliminatoire pour les Packers avec 140 verges par la passe. Il n'a pas connu un match parfait en échappant quelques passes, mais Rodgers n'a pas hésité à revenir vers lui et ils ont oublié cela.

En regardant ce match, c'était inévitable de repenser au dernier match entre ces deux équipes. Avec une avance de six points, les Packers avaient redonné le ballon aux Steelers qui l'avaient emporté sur le dernier jeu du match et ce scénario aurait pu se répéter.

Je présume que les joueurs et les entraîneurs ont craint cette conclusion surtout que Big Ben avait battu les Cards de l'Arizona in extremis au Super Bowl.

Je suis convaincu que plusieurs téléspectateurs ont songé à cela, mais la défense des Packers a encore tenu le coup. En fait, c'est l'histoire de leurs éliminatoires outre la partie contre les Falcons. Les Packers ont réussi un beau parcours en devenant la deuxième équipe classée au sixième échelon d'une association à gagner le Super Bowl après les Steelers de 2005.

Ah oui, saviez-vous que les équipes qui interceptent un ballon et le ramènent pour un touché au Super Bowl présentent une fiche de 11-0!

J'ajoute une autre note intéressante. L'histoire des Packers est agréable car ils ont surmonté l'adversité dans un petit marché. On sent qu'il s'agit d'une équipe unie. De plus, ils ont établi une marque alors que 11 joueurs différents ont inscrit un touché en éliminatoires pour l'équipe qui remportait le Super Bowl.

Je retiens que nous avons été gâtés par ce Super Bowl et cette belle saison de football. L'enjeu était présent jusqu'à la fin et c'est ce que l'on souhaite.

Je termine ce sujet en jouant au jeu des comparaisons. En fait, j'ai hâte de voir la suite du parcours des Packers car ils me font penser aux Cowboys de Dallas des années 90 avec Troy Aikman et compagnie. Tout comme les Packers, les Cowboys étaient jeunes quand ils ont remporté leur premier Super Bowl contre les Bills de Buffalo. Ils ont finalement gagné trois Super Bowl en quatre saisons et les Packers pourraient peut-être les imiter même si c'est plus difficile de bâtir dynastie aujourd'hui surtout avec le plafond salarial.

Un conflit dans la NFL?

La menace d'un conflit pèse sur la NFL, mais j'ose espérer que ce scénario sera évité. Les deux clans possèdent encore du temps pour s'entendre et j'espère qu'ils vont s'enfermer dans une salle de conférence pour y arriver!

J'ai bien aimé le commentaire du propriétaire des Patriots Robert Kraft. Ce dernier a déclaré qu'il faut se concentrer à régler une entente de business et éviter que les avocats ne prennent trop de place. Il a confiance que des hommes d'affaires peuvent trouver une solution. En fait, il s'agit de décider comment partager la tarte d'affaires de la NFL, une somme de neuf milliards!

Je me dis que la NFL est rendue si populaire car elle est parvenue à éviter les conflits contrairement aux autres sports.

Le point qui m'inquiète le plus est que la dernière entente a été conclue entre Paul Taglibue et Gene Upshaw. Ces deux hommes se connaissaient depuis plusieurs années alors que le dossier est maintenant piloté par le commissaire Roger Goodell et le représentant des joueurs DeMaurice Smith. Ils ont sûrement atteint ces postes en ayant de fortes personnalités et ils ne voudront pas perdre la face si bien que la dynamique est complètement différente.

Il est évident que les joueurs veulent protéger leurs acquis, mais les deux parties peuvent encore discuter pour trouver un terrain d'entente et la solution surgit parfois à la dernière minute.

*Propos recueillis par Éric Leblanc