Quand l'attaque ne fonctionne pas et quand un quart-arrière lance trois interceptions dans la zone payante, à l'intérieur de la ligne de 10 de l'adversaire, une équipe de football n'a pas beaucoup de chances de l'emporter. Et on ne peut faire autrement que de pointer la performance du quart-arrière, Anthony Calvillo.

Ce que j'ai trouvé de décevant dans le match d'ouverture des Alouettes face aux Roughriders de la Saskatchewan, c'est que, de façon générale, les joueurs qui ont mal fait en terme de performance, ce sont les vétérans. Ce n'est pas Mike Imoh qui a fait des erreurs, ce ne sont pas les jeunes receveurs qui ont échappé le ballon. Les joueurs sur lesquels on comptait chez les Alouettes ont failli à la tâche. Il y a eu le quart-arrière, mais aussi les joueurs de la ligne à l'attaque et le botteur.

Très peu de longues passes ont été captées dans la rencontre et on pourrait avoir la perception que les Alouettes n'ont jamais tenté ce jeu, mais sur les 11 qui n'ont pas été complétées par Calvillo, six étaient de plus de 20 verges. On a quand même tenté d'attaquer les zones profondes mais ça n'a pas fonctionné, la précision a fait défaut.

La défensive a bien fait en général mais lorsqu'on regarde les plaqués qui n'ont pas été effectués ou les jeux qui ont été ratés, ça fait mal. Timothy Strickland, un vétéran et le capitaine de la défensive, s'est fait battre pour le touché et John Grace, un autre vétéran, a manqué beaucoup de plaqués. C'est dommage pour ce dernier parce que sa lecture du jeu était toujours très bonne. Sans chercher d'excuses, il s'agissait de sa première rencontre lui qui n'a pas joué en matchs hors-concours. Mais est-ce pour ça qu'il a raté ses plaqués? Peut-être, mais à ce niveau-là, il faut réussir les plaqués puisque le résultat a été que Kerry Joseph, le quart des Riders, s'est amusé à gagner du temps et à repérer ses receveurs à chaque fois qu'il sortait de sa zone de protection.

Et Damon Duval, un autre joueur sur lequel comptaient les Alouettes, qui rate son placement. Il a aussi raté un botté de dégagement. Là j'en conviens, la remise était haute mais pas assez pour qu'un gars de la trempe de Duval soit complètement désemparé. D'ailleurs, lors des entraînements, les botteurs travaillent sur les mauvaises remises donc ça ne devrait pas le surprendre dans un match. Il faut comprendre pour un botteur que plus la remise est bonne, plus il a le temps d'exécuter le botté et plus elle est mauvaise, plus il faut précipiter le geste. Duval a voulu faire trop vite.

On a beaucoup parlé du nouveau système à l'attaque que voulaient implanter les Alouettes cette saison, mais je ne crois pas que c'est la raison pour laquelle l'attaque n'a pas fonctionné vendredi soir. Sur un terrain de football, il ne faut pas penser mais il faut réagir et jouer. Si un joueur veut jouer avec agressivité et s'il veut courir à son maximum, il ne doit pas hésiter. Est-ce qu'il y a eu des doutes dans la tête de certains? Peut-être mais le football reste une combinaison de tracés et des jeux de passes et ce n'est que la terminologie qui change.

Le football est un sport de précision et d'exécutions et parfois, la ligne est mince entre la victoire et la défaite... les quatre interceptions qui ont été ratées par la ligne tertiaire en sont un exemple. Si cette ligne en avait réussi deux, la dynamique aurait été complètement différente. Dans la zone critique en attaque, les Alouettes ont été moches. Ils s'y sont rendus à quatre reprises dans la rencontre et ils n'ont marqué qu'un point. S'ils avaient réussi deux touchés, là aussi on aurait eu un match différent.

Tout ça pour dire qu'il ne faut pas paniquer et tout chambarder, mais reste que ce fut une performance qui a été décevante.

L'an dernier, les Alouettes avaient entrepris la saison avec un dossier de 7-0, malgré plusieurs problèmes sur le terrain. On avait alors tendance à les cacher sous un tapis. Cette année, les joueurs et les entraîneurs devront y faire face pour les régler et c'est une bonne chose que ça arrive en début de saison.

Deslauriers, une bonne nouvelle

Les Alouettes ont mis le receveur de passes québécois Éric Deslauriers sous contrat pour une période de deux ans, plus une année d'option. Il se rapportera à l'équipe d'entraînement.

Deslauriers pourrait donner de la flexibilité aux Alouettes dans le ratio de joueurs canadiens. C'est un gros receveur de passes qui a eu de bonnes statistiques. En moyenne, à ses trois dernières saisons au niveau universitaire, il réussissait 78 réceptions pour 1 010 verges. C'est un Québécois qui est allé aux États-Unis et qui a vu de l'action. Il a eu la chance de s'améliorer et a quand même joué à un bon niveau de compétition.

Quand on regarde son gabarit, six pieds et quatre pouces, 206 livres, il cadre très bien dans la nouvelle philosophie que veulent se donner Jim Popp. Ce dernier veut que son équipe soit plus grosse, plus forte et plus robuste.

On sait que l'attaque des Alouettes veut jouer au sol plus souvent cette année et Deslauriers va pouvoir s'impliquer aussi pour les blocs. D'ailleurs, je me dis que si les Steelers de Pittsburgh lui ont accordé un essai c'est parce que le Québécois était capable de tirer son épingle du jeu parce qu'on sait que le jeu au sol est important à Pittsburgh. Il a aussi une bonne compréhension du jeu puisqu'il a déjà été quart-arrière au cégep.

Il va aider les Alouettes surtout que des receveurs, comme Dave Stala, sont blessés. La seule question est de savoir comment il va se comporter à un échelon plus haut. Va-t-il conserver son intensité et sa robustesse chez les professionnels? Il doit aussi apprendre les jeux rapidement, réussir à gagner le respect des entraîneurs et s'ajuster au football canadien. Il va s'apercevoir qu'il devra courir plus au football canadien puisque le terrain est plus long et plus large et le tempo est plus rapide. Ses jambes auront-elles de l'endurance? On verra. J'en ai vu souvent des receveurs de passes américains qui n'en revenaient pas comment ils devaient courir de ce côté-ci de la frontière.

C'est une bonne nouvelle pour les Alouettes. Donnons-lui la chance de s'ajuster et d'apprendre. Ce n'est pas un marchand de vitesse, mais il semble avoir des qualités athlétiques qui vont lui permettre de faire du bon travail.

*Propos recueillis par RDS.ca