Suivez les interventions de Didier Orméjuste à propos de Malik Meiga dans nos bulletins sportifs et sur notre zone vidéo aujourd'hui.

MONTRÉAL – À l’adolescence, pour le bien de son éducation, Malik Meiga est demeuré au Québec alors que sa mère a rebroussé chemin, de l’autre côté de l’océan Atlantique. Son parcours aurait alors pu se laisser guider par différentes tentations au détriment de son rêve d’être recruté par une prestigieuse université américaine. 

Arrivé à l’Université Penn State dimanche, le talentueux receveur a donc toutes les raisons d’afficher son immense sourire. Il a choisi de s’accrocher à son objectif au lieu d’emprunter le mauvais tracé et il a accompli sa mission haut la main puisqu’il était courtisé par une multitude de programmes réputés comme Louisville, Tennessee et West Virginia. 

Véritable exemple de résilience, il n’allait pas se laisser décontenancer par la pandémie qui a retardé son arrivée en Pennsylvanie. 

« Tout allait bien, on s’en allait en semaine de relâche et, tout d’un coup, la pandémie arrive au Canada. On a vraiment dû s’ajuster de nouveau tant à l’école que pour l’entraînement. C’était quand même difficile, mais, quand tu veux quelque chose, tu es capable de l’avoir et tu dois travailler en conséquence », a confié Meiga qui réside pour l’instant à l’hôtel alors qu’il se soumettra au test de la COVID-19, mardi, en plus de respecter un confinement de quelques jours. 

Sa vie en constitue un exemple éloquent. L’athlète de six pieds quatre pouces a vécu jusqu’à l’âge de six ans en Côte-d’Ivoire. Ensuite, il a grandi en Italie pendant quelques années. C’est durant son parcours à l’école secondaire, à Saint-Jérôme, que le football est devenu sa passion. 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Just trynna be great

Une publication partagée par Malick Meiga (Hassane) (@m3iga_tr0n) le 18 Juin 2020 à 3 :36 PDT

Après seulement deux brillantes années avec les Spartiates du Vieux-Montréal, Meiga doit désormais s’adapter à l’organisation des Nittany Lions. Puisqu’il parle français, anglais, italien en plus de se débrouiller en espagnol, on présume qu’il ne risque pas de se laisser abattre par les défis de l’adaptation en sol américain. En fait, il voit son riche parcours comme un avantage. 

« Oh oui, définitivement. Les autres joueurs n’ont pas encore vécu ça dans leur vie, ils vont devoir s’habituer. Pour moi, ce ne sera aucunement un problème. Ma tête sera juste axée sur le football et l’école. Eux, ils devront s’adapter au football, à l’école et à être séparés de leur famille », a noté Meiga via Zoom au collègue Didier Orméjuste et à l’auteur de ces lignes. 

Cet éloignement – heureusement que les communications sont plus faciles aujourd’hui – est survenu pendant ses études à l’école secondaire. Malik et son frère ont alors été accueillis chez une bonne amie de leur mère.

« Au début, c’est sûr que j’ai quand même trouvé ça difficile, ça fait bizarre d’être séparé de sa maman. Mais, avec le temps, ça devient une motivation. Tu veux travailler fort pour elle parce que tu vois qu’elle travaille très fort pour toi également. T’aimerais lui redonner la pareille », a ajouté celui qui étudiera en administration.  

Aujourd’hui, sa mère travaille à Lyon, en France, à titre de secrétaire au consulat de la Côte-d’Ivoire. Si elle n’a pas été en mesure de bien s’adapter au Québec, elle ne voulait pas que Malik et son frère retournent dans leur pays natal.  

« L’éducation est juste meilleure au Québec. Elle voulait qu’on continue nos études ici. »

La maturité a rapidement fait son œuvre chez Malik. 

« Je ne pouvais pas tout le temps me fier sur elle. Si tu as besoin de quelque chose, tu dois t’en occuper. Quand tu es petit, tu ne réalises pas tout ce que ta mère fait pour toi, tu ne fais pas grand-chose dans la maison. Il a fallu que j’apprenne à cuisiner un peu et toutes ces petites choses. Mais ça me sera utile dans la vie et je suis content d’avoir vécu ces expériences tôt dans ma vie », a-t-il confié. 

Malick MeigaUne vitesse qui fascine

Sa force de caractère a été payante, mais cet accomplissement n’aurait jamais été possible sans son fascinant potentiel. Grand et athlétique, il attire les regards depuis plusieurs années. Sa valeur a explosé quand il a réussi un chrono de 4,42 sur 40 verges lors d’un camp d’évaluation. 

À une position où les ressources sont abondantes aux quatre coins des États-Unis, ça demeure une réussite de taille d’avoir autant séduit les clubs de la NCAA. 

« Je me sens bien. J’ai toujours su que j’avais le talent pour me retrouver aux États-Unis. Il fallait juste prouver aux autres que je pouvais le faire. Ça fait du bien de savoir que ce n’était pas juste une vision dans ma tête », a réagi Meiga qui a rapidement compris ce qui l’animait. 

« J’ai constaté assez vite que le niveau était vraiment différent. Ils ont beaucoup plus de budget ici donc ils investissent beaucoup sur les joueurs et ça m’a attiré », a-t-il ajouté. 

Sa vitesse demeure son attrait principal, mais c’est également en terrorisant les défenses adverses avec les Spartiates qu’il a convaincu Penn State de lui apprendre les subtilités du football afin d’exprimer éventuellement son talent dans la NFL. 

D’ailleurs, Meiga s’attaque à l’ambitieux projet d’exercer un impact pour son nouveau club dès sa saison recrue. Il croit que l’entrée en scène d’un nouveau coordonnateur offensif aidera sa cause puisque tous les joueurs, même les vétérans, partiront sur un pied d’égalité à propos de la connaissance du cahier de jeux. 

« Rendu sur le terrain, ton niveau de compétition doit être élevé. Je suis allé au Vieux-Montréal parce qu’il y avait de la compétition et j’ai choisi Penn State pour la même chose. Je suis un gars qui aime la compétition », a assuré Meiga qui doit raffiner l’exécution de ses tracés sur les surfaces américaines plus petites. 

Au fil des dernières années, Penn State a bâti un lien étroit avec la relève canadienne. Meiga rejoindra notamment Jesse Luketa et plusieurs autres athlètes du Canada qui ont été recrutés dont le quart-arrière Christian Veilleux pour la cuvée 2021.

« Le pipeline est déjà implanté. Ça fait juste continuer. Si tu es un bon Canadien, tu sais que c’est la place pour toi », a tenu à souligner Meiga qui carbure déjà à l’idée de jouer, si la COVID-19 le veut bien, devant plus de 100 000 spectateurs.

Après Megatron, verra-t-on Meigatron ? Malick Meiga

Le parallèle était trop attirant pour ne pas l’utiliser. Au fil des années, Meiga s’est laissé convaincre par l’idée de choisir Meigatron comme surnom. Megatron, ou Calvin Johnson si vous préférez, a malmené les défenses de la NFL pendant son apogée. Il s’est imposé comme une inspiration pour le jeune athlète tout comme Lamar Jackson l’a fait récemment. 

« Je me suis dit ‘Pourquoi pas? Je m’inspire beaucoup de ce qu’il faisait. Il a joué avec un très haut niveau de swag, c’est une excellente inspiration. Quant à Lamar, je l’aime et je l’adore même. Tu vois que le football, ça reste un jeu pour lui, il s’amuse. C’était beau de voir les Ravens jouer cette année », a expliqué le receveur qui a remercié tous ses entraîneurs du Vieux-Montréal et plusieurs de ses coéquipiers pour leur contribution à son développement. 

Personne ne lui imposera la pression d'imiter ces deux joueurs, mais Meiga possède déjà la vision qui le réjouirait. 

« Mon but, c’est de me rendre dans la NFL comme ça je serais stable financièrement après avoir obtenu mon diplôme et peut-être même ma maîtrise. Ça permettrait à ma mère de vivre avec moi dans une belle maison », a conclu Meiga en complétant lui-même la boucle avec un touché.