Manque d'opportunisme et de patience
Football vendredi, 11 juil. 2008. 02:07 vendredi, 13 déc. 2024. 04:28
Les Alouettes se sont pendus avec deux cordes, jeudi contre les Stampeders de Calgary.
En première demie, les hommes de Marc Trestman ont péché par manque d'opportunisme. Damon Duval a réussi trois de ses quatre tentatives de placement, mais chaque fois il était positionné à l'intérieur de la ligne de 30 de l'adversaire. Ça signifie que les Alouettes sont parvenus à se rendre profondément dans le territoire des Stampeders sans être capables de leur faire payer le gros prix.
À un certain moment, Montréal profitait d'une avance de 11-0. Henry Burris avait échappé le ballon à la porte des buts, les Alouettes avaient répliqué quelques jeux plus tard avec un touché de 67 verges. On s'est dit que ça y était, que c'était reparti et qu'à l'image de leurs deux premiers matchs de la saison, les Alouettes allaient se payer une petite promenade en nature. Si on remplace quelques placements de Duval par des touchés, on assiste au même scénario que contre les Blue Bombers la semaine dernière et le match est dans la poche avant même le début de la deuxième demie, mais ce n'est pas ce qui s'est produit.
C'est donc ce que je retiens de la première demie. Les Alouettes ont accumulé un paquet de verges, mais ça n'a pas paru où ça compte le plus au tableau indicateur.
Dans la deuxième moitié du match, c'est le manque de patience des Oiseaux qui m'a dérangé. On assistait à une rencontre chaudement disputée, il n'y avait aucune raison de paniquer Je trouve bizarre qu'on n'ait pas donné un rôle accru à Avon Cobourne avec le jeu au sol ou encore avec de courtes passes. Comme si on devait jouer du football de rattrapage, ce qui n'était pourtant pas le cas. On s'est entêté à favoriser le jeu aérien et les Stampeders - pas fous! - ont vite détecté la tendance.
C'était évident que les Stampeders attendaient avec impatience la passe piège destinée à Cobourne, un jeu qui avait rapporté gros aux Alouettes dans leurs deux premiers matchs. Ces derniers l'ont toutefois essayé une fois en première demie et on ne l'a plus jamais revu.
Risques et récompenses
Il faudrait justement donner le crédit qui lui revient à l'unité défensive des Stampeders, qui était visiblement bien préparée et qui s'est amené à Montréal pour jouer du gros football.
Le coordonnateur défensif Chris Jones, qui affrontait son ancienne équipe pour la première fois, a décidé d'investir dans le blitz. Il avait d'ailleurs en quelque sorte annoncé ses couleurs dans les jours précédant le match en disant qu'Anthony Calvillo jouait beaucoup moins bien quand il était couché par terre. Ses joueurs se sont rendus dès le début du match à Calvillo; on l'a frappé tôt et souvent.
Évidemment, quand tu décides de blitzer à profusion et de jouer une couverture homme à homme, les chances sont bonnes pour que tu accordes quelques longs jeux et c'est ce qui s'est produit. Il y a eu le touché de Jamel Richardson, le jeu de 60 verges complété par Cobourne, d'autres de 36 et de 23 verges. Bref, je crois que Montréal a réussi cinq jeux de plus de 20 verges en deuxième demie. C'est un risque que les Stampeders avaient décidé de prendre et en échange, ils ont ébranlé Calvillo.
Je le répète souvent : Anthony n'est pas différent des autres quarts. Quand tu rabats constamment un quart-arrière au sol, tu le fais réfléchir, tu le déconcentres. Jeudi, je crois que Calvillo a été frappé plus souvent que lors de ses deux premiers matchs combinés.
La stratégie des Stamps a rapporté en deuxième demie. La pression est demeurée constante sur Calvillo. Peu souvent utilisé, le jeu au sol des Alouettes a été neutralisé. Le front défensif des visiteurs a complètement dominé la ligne d'engagement et les Alouettes, entre autres parce qu'ils s'obstinaient à tenter de longs jeux sur le premier essai, ont constamment fait face à des situations de deuxième essai et long.
Jones est un disciple de Don Matthews. Il croit fermement que la meilleure façon de jouer en défensive, c'est d'appliquer une pression constante sur le quart adverse. En anglais, on dit qu'il préconise un style High risk, high reward, c'est-à-dire qu'il aime miser gros, mais si le travail est bien fait, le jeu en vaudra amplement la chandelle. On a vu la partie risquée du plan de match en première demie et on a aussi vu la récompense dans la deuxième. Ce que Chris Jones a semé en début du match, il l'a récolté à la fin.
Quand tu favorises une couverture homme à homme, tu dois t'assurer que tes joueurs sont conscients de l'importance de réussir leurs plaqués et les Stampeders ont été excellents à ce chapitre. Il ne faut pas non plus oublier qu'au-delà des schémas, de la finesse et de la stratégie, le football est d'abord et avant tout un sport de collisions et j'ai trouvé que les Stampeders ont remporté la bataille de l'intensité et de la robustesse. Sur la route, ils ne se sont jamais laissés intimider et ont été plus physiques que leurs adversaires.
Chez les Alouettes, on a vu des passes trop courtes, imprécises, et les receveurs ont échappé nombre de passes. Une succession d'erreurs, quoi.
Le jeu au sol de Calgary
On ne peut pas passer sous silence la prestation de Henry Burris. Le quart-arrière des Stampeders a été bon comme passeur, mais c'est avec ses jambes qu'il a été le plus dangereux. Non seulement a-t-il récolté 93 verges au sol, mais combien de fois a-t-il permis à son équipe de poursuivre une séquence en allant chercher un premier jeu critique?
Il n'y a rien de plus démoralisant pour une défensive que de voir les demis défensifs être dans les culottes des receveurs, que personne ne parvient à se démarquer, que la pression se rend au quart et que ce dernier réussit à y échapper. Tu fais tout à la perfection, mais tu te fais quand même battre pour un premier jeu.
Ce qui rend la chose encore plus décourageante, c'est que vous pouvez être certain qu'à chaque jour qui a précédé cet affrontement, le coordonateur de la défensive des Alouettes, Tim Burke, s'est fait un devoir de rappeler à ses troupes dans les différents meetings que la première chose qu'il faut faire contre Calgary, c'est contenir Henry Burris. On ne l'a pas fait et c'est ce qui a fait la grande différence dans ce match.
Quand Burris ne transportait pas lui-même le ballon, il le refilait à Joffrey Reynolds, qui est allé chercher un autre 82 verges au sol pour Calgary. On trouvait extraordinaire que la défensive des Alouettes avait limité Jesse Lumsden et Charles Roberts à un total de 46 verges dans les deux premiers matchs de la saison, mais dans le fond, on savait très bien qu'elle n'avait pas été réellement testée. Les Stampeders, eux, se sont permis d'être patients et n'ont jamais abandonné le jeu au sol. Au troisième quart, ils ont eu le ballon pendant dix minutes. Pendant ce temps, l'attaque des Alouettes est sur le banc et refroidit.
Vous connaissez le cliché : la meilleure défensive, c'est l'attaque. C'est ce qu'avaient fait subir les Alouettess aux Bombers et aux Ti-Cats en conservant une moyenne de temps de possession de 38 minutes.
Les unités spéciales ne font pas le travail
On parle beaucoup d'attaque et de défensive, mais il ne faut pas oublier que dans la Ligue canadienne, la fameuse bataille du positionnement sur le terrain est primordiale et les Alouettes n'ont vraiment pas été bons à ce chapitre jeudi.
Duval a raté plusieurs bottés de dégagement. La plupart étaient trop longs et Calgary se permettait de concéder le simple, bien heureux de placer son attaque à la ligne de 35.
On n'a également rien généré sur les retours de bottés. Jamais Jason Armstead n'a placé l'équipe dans une position menaçante. Ce n'est pas vrai que l'attaque va toujours pouvoir traverser le terrain au complet, surtout au football à trois essais.
On s'attendait à plus d'Armstead cette saison, mais il semble hésitant. Il s'est fait ramasser souvent jeudi et peut-être qu'il commence à regarder un peu trop d'où arrivent les plaqués. Le secret des meilleurs retourneurs, c'est qu'ils sont capables de décoller en ligne droite comme une fusée et ensuite, quand ils ont passé la première vague de plaqueurs, ils font leurs feintes. Mais quand tu commences à faire du shake and bake aussitôt que tu as le ballon dans les mains, tu n'avances pas et tout le monde se rapproche de toi.
C'est une facette qu'il va falloir absolument améliorer du côté des Alouettes.
*Propos recueillis par Nicolas Landry
En première demie, les hommes de Marc Trestman ont péché par manque d'opportunisme. Damon Duval a réussi trois de ses quatre tentatives de placement, mais chaque fois il était positionné à l'intérieur de la ligne de 30 de l'adversaire. Ça signifie que les Alouettes sont parvenus à se rendre profondément dans le territoire des Stampeders sans être capables de leur faire payer le gros prix.
À un certain moment, Montréal profitait d'une avance de 11-0. Henry Burris avait échappé le ballon à la porte des buts, les Alouettes avaient répliqué quelques jeux plus tard avec un touché de 67 verges. On s'est dit que ça y était, que c'était reparti et qu'à l'image de leurs deux premiers matchs de la saison, les Alouettes allaient se payer une petite promenade en nature. Si on remplace quelques placements de Duval par des touchés, on assiste au même scénario que contre les Blue Bombers la semaine dernière et le match est dans la poche avant même le début de la deuxième demie, mais ce n'est pas ce qui s'est produit.
C'est donc ce que je retiens de la première demie. Les Alouettes ont accumulé un paquet de verges, mais ça n'a pas paru où ça compte le plus au tableau indicateur.
Dans la deuxième moitié du match, c'est le manque de patience des Oiseaux qui m'a dérangé. On assistait à une rencontre chaudement disputée, il n'y avait aucune raison de paniquer Je trouve bizarre qu'on n'ait pas donné un rôle accru à Avon Cobourne avec le jeu au sol ou encore avec de courtes passes. Comme si on devait jouer du football de rattrapage, ce qui n'était pourtant pas le cas. On s'est entêté à favoriser le jeu aérien et les Stampeders - pas fous! - ont vite détecté la tendance.
C'était évident que les Stampeders attendaient avec impatience la passe piège destinée à Cobourne, un jeu qui avait rapporté gros aux Alouettes dans leurs deux premiers matchs. Ces derniers l'ont toutefois essayé une fois en première demie et on ne l'a plus jamais revu.
Risques et récompenses
Il faudrait justement donner le crédit qui lui revient à l'unité défensive des Stampeders, qui était visiblement bien préparée et qui s'est amené à Montréal pour jouer du gros football.
Le coordonnateur défensif Chris Jones, qui affrontait son ancienne équipe pour la première fois, a décidé d'investir dans le blitz. Il avait d'ailleurs en quelque sorte annoncé ses couleurs dans les jours précédant le match en disant qu'Anthony Calvillo jouait beaucoup moins bien quand il était couché par terre. Ses joueurs se sont rendus dès le début du match à Calvillo; on l'a frappé tôt et souvent.
Évidemment, quand tu décides de blitzer à profusion et de jouer une couverture homme à homme, les chances sont bonnes pour que tu accordes quelques longs jeux et c'est ce qui s'est produit. Il y a eu le touché de Jamel Richardson, le jeu de 60 verges complété par Cobourne, d'autres de 36 et de 23 verges. Bref, je crois que Montréal a réussi cinq jeux de plus de 20 verges en deuxième demie. C'est un risque que les Stampeders avaient décidé de prendre et en échange, ils ont ébranlé Calvillo.
Je le répète souvent : Anthony n'est pas différent des autres quarts. Quand tu rabats constamment un quart-arrière au sol, tu le fais réfléchir, tu le déconcentres. Jeudi, je crois que Calvillo a été frappé plus souvent que lors de ses deux premiers matchs combinés.
La stratégie des Stamps a rapporté en deuxième demie. La pression est demeurée constante sur Calvillo. Peu souvent utilisé, le jeu au sol des Alouettes a été neutralisé. Le front défensif des visiteurs a complètement dominé la ligne d'engagement et les Alouettes, entre autres parce qu'ils s'obstinaient à tenter de longs jeux sur le premier essai, ont constamment fait face à des situations de deuxième essai et long.
Jones est un disciple de Don Matthews. Il croit fermement que la meilleure façon de jouer en défensive, c'est d'appliquer une pression constante sur le quart adverse. En anglais, on dit qu'il préconise un style High risk, high reward, c'est-à-dire qu'il aime miser gros, mais si le travail est bien fait, le jeu en vaudra amplement la chandelle. On a vu la partie risquée du plan de match en première demie et on a aussi vu la récompense dans la deuxième. Ce que Chris Jones a semé en début du match, il l'a récolté à la fin.
Quand tu favorises une couverture homme à homme, tu dois t'assurer que tes joueurs sont conscients de l'importance de réussir leurs plaqués et les Stampeders ont été excellents à ce chapitre. Il ne faut pas non plus oublier qu'au-delà des schémas, de la finesse et de la stratégie, le football est d'abord et avant tout un sport de collisions et j'ai trouvé que les Stampeders ont remporté la bataille de l'intensité et de la robustesse. Sur la route, ils ne se sont jamais laissés intimider et ont été plus physiques que leurs adversaires.
Chez les Alouettes, on a vu des passes trop courtes, imprécises, et les receveurs ont échappé nombre de passes. Une succession d'erreurs, quoi.
Le jeu au sol de Calgary
On ne peut pas passer sous silence la prestation de Henry Burris. Le quart-arrière des Stampeders a été bon comme passeur, mais c'est avec ses jambes qu'il a été le plus dangereux. Non seulement a-t-il récolté 93 verges au sol, mais combien de fois a-t-il permis à son équipe de poursuivre une séquence en allant chercher un premier jeu critique?
Il n'y a rien de plus démoralisant pour une défensive que de voir les demis défensifs être dans les culottes des receveurs, que personne ne parvient à se démarquer, que la pression se rend au quart et que ce dernier réussit à y échapper. Tu fais tout à la perfection, mais tu te fais quand même battre pour un premier jeu.
Ce qui rend la chose encore plus décourageante, c'est que vous pouvez être certain qu'à chaque jour qui a précédé cet affrontement, le coordonateur de la défensive des Alouettes, Tim Burke, s'est fait un devoir de rappeler à ses troupes dans les différents meetings que la première chose qu'il faut faire contre Calgary, c'est contenir Henry Burris. On ne l'a pas fait et c'est ce qui a fait la grande différence dans ce match.
Quand Burris ne transportait pas lui-même le ballon, il le refilait à Joffrey Reynolds, qui est allé chercher un autre 82 verges au sol pour Calgary. On trouvait extraordinaire que la défensive des Alouettes avait limité Jesse Lumsden et Charles Roberts à un total de 46 verges dans les deux premiers matchs de la saison, mais dans le fond, on savait très bien qu'elle n'avait pas été réellement testée. Les Stampeders, eux, se sont permis d'être patients et n'ont jamais abandonné le jeu au sol. Au troisième quart, ils ont eu le ballon pendant dix minutes. Pendant ce temps, l'attaque des Alouettes est sur le banc et refroidit.
Vous connaissez le cliché : la meilleure défensive, c'est l'attaque. C'est ce qu'avaient fait subir les Alouettess aux Bombers et aux Ti-Cats en conservant une moyenne de temps de possession de 38 minutes.
Les unités spéciales ne font pas le travail
On parle beaucoup d'attaque et de défensive, mais il ne faut pas oublier que dans la Ligue canadienne, la fameuse bataille du positionnement sur le terrain est primordiale et les Alouettes n'ont vraiment pas été bons à ce chapitre jeudi.
Duval a raté plusieurs bottés de dégagement. La plupart étaient trop longs et Calgary se permettait de concéder le simple, bien heureux de placer son attaque à la ligne de 35.
On n'a également rien généré sur les retours de bottés. Jamais Jason Armstead n'a placé l'équipe dans une position menaçante. Ce n'est pas vrai que l'attaque va toujours pouvoir traverser le terrain au complet, surtout au football à trois essais.
On s'attendait à plus d'Armstead cette saison, mais il semble hésitant. Il s'est fait ramasser souvent jeudi et peut-être qu'il commence à regarder un peu trop d'où arrivent les plaqués. Le secret des meilleurs retourneurs, c'est qu'ils sont capables de décoller en ligne droite comme une fusée et ensuite, quand ils ont passé la première vague de plaqueurs, ils font leurs feintes. Mais quand tu commences à faire du shake and bake aussitôt que tu as le ballon dans les mains, tu n'avances pas et tout le monde se rapproche de toi.
C'est une facette qu'il va falloir absolument améliorer du côté des Alouettes.
*Propos recueillis par Nicolas Landry