QUÉBEC - Deux jours avant le dernier Super Bowl, Julian Edelman avait bousillé sa mission sur un jeu offensif à la porte des buts lors de la dernière séance d’entraînement. Lors du jour J, il a exécuté son rôle à la perfection sur ce qui a été le touché victorieux de James White en prolongation.

Ce récit, il vient de Chad O’Shea, l’entraîneur des receveurs des Patriots de la Nouvelle-Angleterre. De passage à Québec pour la clinique des entraîneurs du Rouge et Or de l’Université Laval dirigée par Carl Brennan, O’Shea a épaté l’assistance avec son exposé sur la valeur de la préparation.

L’objectif de l’entraîneur était simple, il voulait démontrer, avec des preuves à l’appui, que les Patriots ont pu se hisser parmi les meilleures organisations de la NFL grâce au souci accordé à cette préparation.

O’Shea a donc diffusé plusieurs séquences de tactiques pratiquées pendant les entraînements. Tout de suite après, il a enchaîné avec le résultat qui s’est produit lors des matchs avec les stratégies identiques. Le constat était tout simplement fascinant.

Prenons un autre exemple. En raison du déficit qu’ils accusaient, les Patriots ont dû réussir deux convertis de deux points pour pousser le match en prolongation et l’emporter. Le taux de réussite de ces jeux n’est pas très élevé et les équipes disposent souvent d’une option préférée pour tenter leur chance.

Malcolm ButlerMême les plus fervents partisans des Patriots étaient donc sceptiques sur les chances d’en réussir deux dans le dernier quart. Vous savez quoi? Les entraîneurs des Pats avaient demandé de planifier et pratiquer plusieurs jeux pour les convertis de deux points puisque le match s’annonçait à saveur offensive contre les Falcons d’Atlanta.

Encore une fois, la préparation a donc été très payante pour les hommes de Bill Belichick.

Mais ça ne s’arrête pas là, bien au contraire. Deux ans plus tôt, la victoire lors du Super Bowl avait été tout autant dramatique avec l’interception de Malcolm Butler alors que le match semblait dans la poche pour les Seahawks de Seattle.

L’histoire est devenue publique, mais les entraîneurs des Patriots avaient pressenti que les Seahawks choisiraient ce jeu à la porte des buts. Pendant la répétition générale, Butler avait réagi trop tardivement et il s’était fait sermonner. Quand la situation s’est représentée au Super Bowl, il a épaté la planète football avec une interception convaincante.

Danny AmendolaQuelques minutes plus tôt, à mi-chemin au quatrième quart, Danny Amendola avait marqué un touché crucial pour relancer les siens qui tiraient de l’arrière par 10 points. Aussi étonnant que ça puisse paraître, ce jeu avait été inséré la veille du match de championnat dans le cahier de jeux des Patriots.

Tom Brady avait remarqué le potentiel d’une approche utilisée par les Cowboys de Dallas contre les Seahawks. Brady avait donc réuni ses entraîneurs pour leur dessiner ce qu’il avait en tête. Même si le jeu n’a jamais été pratiqué par les Pats, l’unité offensive s’est ralliée derrière lui et Amendola a prouvé sa vision en complétant le majeur.

C’est donc en repensant à tout ce travail élaboré pendant la préparation que O’Shea se réjouit encore plus des triomphes au Super Bowl.

« C’était vraiment un moment spécial pour nous. Comme je le disais aux entraîneurs qui étaient présents, il y a beaucoup de travail derrière ça. On suit une manière de faire en laquelle les joueurs ont confiance. Voilà pourquoi c’était aussi plaisant de les voir connaître du succès, c’est parce que les résultats proviennent des efforts », a insisté O’Shea en expliquant qu’il faut aussi détendre l’atmosphère à l’occasion et ne jamais manquer d’enthousiasme.

En étant aux commandes des receveurs, O’Shea peut se fier à des vétérans inspirants comme Amendola et Julian Edelman. Alors qu’Amendola n’a pas été repêché, Edelman a été sélectionné en septième ronde. Pourtant, les deux athlètes sont encore très fiables au début de la trentaine.

Un extrait vidéo impliquant Edelman et Brady a d’ailleurs fait le tour du web. Durant cette vidéo, on peut facilement constater à quel point Edelman était motivé à orchestrer la remontée historique de sa troupe. S’il ne possède pas la plus grande capacité d’attention - comme l’a avoué O’Shea - Edelman se classe parmi des athlètes d’exception.

« On a beaucoup de bons meneurs dans notre équipe, des vétérans et des plus jeunes. Julian et Danny sont d’excellents meneurs et on est très chanceux de compter sur eux », a répondu O’Shea qui croit qu’Edelman a pu réussir son attrapé miraculeux grâce à sa conviction supérieure à la moyenne.

Edelman fait souvent référence à Brady pour expliquer son professionnalisme. O’Shea a confirmé les dires de son receveur en expliquant que Brady est constamment filmé pendant sa préparation par un employé qui le suit partout. Par la suite, Brady peut visionner tout ce matériel et peaufiner les plus petits détails de son arsenal.

« Tom se démarque vraiment par son éthique de travail. C’est un travailleur infatigable, un perfectionniste. Il s’améliore tous les jours grâce à ça et c’est ce qui m’épate le plus. Pour cette raison et son approche d’équipe, c’est très plaisant de faire partie de ce personnel d’entraîneurs et de l’avoir comme quart-arrière », a affirmé O’Shea.

Julian EdelmanAu fil du temps, Brady a gardé les deux pieds sur terre puisque Belichick ne l’épargne pas. En effet, les Patriots consacrent toujours du temps pour revoir, en groupe, les mauvaises séquences survenues sur le terrain. D’après O’Shea, Belichick critique Brady de la même manière que tous les autres joueurs quand il a raté son coup.

Au cours des prochains mois, Brady aura la chance de compter sur une acquisition d’envergure en Brandin Cooks. Outre Randy Moss, Brady n’a pas souvent eu le privilège de miser sur des receveurs - et non des demis insérés - de ce calibre. Bien sûr, O’Shea se réjouit de cet ajout.

« Chaque fois que tu peux ajouter un joueur qui a connu du succès dans la NFL, c’est vraiment emballant. Ce sera mon travail en tant qu’entraîneur de m’assurer qu’il assimile bien les informations pour qu’il puisse se démarquer comme joueur. J’ai hâte de lui enseigner! », a prononcé O’Shea.

Un membre du Rouge et Or avec les Patriots?

Étant donné le lien d’amitié qui unit O’Shea et Glen Constantin, il ne serait pas très étonnant de voir les Patriots s’approprier les services de l’ailier rapproché Antony Auclair qui est courtisé par la plupart des équipes de la NFL.

« Oui, je sais qu’ils ont ce très bon ailier rapproché que plusieurs personnes sont excitées de regarder. C’est révélateur à propos du programme sous le leadership de Glen. Je considère que c’est un programme impressionnant qui a beaucoup de similitudes avec les Patriots », a mentionné O’Shea qui suit le développement du football amateur canadien avec intérêt.

« Je pense que le football ici est très bon et très compétitif. On garde définitivement notre œil là-dessus. On est au courant de ce qui se passe avec les équipes et je sais que Glen a fait un très bon travail pour promouvoir ses joueurs et son programme », a conclu le sympathique entraîneur.

La clinique d’entraîneurs exerce d’ailleurs une influence directe sur cette évaluation positive.

« Pour nous, c’est crucial puisque tout notre recrutement, ou presque, se fait au niveau provincial donc c’est une question de redonner au football amateur pour que les entraîneurs puissent mieux former leurs joueurs. Comme ça, quand ils arrivent aux niveaux collégial ou universitaire, ils sont mieux développés tactiquement et techniquement.

« C’est important pour nous de partager nos connaissances et d’être généreux par rapport à ça pour que les entraîneurs en profitent. Ultimement, ça revient aider le football universitaire par la suite », a convenu Constantin à propos de cette initiative.