Il y a de ces jours où une mauvaise nouvelle en cache une bonne. Des fois deux.

Débarqués à Boston en milieu d’avant-midi, le temps pressait pour se rendre au site d’entraînement des Bruins avant que Patrice Bergeron, Jarome Iginla et leurs coéquipiers ne quittent pour profiter du beau dimanche qui s’offrait à eux. Un coup d’œil sur les courriels reçus pendant l’envolée a tout changé. Au lendemain de sa victoire de 3-1 aux dépens des Blue Jackets, à Columbus, et à la veille du duel face aux Red Wings de Detroit, Claude Julien avait décidé de donner congé à ses joueurs.

Simonac! Ça change les plans. Quoi faire?

Boston étant une ville magnifique qui a beaucoup à offrir, ce n’était pas le choix qui manquait. Surtout avec les Patriots qui recevaient les Saints de La Nouvelle-Orléans au Gillette Stadium et les Red Sox qui disputaient le deuxième match de la série de championnat dans la Ligue américaine qui les oppose aux Tigers de Detroit.

Un pub ou le stade?

Parce que Foxborough, où les Pats sont installés, est à 45 minutes environ au sud du centre-ville et aussi parce qu’il était loin d’être acquis que je me trouverais un billet à prix raisonnable, j’ai opté pour un des nombreux charmes de Boston en m’attablant dans un pub pour vivre l’expérience d’un match des Pats au milieu de leurs fans.

Pendant que les matchs de début d’après-midi se terminaient autour de la NFL, le pub où je me trouvais, comme tous les autres qui l’entouraient, s’est rempli. Trente minutes avant le botté d’envoi à Foxborough, c’était plein. Plein de fans des Pats drapés des couleurs de leur équipe. S’il y avait des fans des Saints, ils étaient cachés ou très discrets, car je ne les ai pas entendus. Pas même vu.

Bon! Parce que j’ai toujours eu un faible pour cette équipe, j’avais la cause des Saints à cœur. Surtout que Drew Brees semblait en voie de dominer Tom Brady pour permettre aux Saints de gonfler leur fiche parfaite à six victoires.

Mais les fans de Boston étant très mauvais perdants lorsqu’ils ont un chandail des Bruins, des Pats, des Red Sox ou des Celtics sur le dos et quelques Sam Adams derrière le logo du club qu’ils encouragent, valait mieux rester discret.

Lorsque Brees a complété une passe magnifique pour un touché qui donnait les devants 24-23 à son équipe, ça s’est mis à grommeler dans le pub. Quand Brady a suivi avec une interception, ça s’est mis carrément à grogner. Quand les Saints ont profité de cette interception pour botter un placement qui gonflait leur avance à 27-23, ce n’était plus drôle du tout…

Pendant qu’à droite, à gauche, dans le fond du pub et derrière le bar, on commençait à disséquer la défaite, à chercher des coupables et à parler du prochain match, les images du Gillette Stadium en train de se vider étaient désolantes. Comme quoi il n’y a pas qu’au Centre Bell où les partisans quittent avant la fin des parties pour devancer le trafic. Ou parce qu’ils ont perdu confiance.

Les partisans qui avaient déserté le stade comme ceux qui se concentraient maintenant sur les nachos, ailes de poulet et autres plats gastronomiques associés à un dimanche après-midi de football ont eu tort de cesser de croire en leur club.

Et comment.

Car alors qu’ils les croyaient déjà battus, les Patriots sont revenus de l’arrière. Guidés par un Tom Brady qui avait des choses à se faire pardonner, les Pats ont remonté le terrain. Après avoir maximisé les secondes qui commençaient à se faire rares au cadran, Brady a lancé une passe parfaite pour le touché qui a tout changé. La passe de 17 verges de Brady était fidèle à la réputation du grand quart-arrière qu’il est. Mais l’attrapé réalisé par Kendrell Thompkins était plus beau encore. Non mais quel catch!

Comme ça, en un jeu, les Patriots ont transformé un revers qui virait le Tout-Boston à l’envers en victoire qui a viré le Tout-Boston à l’envers…

Au tour des Red Sox

Les Patriots ayant donné le ton, le temps était venu de se tourner du côté des Red Sox. Les médias sociaux assurant que des billets étaient disponibles à bon prix, j’ai mis le cap sur Fenway Park.

Je ne me suis pas rendu.

En fait oui. Je me suis rendu dans le secteur, mais comme le match était commencé, que les Red Sox frappaient plus souvent dans le vent que sur la balle, j’ai opté pour la même stratégie qu’en après-midi et me suis retrouvé au milieu de fans des Sox.

Ce n’était pas beau à entendre. Pire qu’en fin de match des Patriots.

Victimes de 17 retraits sur des prises lors du premier match de la finale qu’ils avaient perdu 1-0 samedi, les Red Sox offraient le même genre de match que la veille. Après six manches, c’était déjà 5-0 Tigers. Comme Anibal Sanchez (12 retraits) samedi, Max Scherzer (il a obtenu 13 retraits sur des prises en 7 manches) était intraitable.

Un petit point a ravivé les espoirs en fin de sixième.

Ce n’était pas assez pour aider à composer avec le froid qui tombait sur Boston. La septième manche n’a rien changé. En huitième, la relève des Tigers a mis un peu de bois dans le poêle. Les buts se sont remplis et David Ortiz s’est amené au marbre.

Comme Brady quelques heures plus tôt « Big Papi » avait lui aussi des choses à se faire pardonner.

Il n’en a plus ce matin.

D’un élan, Ortiz a frappé un grand chelem qui nivelait les chances. Le Fenway a vibré au rythme des fans qui se sont levés d’un trait, ont chanté, ont dansé. Dans le pub où je me trouvais, comme dans celui d’à côté, c’était la fête.

Une fête qui s’est poursuivie en fin de neuvième lorsque Jonny Gomes a été poussé au marbre après un coup sûr dans la gauche de Jarrod Saltalamacchia.

Au lieu de quitter pour Detroit avec un recul de 0-2 à combler et un rendez-vous avec Justin Verlander lors du troisième match, les Red Sox sont revenus au plus fort de la course pour une place en Série mondiale.

Grâce aux Patriots et aux Sox, Boston se réveille sous le soleil ce matin. Autant au sens propre qu’au sens figuré.

Et comme il ne faudrait pas que j’oublie que mon boss m’a envoyé ici pour aller voir ce qui se passe avec les Bruins et les Red Wings qui s’affrontent à 13 h ce lundi, c’est déjà le temps de se préparer pour le match. Un match que je vais suivre de la galerie de presse du Garden et non dans l’un des nombreux pubs qui l’entourent. Ça va être plus tranquille.