Ça fait maintenant deux ans que j’ai la chance de jouer en éliminatoires avec les Chiefs.

L’intensité est toujours plus présente. À compter du moment que tu es qualifié dans les éliminatoires, chaque équipe se voit aller jusqu’au bout. Nous n’envisageons jamais le pire scénario, soit celui d’être éliminé. Nous sommes tellement obsédés par remporter la prochaine partie que nous mettons toutes nos énergies dans ce but et non dans celui de préparer un plan de contingence, à savoir ce que nous faisons si nous perdons.

Bref, ce fut un peu mon attitude pour la rencontre face aux Steelers. Ça ne s’est pas déroulé comme l’équipe l’espérait. Comme je vous le racontais la semaine dernière, offensivement, ce fut difficile.

Lorsqu’il restait deux minutes à la partie et que les Steelers avaient la possession du ballon, c’était un moment pénible. Je me rendais compte que c’était fini, mais j’entretenais l'espoir jusqu’à la dernière seconde. Tout d’un coup, tu te rends compte que c’est impossible et que ta saison est terminée.

Ce n’était pas facile à digérer...

Dès le lendemain matin de notre élimination, nous avons rencontré nos entraîneurs et vidé nos casiers. Nous avons terminé la rencontre face aux Steelers dimanche à 23 h et à 15 h, lundi, nous étions libres comme l’air. Fini. Plus de football.

C’était un revirement de situation qui se fait extrêmement rapidement. La journée du lundi nous donne toutefois la chance de rencontrer nos entraîneurs un à un, Andy Reid, notre entraîneur de la ligne offensive, Andy Heck, et notre coordonnateur offensif, Matt Nagy, dans mon cas.

J’ai reçu de bons commentaires de chacun d’entre eux. J’ai fait le point avec Coach Reid sur mon horaire d’hiver puisque je me rapporte toujours un peu plus tard au camp de printemps en raison de mes études en médecine.

La fin de saison avec la ligne offensive est toujours un peu spéciale. Nous sommes un groupe qui crée une chimie incroyable. Nous sommes tous proches. Nous connaissons toutes nos copines et les enfants des autres. Nous nous voyons à l’extérieur du football pendant la saison.

Nous avons donc eu un dernier souper ensemble lundi. C’est en quelque sorte un souper d’adieu parce qu’il y aura probablement des changements. On se souhaite une bonne saison morte un peu naïvement en sachant que peut-être que certains ne seront pas de retour l’an prochain. C’est la réalité de la business.

Le point sur mon contrat

Pour ma part, je suis encore sous contrat avec les Chiefs pour la prochaine saison. Il s’agirait de la dernière année de mon entente de recrue.

Néanmoins, à compter de maintenant, j’ai l’opportunité de renégocier une entente plus longue avec mon équipe.

L’avantage de cela, pour les Chiefs, il pourrait potentiellement déjà me mettre sous contrat à long terme au lieu d’attendre que je sois un joueur autonome puisque je peux seulement discuter avec eux pour le moment.

Par contre, si on renégocie mon contrat, cela prendra effet dès l’an prochain. Les Chiefs doivent donc faire un calcul puisque, comme vous le savez, ils ont une masse salariale à gérer et que cela impliquerait une hausse de salaire.

Ceci est maintenant entre les mains de mes agents. Pour ma part, ce que je pouvais faire pour aider ce dossier, c’était de bien jouer et j’y ai consacré toute mon énergie durant la saison. Maintenant, mon attention est portée sur mes études en médecine. Mes agents s’occupent de la suite des choses. C’est eux qui ont les connaissances pour faire ce travail.

Un trajet différent pour le retour au Québec

Après les rencontres du lundi qui suivait notre élimination, je suis tout de suite rentré chez moi et j’ai commencé à paqueter mes affaires. On dirait que mentalement, lorsque la saison est terminée, il y a un gros vide. Comprenez-moi, Kansas City est une très belle ville. Mais quand tu perds, on dirait que tu déçois tes partisans. Dans mon cas, il y a aussi l’envie de revenir à Montréal pour voir la famille et parler en français.

Ma copine et moi avons sous-loué in extremis  notre appartement le lundi soir, bref le lendemain de notre élimination. Nous avons ensuite loué une nouvelle automobile. Le mardi après-midi, nous prenions la route en direction de Montréal.

C’est la première fois que je faisais le chemin entre Kansas City et le Québec en voiture. Pendant la saison, c’est quelque chose qui me trottait dans la tête. Je me disais que cela ferait une belle transition entre la folie du retour à Montréal et la fin de la saison de football.

C’était vraiment agréable. Ma copine et moi avions 23 heures de route à faire et nous l’avons fait en 28 heures avec un seul arrêt pour dormir. C’était une belle expérience. Quand nous sommes arrivés à Montréal, c’était plaisant parce qu’on le sent que c’est définitivement chez nous. C’est quand tu t’éloignes de chez toi que tu te rends compte à quel point tu l’apprécies.

En revenant, j’avais un horaire chargé avec plusieurs entrevues dans les médias. J’ai maintenant terminé cette partie et j’ai du temps libre avant le Super Bowl. Je vais donc en profiter pour aller faire la Traversée de la Gaspésie en ski de fond.

Sur un bateau de croisière, nous allons de ville en ville en remontant le fleuve Saint-Laurent pour faire des bouts de 30 à 40 kilomètres durant la journée. Le soir venu, nous rembarquons dans le bateau qui nous amène à une autre destination. Nous remontons le fleuve jusqu’à Montréal où nous arriverons ce samedi pour fêter le 375^e de Montréal.

La Traversée de la Gaspésie est un évènement que j’ai fait à deux reprises quand j’étais plus jeune et que j’avais adoré. Quand on m’a proposé d’y aller, c’était évidemment conditionnel à notre parcours en éliminatoires. Mon corps a encore un peu mal, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y aller parce que les paysages d’hiver sont tellement beaux!

Mes deux sœurs et moi irons donc rejoindre le groupe, dont mes parents font partie depuis le départ qui a été donné en Gaspésie, à La Malbaie étant donné que nous ne pouvions être présents au début. Toute la famille sera donc réunie pour le dernier segment. Ce sera très agréable!

Beaucoup de respect pour Auclair

Au cours des trois dernières semaines, Sasha Ghavami – qui est mon agent, mon meilleur ami et mon partenaire dans cette expérience qu’est la NFL – s’est déplacé dans trois différents matchs d’espoir aux États-Unis pour ses différents clients. Le dernier était le East West Shrine Game où j’ai moi-même participé en 2014.

C’est beau de voir qu’il y a trois ans, j’étais là et que c’était le début de mon aventure qui allait me mener à la NFL. Maintenant, c’est au tour d’Antony Auclair. Il s’est entraîné aussi avec Charlie Petrone au Tennessee, comme je l’avais fait.

Antony a connu du succès au Shrine Game et il a rencontré une vingtaine d’équipes de la NFL. Il a définitivement une chance de percer. Je lui ai parlé à plusieurs occasions et il a la bonne attitude ainsi que le bon état d’esprit.

L’intérêt que les dépisteurs de la NFL portent envers lui est bien réel. Chris Ballard, qui est l’adjoint au directeur général avec les Chiefs, m’avait demandé ce que je pensais d’Antony lorsqu'il avait reçu les bandes vidéo de la performance de lui face aux Carabins durant sa saison avec le Rouge et Or. Et à la suite de la conversation, il m’avait dit : « This guy has a shot ». En d’autres mots, il a une opportunité devant lui.

Il emprunte un chemin qui a fonctionné avec moi. Je suis sûr qu’il pourrait fonctionner avec lui!

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne