Les Patriots ont visiblement appris du dernier match disputé à Denver.

Les deux clubs s’étaient affrontés en janvier en finale d’association et les Broncos l’avaient emporté 20-18. Des chiffres probants sont ressortis de ce duel : Tom Brady avait tenté 56 passes, il avait été victime de quatre sacs de quart et avait été frappé 17 fois. Ça avait fait toute la différence. Les Pats avaient montré du football unidimensionnel avec 17 courses et on n’avait pas contrôlé le front défensif des Broncos. Ça avait été très difficile pour eux.

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J’avais donc hâte de voir le match de dimanche car on retournait à Denver dans un environnement hostile et bruyant, encore une fois face à une bonne défense.

Je me doutais que les Pats allaient avoir retenu des leçons et on en a la preuve quand on regarde les statistiques : 32 passes tentées, 39 courses, un ratio de +3, trois revirements provoqués (dont deux par la défense) contre aucun encaissé et seulement quatre pénalités. Brady a été victime de seulement deux sacs et il a été frappé seulement sept fois.

Ce qui a permis aux Pats d’arriver avec ce genre d’attitude-là, ce genre de plan de match, c’est justement la performance de janvier. On ne pouvait pas avoir de déséquilibre aussi grand face à des gars de l’autre côté qui sont capables de mettre de la pression comme Von Miller. On s’amenait à l'étranger en sachant que l’attaque des Broncos en arrache dernièrement : on n’a pas de jeu au sol et on compte sur un jeune quart-arrière en Trevor Siemian, donc on n’a pas l’attaque la plus explosive. Les Pats, en sachant ça, n’avaient pas besoin de forcer le jeu et pouvaient se permettre d’y aller de façon équilibrée parce qu’on savait que l’attaque des Broncos ne ferait pas beaucoup de points. Ça aide à établir le plan de match. Ça a permis aux Patriots d’être plus patients dans leur approche, de mieux protéger Tom Brady.

Comme à la vieille époque

Cette victoire-là m’a fait un peu penser à un match des premières années de Brady. Les Pats gagnaient en équipe – et ça reste le cas encore aujourd’hui –, mais à l’époque, c’était vraiment basé sur du jeu défensif, du jeu au sol et quelques belles passes du quart. C’étaient des victoires où tout le monde se complétait. Il y avait vraiment une belle complémentarité dans toutes les unités, ce que l’on a retrouvé hier : l’attaque au sol a bien fonctionné, l’attaque n’a pas fait d’erreur et n’a pas été victime de revirement, puis les unités spéciales ont contribué (le botteur de dégagement Ryan Allen a été excellent avec trois bottés à l’intérieur de la ligne de 10). On est revenu à une formule où tout le monde joue en équipe, tout le monde contribue. Même si ce n’est rien de spectaculaire, on gagne la bataille du positionnement sur le terrain, on protège le ballon et on est discipliné. On joue du football propre qui n’est pas super excitant, mais efficace, et c’est ça la mission des Patriots. Qu'on gagne par 1, 14 ou 50 points, je ne pense pas que ça dérange tellement Bill Belichick. Il comprend qu’il n’y a pas de point accordé pour le style.

De son côté, la défense, en plus des deux revirements provoqués, a réalisé quatre sacs du quart et alloué seulement 58 verges au sol. Les Broncos n’ont marqué que trois points, et ce, au premier quart. Pendant les 45 autres minutes, ce fut le néant.

Avant le match, si on m’avait dit que les ailiers défensifs des Patriots allaient avoir plus de succès que les secondeurs extérieurs des Broncos, qui sont payés pour mettre de la pression sur le quart adverse, je n’y aurais pas cru. Les ailiers défensifs des Pats ont signé trois des quatre sacs, tandis que sur les deux sacs de  Broncos, aucun n’est venu de Von Miller ou de DeMarcus Ware. La ligne à l’attaque des Pats a bien protégé. J’ai vraiment aimé le travail du bloqueur du côté droit Marcus Cannon, qui a travaillé beaucoup contre Miller. Il a parfois reçu de l’aide avec un petit coup d’épaule du porteur de ballon ou d’un ailier rapproché, mais je l’ai souvent vu travailler à un contre un contre Miller et il a super bien fait.

Je vous rappelle qu’il y a eu seulement 32 passes tentées par Brady comparativement aux 56 du match précédent. Quand tu as 32 passes, ça veut dire que de l’autre côté, la ligne défensive n’a pas autant d’opportunités pour attaquer le quart, donc tu ne peux pas préparer autant tes stratégies ou prendre autant ton rythme. Sur les 32 passes, il y en avait plusieurs qui étaient des reculs rapides, donc la passe est livrée rapidement et on n’a pas le temps de se rendre au quart. Les autres étaient des feintes de jeu au sol suivies de passes. Ainsi, sur les 32 passes, il ne reste pas beaucoup d’opportunités pures pour attaquer le quart adverse. La stratégie a donc fonctionné pour les Pats. Cela dit, quand on regarde le travail de la défense des Broncos, elle n’a pas grand-chose à se reprocher : Brady n’a complété que 50 % de ses passes, il a seulement lancé pour 188 verges, il n’a lancé aucune passe de touché, et au final, les Pats ont marqué seulement 16 points. Si on avait prédit un tel scénario aux Broncos avant la partie, ils auraient aimé leurs chances de succès, mais ce ne fut pas le cas.

Les Broncos ont joué tout un match défensivement, mais leur attaque n’a pas bien fait. Ce qui me saute aux yeux, c’est que le problème du jeu au sol vient vraiment les affecter. Quand tu n’as pas de jeu au sol, tu as de la misère à aller chercher les 3-4 verges nécessaires par-ci par-là pour te donner des troisièmes essais et court. Si tu passes ta journée en troisième essai et long, l’adversaire peut s’appuyer sur tout un éventail de stratégies, tandis qu’en troisième et court, elle n’a presque pas le choix de faire du homme à homme, alors tu sais davantage à quoi t’attendre et peut mieux exploiter la confrontation qui fait ton affaire. Hier, les Broncos étaient 2 en 12 en troisième essai car ils étaient souvent en troisième et long, ce qui veut dire qu’on a manqué de rythme en attaque et qu’on n’a pas soutenu nos séquences. En plus, ils ont manqué d’opportunisme en se rendant dans la zone payante deux fois sans capitaliser. C’est sans oublier deux revirements en zone payante, dont une interception, ce qui signifie qu’on n’a pas bien protégé le ballon et qu’on a été trop généreux en le redonnant à l’adversaire.

Et quand on parle d’opportunisme, les Pats, eux, l’ont été. Sur les deux premiers revirements, ils ont marqué 10 points : l’échappée en début de Jordan Norwood a mené à trois points, alors que l’interception de Logan Ryan contre Siemian a mené à un touché de sept points. C’était alors 10-3 pour les Pats.

Je peux comprendre la frustration de l’unité défensive des Broncos. C’était surtout frustrant de voir la décision de l’entraîneur Gary Kubiak à la fin de la première demie quand il lui restait trois temps d’arrêt. Il ne les a pas utilisés, décidant tout simplement de retraiter au vestiaire. À partir de ce moment, l’attaque a été plus éteinte que jamais. C’était un drôle de message de l’entraîneur à son équipe…  Plusieurs mauvaises séquences se sont enchaînées en deuxième demie : passe échappée, pénalité qui donnait des troisièmes essais et long, d’autres passes échappées, un sac du quart en troisième et un, une autre passe échappée en quatrième essai. Ç’a été un festival d’erreurs et de pénalités.

J’ai hâte de voir ce qui va arriver aux Broncos (8-6), qui sont les champions en titre, car ils sont présentement hors du portrait éliminatoire. En plus, ils devront affronter les Raiders (11-3) et les Chiefs (10-4) lors des deux dernières parties. Ça risque d’être difficile pour eux.

En même temps, pour les adversaires, je sens que plusieurs coordonnateurs offensifs vont être heureux quant à la possibilité de ne pas avoir à affronter la défense des Broncos. Si ces derniers n’accèdent pas aux éliminatoires, ce sera un casse-tête de moins pour l’adversaire.

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