Les Falcons d’Atlanta nous avaient fait la preuve à plus d’une reprise durant les derniers mois qu’ils possédent une attaque dévastatrice.

Dimanche, en finale d’association contre les Packers de Green Bay, ils ont été fidèles à leur réputation. Ils sont été franchement impressionnants, et ce, du botté d’envoi jusqu’à la fin du quatrième quart.

Comme lors des sept semaines précédentes, ç’a commencé sur les chapeaux de roue pour les Falcons, qui ont inscrit le majeur sur leur première séquence offensive. Pour ceux qui conservaient un doute, vous avez bien lu : l’attaque d’Atlanta inscrivait un touché offensif pour amorcer la rencontre pour une huitième fois d’affilée.

C’est évidemment un signe très clair que les troupes sont bien préparées et que les stratégies ont été bien identifiées. À cet égard, le coordonnateur offensif Kyle Shanahan mérite des félicitations. Il a scripté à merveille cette première série.

On s’est aperçus dès le début que les Packers allaient être dans de beaux draps tout l’après-midi. Sur les trois de situations de troisième essai, avec six, 11 et deux verges à franchir, les visiteurs n’ont pas été en mesure de générer la moindre pression sur le quart Matt Ryan. Ce n’était même pas proche!  Pour l’ensemble de la rencontre, les Falcons ont connu un résultat positif sur 12 de leurs 13 situations de troisième essai. C’est pratiquement la perfection.

Déjà à ce moment, on savait que les Falcons n’auraient aucune difficulté à poursuivre leurs séquences et à avancer méthodiquement sur le terrain. Et en plus, Ryan nous a montré qu’il pouvait être plus qu’un quart-arrière « classique » lorsque la situation le requiert. Sa mobilité a été mise en évidence lorsqu’il est sorti de sa pochette protectrice à quelques reprises, notamment sur une course de 14 verges jusque dans la zone de buts, et sur une passe sous-marine en direction de Mohamed Sanu pour le majeur au premier quart.

Difficile aussi de passer sous silence la performance ahurissante du receveur no 1 de Ryan, Julio Jones, qui a terrorisé la tertiaire de Green Bay avec sa combinaison de vitesse, de puissance et d’agilité. On a constaté que les demis de coin adverses étaient carrément incapables de le ralentir. On aurait même dit un homme d’entouré d’enfants!

En plus d’inscrire le touché qui portait le compte 24-0, il a remis ça en grand dès le début du troisième quart en traversant la défense des Packers sur 73 verges pour en marquer un deuxième, celui qui portait le coup d’assommoir.

Il faut dire que les Packers ont laissé filer un nombre anormal d’opportunités de demeurer dans le match. Sans dire qu’ils auraient nécessairement eu une chance de l’emporter s’ils avaient su en profiter, le déroulement de la rencontre aurait sans doute été bien différent. Mais contre un club qui marque avec une facilité aussi déconcertante, il aurait fallu qu’ils se montrent plus opportunistes dans toutes les phases du jeu.

Dans un premier temps, ils ont raté une chance d’inscrire trois points à leur première séquence lorsque Mason Crosby a raté un botté de précision plus que faisable sur 41 verges.

À 10-0, les Packers ont remonté le terrain et semblaient en voie de s’inscrire au tableau indicateur lorsque le centre-arrière Aaron Ripkowski s’est fait arracher le ballon des mains et que les Falcons l’ont recouvré.

Peu après, l’attaque d’Atlanta a été coupable d’un cafouillage lorsque la remise sur un balayage rapide a frappé le bras du receveur Taylor Gabriel, qui passait par là. Le secondeur Jake Ryan a initialement mis les deux mains sur le ballon, mais par une malchance qui est difficile à expliquer, c’est plutôt Gabriel qui a réussi à en récupérer la possession.

Puis, en fin de deuxième quart, deux passes errantes de Ryan auraient pu se solder en interceptions, mais les deux fois, les joueurs défensifs des Packers ont mal jugé la trajectoire du ballon. Ne pas pouvoir profiter de telles chances, c’est mortel.

Je dois dire que la défensive des Falcons m’a surpris durant cette finale de l’association Nationale. À mon sens, il s’agit d’un club qui possède une défense correcte, mais sans plus. La formation de Dan Quinn compte parmi ses partants une panoplie de jeunes joueurs (quatre recrues et quatre joueurs de deuxième année pour être exact) qui au cours des dernières semaines alternaient les gros jeux et les erreurs.

On peut dire que ça regarde bien pour cette jeune unité, qui a réussi à blanchir les Packers en première demie. Ce n’est pas rien! Les Packers avaient marqué jusqu’à présent en éliminatoires 38 points face aux Giants de New York (deuxièmes en saison régulière pour les points alloués) et 34 points face aux Cowboys de Dallas (cinquièmes à ce chapitre). Cette fois, ils se mesuraient à une formation classée 27e durant la saison. En bout de ligne, elle m’a concédé que 21 points.

Chapeau notamment à la ligne défensive, qui a causé des maux de tête à une ligne offensive habituellement très efficace pour protéger Rodgers. Les plaqueurs défensifs se sont distingués en dérangeant Aaron Rodgers. Ils ont vraiment eu le dessus sur leurs rivaux du centre de la ligne, c’est-à-dire le centre et les deux gardes des Packers.

Ce qui a aussi été surprenant a été le succès avec lequel les Falcons ont réussi à appliquer de la pression provenant du troisième demi de coin (le « nickel »). Je ne comprends pas pourquoi la tactique a aussi bien fonctionné, car après tout, les Cowboys avaient réussi trois sacs du quart ainsi pas plus tard que la semaine dernière. On aurait été porté à croire que Mike McCarthy se serait assuré que cela ne se reproduise pas. Et même si les Falcons n’ont pas obtenu de sac du « nickel » proprement dit, celui-ci a généré beaucoup de pression et rabattu Rodgers au sol à quelques reprises.

Bref, on peut réellement dire que les Falcons d’Atlanta ont mérité leur présence au Super Bowl.

C’était prévisible : Brady a rebondi

À quelque part, on était plusieurs à se douter que Tom Brady allait connaître un bien meilleur match que la semaine dernière, face aux Texans de Houston. Selon les standards qu’il a établis, il avait été plutôt ordinaire, se faisant victime de deux interceptions.

C’est bien rare que le no 12 des Patriots de la Nouvelle-Angleterre en connaît deux mauvaises de suite. Il y avait donc fort à parier que le plan de match allait passer par lui, et c’est ce qui s’est produit. Dès les  tous premiers instants, les Pats ont installé leurs formations à trois ou quatre receveurs. On a étiré horizontalement la défensive contre la passe des Steelers de Pittsburgh. Le tempo était très élevé et à coup de petites passes, on a découpé la tertiaire avec aisance.

Mike Mitchell et Tom BradyOn sait que les Steelers possèdent une formation de base de type « 3-4 » en défensive et que la pression provient des secondeurs extérieurs. Mais avec autant de receveurs sur le terrain, les Pats sont parvenus à les faire « sortir de la boîte ». Bud Dupree et James Harrison, les deux meilleurs joueurs de Pittsburgh pour appliquer de la pression, étaient obligés d’effectuer des couvertures de passes au lieu de nuire au travail de Brady.

Je n’ai pas compris les instructeurs de Steelers de s’obstiner à privilégier les couvertures de zone malgré le fait que les Pats étaient en train de les avaler tout rond. Il est vrai que c’est une partie intégrante de leur philosophie, mais celle-ci est seulement valable si le front défensif génère suffisamment de pression. Mais contre un quart qui a du temps à sa disposition, c’est un pari très risqué, et c’est carrément suicidaire contre Tom Brady.

Au lieu de faire du homme à homme et de déranger les receveurs à la ligne d’engagement, les Steelers se sont entêtés à n’apporter aucun ajustement. Pour nuire au synchronisme de l’attaque des Pats, il faut forcer Brady à tenir le ballon un peu plus longtemps, lui qui s’en départit en 2,4 secondes en moyenne. Conséquemment, il faut s’attaquer à ces cibles et faire en sorte que celles-ci arrivent en retard au point de réception. Au lieu de les défier, on les a laissées courir librement dans les entre-zones, avec les résultats évidents. Une véritable partie de plaisir, quoi!

On conviendra tous que la perte de Le’Veon Bell a été un dur coup, même si DeAngelo Williams n’a rien à se reprocher quant à sa prestation en relève. Et malheureusement pour les visiteurs, Antonio Brown a été  « l’élu » des Patriots. C’est lui que Bill Belichick a décidé d’éliminer de l’équation, puisque les Steelers ne possèdent pas un vrai bon receveur no 2 en l’absence de Martavis Bryant. C’était prévisible car c’est la marque de commerce de l’entraîneur des Pats.

Eli Rogers est un joueur honnête, mais son véritable rôle est celui d’un demi inséré capable de faire l’attrapé sur de courts tracés. En retirant Brown du plan de match, Ben Roethlisberger devait se tourner vers Cobi Hamilton, Sammie Coates, Darrius Heyward-Bey. Pas une commande facile de battre les Pats dans leur stade avec ce type de munitions.

Quant à la défense des Pats, elle n’est pas la plus flamboyante ou la plus intimidante sur papier, mais elle réalise les jeux importants à des moments-clés. Elle s’est montrée impitoyable contre le jeu au sol, notamment.

La stratégie de placer cinq joueurs sur la ligne défensive pour arrêter la course et cinq demis défensifs pour éviter les longs jeux aériens a rapporté des dividendes.

L’un des points névralgiques a été que la défense des Patriots a excellé à la porte des buts. Souvenons-nous qu’en fin de deuxième quart, l’ailier rapproché Jesse James avait été arrêté à l’intérieur de la ligne de 1. Que s’est-il produit sur les trois jeux subséquents? Deux pertes de terrain et une passe ratée à l’intention de Rogers. On a ainsi forcé les Steelers à se contenter de trois points alors que le touché semblait être dans la poche. Puis au quatrième quart, les Pats ont encore tenu le coup sur un quatrième essai à la ligne de 2.

C’est donc dire que sur ces deux séquences, les visiteurs ont inscrit trois points au lieu de 14. Dans un revers de 36-17, c’est toute une différence!

S’il y a un élément un peu plus alarmant, c’est l’absence de sacs du quart aux dépens de Big Ben. En plus, ils ne l’ont frappé qu’une seule fois. Il est vrai que la ligne à l’attaque des Steelers est l’une des bonnes du circuit, mais c’est la facette du jeu défensif qui a fait défaut. Il faudra faire beaucoup face à Matt Ryan et les Falcons.

* propos recueillis par Maxime Desroches