L’avant-dernière semaine du calendrier de la NFL a procuré beaucoup de matériel intéressant aux amateurs dont la victoire en prolongation des Jets de New York et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Tout d’abord, il faut reconnaître que ce fut toute une performance des Jets, ils méritent du crédit pour ce triomphe. Bien sûr, je reviendrai plus tard sur l’étonnante décision de Bill Belichick, mais je veux commencer par vous parler des raisons derrière le succès des Jets.

Mine de rien, les Jets ont renversé la vapeur depuis leur dossier de 4-12 la saison dernière. Ils viennent de remporter cinq matchs de suite en jouant du bon football pour grimper à un dossier de 10-5. On savait déjà qu’ils avaient une bonne défense, mais il faut croire que l’entraîneur-chef Todd Bowles et le coordonnateur offensif Chan Gailey tirent sur les bonnes ficelles avec le quart-arrière Ryan Fitzpatrick, ils ont le tour pour le préparer adéquatement.

Durant cette séquence de cinq victoires, Fitzpatrick a cumulé 1525 verges aériennes avec 13 passes de touché contre une seule interception. Les résultats démontrent que les Jets ont réussi de belles acquisitions qui sont payantes. Je pense justement à Fitzpatrick ainsi qu’aux receveurs Brandon Marshall et Eric Decker.

D’ailleurs, j’apprécie beaucoup Bowles, il dégage une assurance et une confiance. On a moins d’artifice avec lui qu’avec Rex Ryan, mais on obtient plus de substance. C’est drôlement intéressant à ce point de vue.

Historiquement, on savait que c’était plus difficile pour les Patriots quand ils allaient affronter les Jets dans leur stade. Ceux-ci ont accompli le nécessaire et ils pourraient devenir dangereux pour la suite des choses. Après tout, les Jets misent sur une défense de premier plan, une attaque au sol efficace, de bons receveurs et un quart-arrière qui semble en contrôle.

Quant aux Patriots, il faut se souvenir qu’ils avaient remporté leurs 10 premiers matchs, mais ça s’est compliqué par la suite avec deux victoires en cinq parties. Ça semble évident que les blessures finissent par les rattraper. Bien sûr, les Patriots seront les premiers à dire que ce n’est pas une excuse pour perdre des matchs, mais ça demeure une raison dans l’équation. On ne peut pas ignorer toutes les blessures sur la ligne offensive, chez les receveurs et les porteurs de ballon. On sait bien qu’une attaque fonctionne avec le synchronisme. Présentement, le problème, c’est que Brady est privé de la plupart de ses meilleurs éléments et il doit se contenter de Rob Gronkowski comme numéro un à sa position respective.

La chimie n’opère pas autant et ça se voit puisque Brady aime lancer le ballon rapidement et il peut le faire normalement étant donné qu’il est au diapason avec ses gars de confiance (Julian Edelman, Danny Amendola, Gronkowski et compagnie). C’est un peu comme de la télépathie, c’est ce qui se passe avec les receveurs quand le «courant passe». Tes alliés doivent voir la même affaire que toi et réagir de la même manière.

On s’aperçoit que sans ses cibles préférées, le rythme n’est pas là et Brady doit tenir le ballon plus longtemps. C’est une situation qui ne le favorise pas. Lorsque le ballon demeure trois secondes de plus dans sa main, on dirait que Brady n’aime pas ça et que ça commence à chauffer.

Un tel contexte n’est pas aussi contraignant quand ta ligne offensive tient le fort, mais cette unité est justement décimée par les blessures en plus de compter sur de jeunes joueurs.

Le front défensif des Jets a profité de la situation parce qu’il n’a même pas eu besoin de recourir aux blitz pour déranger Brady à répétition. Le quart des Patriots a été pris d’assaut et il était sous pression une fois sur deux. Souvent, il devait se débarrasser du ballon et ça menait à des passes imprécises ou des passes incomplètes.

Ceci dit, les Patriots vont tout faire pour gagner la dernière partie à Miami et s’assurer de l’avantage du terrain pendant les éliminatoires. Nul doute, s’il y a une équipe qui a besoin d’une semaine de congé pour reprendre son rythme, il s’agit bien des Patriots.

Matthew Slater et l'arbitreC’est le moment de revenir sur la décision de laisser les Jets entamer la prolongation avec le ballon. D’emblée, avouons que c’était un peu spécial comme décision. Par contre, on parle ici de Bill Belichick, qui n’est certainement pas l’entraîneur le plus conventionnel. On se souviendra de sa fameuse décision d’y aller en 4e essai et 2 verges à franchir à Indianapolis il y a quelques années. Ce n’est pas la première fois qu’il agissait de la sorte, il avait opté pour la même option contre les Broncos en 2013 et il avait eu le dernier mot. Il faut préciser que le vent était très fort durant ce match.

La décision était étonnante, mais elle impose des nuances. En prolongation, quand tu gagnes le tirage au sort, tu hérites de trois options. Tu peux choisir de botter, de recevoir ou de défendre un côté de terrain. Contre Denver, ils avaient opté pour la troisième avenue pour avoir le vent dans le dos au moment d’aller en attaque.

Chose certaine, s'il y a un entraîneur qui ne se gêne pas pour oser de telles décisions, c’est bien lui. Mais s’il y en a un qui n’a pas besoin de se stresser pour son travail, c’est bien lui également. Avec tous les titres gagnés, il détient un capital de sympathie assez important auprès de son propriétaire Robert Kraft. Je ne pense pas que celui-ci ira remettre en doute ses décisions.

De plus, il ne faut jamais oublier que c’est Belichick qui dispose des plus vastes informations pour aboutir à ses décisions. Peut-être qu’il se disait que sa ligne offensive était amochée, que son attaque en arrachait et qu’il valait mieux croire en sa défense pour réussir une grosse séquence et permettre de reprendre le ballon en excellente position avec le meilleur botteur de précision qui n’aurait pas été très loin de pouvoir tenter sa chance. Un tel scénario aurait pu mener à la victoire.

Par contre, je demeure sur ma position et j’aurais opté pour commencer avec le ballon. C’est une drôle de décision de la part de Belichick parce que c’est aussi un couteau à double tranchant. Je suis certain qu’il ne l’a pas fait dans cette optique, mais les Jets voulaient certainement lui prouver qu’il ne devait pas les sous-estimer et croire qu’ils ne pouvaient pas aller inscrire un touché. On doit féliciter Fitzpatrick qui a été à la hauteur dans ce moment déterminant. De plus, ça vient un peu dire à Brady qu’il n’avait pas confiance en lui en ne lui confiant pas le ballon. De l’extérieur, la perception pourrait ressembler à ce portrait. Mais bon, Belichick peut bien dormir sur ses deux oreilles quand il prend des décisions parce que force est d’admettre que ça fonctionne plus souvent qu’autrement.

Je vous soumets une autre façon de voir les choses pour conclure sur ce dossier. Durant ce match contre les Jets, on a senti que les entraîneurs des Patriots avaient besoin d’avoir une grande influence sur le jeu. Ils sont conscients que l’équipe est hypothéquée par de nombreuses blessures et ils réalisent qu’ils ne peuvent pas simplement se placer en formation et s’imposer. C’est pourquoi les entraîneurs ont eu recours à plus de miroirs et de fumée pour confondre l’adversaire. Une séquence offensive a été très révélatrice quand les Patriots ont sélectionné un jeu truqué, un jeu renversé et un autre en formation wildcat (remise directement au porteur de ballon). On sentait qu’en raison de toutes les blessures, ils devaient faire plusieurs choses pour générer de l’attaque. Au final, est-ce un peu ce qui s’est passé en prolongation? Peut-être qu’en raison de l’état de son équipe, Belichick a fini par vouloir trop en faire de son poste d’entraîneur.

Cependant, ce n’est pas la fin du monde pour les Pats, ils peuvent encore se reprendre à Miami dimanche prochain.

Pauvre Aaron Rodgers

Tant qu’à parler des équipes qui ont des lignes offensives amochées, je vous suggère d’enchaîner avec les Packers. Ils ont encaissé une dégelée de 38 à 8 contre les Cardinals de l’Arizona! D’abord, il faut dire que les Cards représentent probablement l’équipe de l’heure. Ils jouent du football inspiré et on a pu les suivre de près depuis quelques semaines. C’est vraiment plaisant de les regarder, on y voit une bonne équipe qui est solide autant en attaque qu’en défense.

L’entraîneur Bruce Arians est agressif dans sa sélection de jeux puisque les Cards souhaitent dicter le rythme et imposer leur loi. Le quart-arrière Carson Palmer joue encore du très bon football, il est bien protégé par sa ligne offensive et il est entouré d’un spectaculaire groupe de receveurs sans oublier le porteur de ballon David Johnson qui se démarque.Aaron Rodgers

Du côté de la défense, la perte de Tyrann Mathieu était redoutée, mais la relève a tenu le fort. Bien sûr, les Cards sont meilleurs avec lui sur le terrain, mais ça n’a pas paru qu’il était absent. Pour mettre le tout en perspective, les Cards ont provoqué quatre revirements pour 28 points.

C’est simple, ils ont harcelé Aaron Rodgers avec neuf sacs du quart dont huit à ses dépens. Ils lui ont fait échapper le ballon trois fois dont deux pour des touchés. Pauvre Rodgers, il ne savait plus où donner de la tête. Je me demande si je l’avais déjà vu avec un tel langage corporel. Il était découragé, il n’avait jamais de répit.

Pour comparer le tout, les Packers avaient été victimes de seulement 11 revirements avant ce match (en 14 parties) pour un total de 24 points. Là, on parle de quatre revirements pour 28 points en un seul match. C’était complètement fou de voir ça, c’était impressionnant.

Même si les Panthers (14-1) présentent une meilleure fiche, c’est difficile de ne pas parler des Cards (13-2) comme de l’équipe qui joue le meilleur football.

Ils n’ont pas ménagé la ligne offensive décimée des Packers qui devait se débrouiller sans ses deux bloqueurs. À ce propos, je suis toujours un peu surpris de voir des entraîneurs qui s’entêtent à ne pas donner d’aide à de jeunes bloqueurs. Ça me fait penser quand Khalil Mack (Raiders) avait amassé cinq sacs contre les Broncos. C’était la même affaire dans ce match, on n’a pas tout tenté pour ajouter des ailiers rapprochés ou des porteurs de ballon en renfort.

Il aurait au moins fallu s’assurer que Rodgers obtienne un peu de temps pour effectuer son travail. Je comprends que ça retire des receveurs quand on agit ainsi, mais ça ne donne rien d’envoyer quatre ou cinq receveurs en mouvement si tu ne peux pas leur lancer le ballon. Avec plus de temps, des receveurs comme Randall Cobb peuvent avoir plus de temps pour se démarquer.

Une bonne leçon pour les Panthers

On ne peut pas passer sous silence la première défaite de la saison des Panthers. Ça vient un peu de les rattraper parce qu’ils venaient de gagner leur match précédent dans la dernière minute contre les Giants en jouant avec le feu. Cette fois, ils n’ont pas été dominants contre les Falcons et tu ne peux pas toujours sortir un lapin de ton chapeau.

Je félicite les Falcons parce que je ne m’attendais pas à les voir vaincre les Panthers. En général, les Falcons ne déploient pas le style nécessaire pour égaler le côté physique des Panthers.

Leur défense a été étincelante en limitant les courses de Cam Newton ainsi que ses longues passes. C’est là qu’on réalise que les Panthers possèdent des faiblesses. S’ils ne peuvent pas réussir de longs jeux (leur plus longue passe a été de 19 verges), ils n’ont pas les capacités d’installer un jeu aérien méthodique.

Ça fait drôle à dire, mais est-ce que le fait que Ted Ginn se soit blessé tôt dans le match est venu affecter la prestation de Newton? On ne peut pas nier que ces deux athlètes ont développé une chimie impressionnante. C’est particulier parce qu’on n’aurait jamais pensé parler de Ted Ginn comme d’un rouage important d’une attaque il y a quelques années.

La recette pour ennuyer les Panthers a donc été exposée, mais il faut quand même dire que Ron Rivera était privé du porteur de ballon Jonathan Stewart.

Malgré tout, il ne faut pas partir en peur dans leur cas. Leur fin de match contre les Giants était l’occasion pour les entraîneurs d’insister sur le fait que tout n’était pas parfait. Maintenant, la défaite vient leur donner encore plus d’arguments. Cette défaite enlève aussi de l’équation le dossier de la saison parfaite qui représente une distraction. Les joueurs et les entraîneurs avaient beau dire qu’ils ne pensaient pas à ça, mais tout le monde voulait leur en parler. Maintenant, ils ne seront plus achalés par cette possibilité, c’est une source de pression en moins et ils peuvent passer au prochain dossier.

Ce revers peut leur permettre de prendre un pas de recul et ils pourront bien s’autoévaluer. Dans la NFL, tu ne peux pas seulement enfiler ton uniforme et gagner, tout le monde peut te battre. C’est une bonne leçon qui pourrait aider cette organisation.

*Propos recueillis par Éric Leblanc.