Je crois fermement, après avoir analysé la confrontation entre les 49ers de San Francisco et les Panthers de la Caroline sous tous ses angles, que ces derniers auraient bénéficié de jouer dimanche dernier au lieu de se voir octroyer un laissez-passer. Je conviens que cela peut paraître étrange, mais la réalité demeure qu’il s’agissait d’une équipe verte et peu inexpérimentée en éliminatoires.

Gonflée à bloc comme jamais, la jeune équipe dirigée par Ron Rivera a abordé le match avec un trop-plein d’énergie et d’émotion. Je ne m’oppose pas au principe selon lequel on refuse de voir un adversaire prendre d’assaut notre terrain et y faire sa loi. En fait, je trouve que c'est plutôt légitime de penser ainsi. Après tout, les Panthers avaient acquis le privilège d’évoluer devant leurs partisans. Et pourtant, l’effet pervers de cette mentalité a prévalu lorsqu’on a cherché démesurément à brasser et intimider. C’est pourquoi j’ai la conviction qu’il aurait été préférable que la Caroline joue la semaine précédente et qu’elle se débarrasse de la combativité excessive qui lui a valu plusieurs pénalités coûteuses, dimanche.

En ce qui me concerne, c’est aussi dans la zone payante que l’issue de cette rencontre s’est décidée. San Francisco a obtenu quatre occasions à l’intérieur de la ligne de 20 des Panthers, et a réussi à marquer deux touchés, dont celui de Vernon Davis, qui a dû être validé par la reprise vidéo, avec cinq secondes à faire à la première mi-temps. Pendant ce temps, les locaux ont été tenus en échec, n’inscrivant pas le moindre majeur même s’ils ont totalisé huit jeux à l’intérieur de la ligne de 10 des 49ers. Dans un duel aussi férocement disputé, ce genre de bévue est impardonnable.

Quant à Colin Kaepernick et son groupe de receveurs, ils en ont fait suffisamment pour l’emporter. Le quart des 49ers a paru ébranlé par moments, surtout au deuxième quart, mais s'est ressaisi de belle façon dans les instants précédant la mi-temps, avant de poursuivre sur cette même veine au retour du vestiaire. Après que Michael Crabtree se soit illustré la semaine dernière, ce fut au tour d’Anquan Boldin de se mettre en évidence avec de beaux attrapés. C’est de bon augure pour le jeu aérien des Californiens d'avoir connu de tels succès contre deux défensives solides.

Luck à court de miracles

Samedi, à Foxboro, Andrew Luck et les Colts d’Indianapolis ont dû se rendre à l’évidence : ils étaient à court de miracles contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, une semaine après avoir renversé les Chiefs de Kansas City de la manière la plus spectaculaire qui soit lors d’une remontée aux proportions épiques.

Dès la première séquence offensive, Luck a vu l’une de ses passes interceptée et ramenée jusqu’à la ligne de deux des Colts par Alfonzo Dennard. Ce ne fut qu’une formalité pour les Pats d’inscrire les sept premiers points de la rencontre, et surtout, de semer le doute dans l’esprit du jeune quart.

LeGarrette Blount et Tom BradyUn coup d’oeil aux statistiques de Luck permet d’émettre un constat troublant : en seulement deux parties éliminatoires, il s’est approché du nombre d’interceptions durant la saison régulière au grand complet (sept contre neuf). Durant le calendrier d’après-saison, tu affrontes inévitablement des fronts défensifs plus coriaces et mieux préparés. Cette réalité a forcé le général des Colts à prendre plus de risques qu’à l’accoutumée, et il en a chèrement payé le prix.

Pendant ce temps, l’attaque « caméléon » de la Nouvelle-Angleterre a détecté une faille chez son adversaire quant à sa vulnérabilité contre le jeu au sol et le moins que l’on puisse affirmer, c’est qu’elle en a tiré profit. Son total de 46 courses pour 234 verges de gains et six majeurs sont des chiffres qui parlent d’eux-mêmes. Derrière une ligne à l’attaque robuste et fiable, LeGarrette Blount a été la vedette incontestée de l’affrontement, tandis que Tom Brady n’a pas eu à se fier à son bras la moindre fois pour atteindre la zone payante malgré la récolte de 43 points de son club.

Le vétéran a géré intelligemment les séries offensives, et ce même si ses 13 passes complétées et 198 verges par la voie des airs peuvent laisser sous-entendre une performance ordinaire. Il a pourtant réalisé de gros jeux en situations de troisième essai afin de permettre aux Pats de maintenir le cap et d’égrainer les secondes.

Il serait toutefois faux de prétendre que les Patriots n’ont pas été pris d'une petite frousse lorsque LaVon Brazill a marqué un long touché pour porter la marque 29-22 en fin de troisième quart. Cette menace n’a toutefois pas tardé à s’éteindre puisque Blount a trouvé une brèche et couru sur 73 verges dès le retour à l’attaque des Pats pour restaurer l’avance de deux touchés et casser les reins des Colts.

Pour revenir à Brady, certains seront tentés de croire qu’il a ralenti, avec ses modestes gains aériens de 172, 122 et 198 verges à des trois derniers départs, ce à quoi je répondrai que les Pats n’ont pas nécessité qu’il sorte sa baguette magique durant cette période. De quoi avaient l’air ses chiffres dans quatre matchs précédents? Des performances de 344, 371, 418 et 364 verges respectivement. L’allure du match et les failles décelées par Bill Belichick au fil des rencontres dicteront toujours l’implication de son général vedette.

Les Saints se sont tirés dans le pied

J'ai l'impression que les Saints de La Nouvelle-Orléans avaient bien fait leurs devoirs et identifié la recette qui ferait d'eux une équipe compétitive contre les Seahawks de Seattle lors de leur affrontement de demi-finale dans l'Association Nationale.

C’est toutefois une gaffe des Saints en début de deuxième quart qui aura ouvert la porte aux Seahawks. Jusqu’à ce moment, on pouvait pratiquement dire mission accomplie dans le camp de La Nouvelle-Orléans car on était parvenu à laisser passer la tempête sans trop de dommage dans les premiers instants du duel. Dans un environnement aussi hostile que celui du Century Link Field, la foule est non seulement hyper bruyante, mais je qualiferais aussi de foule de football « intelligente », en ce sens qu'elle est bien au fait des moments du match où elle doit s’agiter, de sorte qu’elle confère aux Seahawks un avantage marqué.

Après un quart de jeu, le pointage était seulement de 6-0 à la faveur des locaux, qui avaient dû se contenter de deux bottés de précision. Les Saints se sont montrés physiques d’entrée de jeu et semblaient confiants d'avoir adopté un bon plan de match. Le traitement réservé au receveur Percy Harvin est d’ailleurs l’exemple le plus flagrant de l’agressivité déployée par l’unité défensive du coordonnateur Rob Ryan. On a voulu afficher nos couleurs et démontrer qu’on était prêt à disputer une véritable bataille de ruelle.

Richard Sherman et Jimmy GrahamQuant à l’attaque dirigée par Drew Brees, elle s’est ajustée en envoyant dans la mêlée plusieurs formations à deux ou trois ailiers rapprochés afin d’imposer un jeu par la course soutenu, une stratégie qui a fonctionné, du moins lors des 15 premières minutes. Malheureusement pour les Saints, toutes ces belles intentions ont été déjouées lorsque leur demi offensif Mark Ingram a gaffé en étant victime d’une échappée recouvrée par la défensive des Seahawks sur le tout premier jeu du second quart.

Il n’en fallait pas plus pour réveiller la foule, et deux jeux plus tard, Marshawn Lynch traversait la ligne des buts pour porter à 13-0 l’avance de Seattle. On pouvait déjà déceler à l’horizon une fin d’après-midi difficile pour la troupe de Sean Payton. C’est sans compter la performance médiocre des unités spéciales, à commencer par le premier botté de dégagement de Thomas Morstead, qui n’a parcouru que 16 verges après que celui-ci ait jonglé avec le ballon lors de la remise.

Un placement de 45 verges raté par Shayne Graham au premier quart a ensuite contribué à fournir aux Seahawks un positionnement favorable sur le terrain. Ces deux séquences pitoyables des unités spéciales se sont avéré la cause directe des six premiers points de la rencontre. Jumelées à l’erreur d’Ingram, ces maladresses ont permis aux Seahawks d’inscrire 13 points en amassant un maigre total de 78 verges.

Acculés au pied du mur, les Saints ont tout mis en œuvre pour resserrer l’écart, mais la réalité est qu’il s’agit d’une tâche gigantesque à réaliser lorsqu’on doit stopper Marshawn Lynch, qui se dresse telle une tonne de briques. D’ailleurs, l’attaque de Peter Caroll avait beau jeu de remettre fréquemment le ballon à son porteur de ballon étoile (à 28 reprises au total, en plus des trois courses de Robert Turbin) puisqu’ils jouissaient d’une confortable avance.

Plusieurs observateurs mentionneront la prestation peu impressionnante du quart Russell Wilson, mais ce dernier n’a pas eu besoin de jouer de façon spectaculaire étant donné le déroulement de l’affrontement.

Force est d’admettre que l’efficacité de la défensive des Seahawks n’a pas été étrangère aux ennuis des Saints. Elle a été extraordinaire pour déjouer la passe piège que l’offensive des Saints affectionne particulièrement. À preuve, le dynamique Darren Sproles, une arme de prédilection dans de telles circonstances, n’a gagné que 32 verges sur cinq ballons captés. Dans le cas de Jimmy Graham, c’est toutefois bien pire! Il a été invisible pendant de longues portions du match, et ne semblait pas faire partie du plan de Sean Payton en première mi-temps.

C’est étonnant que la cible préférée de Brees, pourtant un ailier rapproché redouté de tous dans le circuit, n'ait été visé que six fois dans la partie. Il aura fallu patienter jusqu’à la toute dernière séquence à l’attaque des Saints, alors que les chances de La Nouvelle-Orléans d’égaler le pointage étaient très minces, pour que Graham réalise finalement un attrapé. Je ne serais pas étonné que certaines révélations soient publiées afin d’expliquer son incapacité à livrer la marchandise, mais chose certaine, il ne s’est pas montré bien combatif compte tenu des enjeux.

Cette fois, Fox a compris

Les partisans de Denver devaient ressentir une certaine nervosité à l’aube de la confrontation entre les Broncos et les Chargers de San Diego, la première de leur équipe en matchs d’après-saison depuis leur amère défaite aux mains des Ravens de Baltimore en janvier 2013. J’avais particulièrement hâte de voir comment John Fox allait diriger cette partie, puisque l’an dernier, ses décisions conservatrices au quatrième quart avaient ouvert tout grand la porte aux Ravens pour réussir une remontée spectaculaire et se sauver avec la victoire en prolongation.

Une fois de plus confronté à une situation délicate en fin de match, Fox a réellement mis la pédale au fond et laissé Peyton Manning guider ses coéquipiers vers la victoire. Au lieu de s’entêter avec la voie prudente du jeu au sol, le pilote des Broncos a donné carte blanche à son quart alors que son club tentait de convertir d’importants troisièmes essais. Il a rejoint Julius Thomas sur une distance de 21 verges tout juste avant l’arrêt réglementaires des deux minutes, puis une seconde fois sur six verges, tandis que Philip Rivers réalisait péniblement que les Chargers n’obtiendraient pas une dernière chance d’égaler la marque.

La défensive des Broncos a été solide et peut aborder son duel contre Brady et les Patriots avec confiance. Vrai que la ligne offensive décimée des Chargers et l’absence de Ryan Mathews à partir du deuxième quart a facilité son travail, mais au final, elle s’est bien défendue et s’est montrée très avare quant aux verges accumulées.

* Propos recueillis par Maxime Desroches