Les portes de la NFL sont peut-être difficiles à ouvrir, mais pour Carl-Olivier Prime, elles ne semblent pas complètement verrouillées.

Fraîchement débarqué du camp printanier des Colts d’Indianapolis où il a eu un avant-goût du niveau de jeu pratiqué dans la NFL, le secondeur intérieur québécois se dit confiant de faire sa place dès cette année, autant sur les unités spéciales qu’en défensive. Conscient qu’il devra déloger des vétérans pour obtenir cette place, Prime estime qu’il a le talent, mais surtout l’éthique de travail et la volonté pour parvenir à ses fins.

« Les gars sont bons et rapides, c’est vrai, mais le niveau de jeu est loin d’être inatteignable », a confié le Lavallois de 23 ans lors d’une entrevue au RDS.ca. « Je me tirais bien d’affaire et je ne peux que m’améliorer. »

Servi par une solide charpente de 6 pieds, un pouce et 255 livres, Prime a attiré l’attention d’équipes de la NFL la saison dernière alors qu’il arborait les couleurs de Wagner – une petite université située à Staten Island dans l’État de New York. Plus imposant que la moyenne des secondeurs de son association, il a maintenu une excellente production de sorte qu’un jour, un dépisteur des Colts lui a rendu visite afin de l’observer s’entraîner.

« Il s’est informé de mes habitudes en me posant bon nombre de questions sur mon gabarit, ainsi que sur mon background », raconte le sympathique gaillard. « Au printemps, des membres de l’organisation des Colts se sont présentés à mon Pro Day et c’est réellement à ce moment que je me suis démarqué. J’ai bien fait ressortir mes habiletés. »

Dix jours plus tard, les Colts faisaient parvenir une lettre à Carl-Olivier pour lui laisser savoir que s’il était ignoré au repêchage, ils allaient le mettre sous contrat. Et c’est effectivement ce qui s’est produit le 27 avril, quelques minutes à peine après la fin des sept rondes de l’encan 2013, alors que le dépisteur qui l’avait épié l’a appelé pour lui soumettre un contrat de trois ans. Une offre que Prime n’allait pas refuser.

« J’ai tout juste eu le temps de compléter mes examens et je me suis envolé pour Indianapolis… »

Un esprit de famille

Au camp printanier des Colts, Carl-Olivier Prime estime avoir vécu une expérience hors du commun, et ce, même s’il avoue que les journées ont été passablement chargées et éreintantes.  Le Lavallois dit s’être senti accepté dès le début par ses nouveaux coéquipiers qui l’ont accueilli à bras ouverts. Une situation qu’il a jugée surprenante, mais très rassurante.

« C’était complètement différent de l’expérience que j’ai vécue à ma première année à Wagner où on ressentait la rivalité entre les joueurs sur le terrain », reconnaît le secondeur qui s’est attiré les éloges de ses entraîneurs tout au long du camp. « À Indy, la compétition demeure saine en tout temps. C’est spécial, car à quelque part, je suis ici pour voler le poste à un autre. »

Toujours disposés à aider et à donner des conseils, les vétérans des Colts ont aidé Prime à atteindre un niveau de jeu qui s’apparente à celui de la meilleure ligue de football au monde. Chaque fois qu’il était confronté à un problème, il savait qu’on ferait preuve d’ouverture à son endroit pour l’aider à progresser. Des gestes grandement appréciés par le principal intéressé.

« Les gars m’interpellaient par mon nom lorsque je les croisais », s’étonne encore celui que l’on appelle C.O. dans l’entourage des Colts. « Leur approche a facilité mon intégration. Robert Mathis, par exemple, qui compte 11 ans d’expérience dans la NFL s’est montré quelquefois farceur à mon endroit dans la salle de musculation, affirmant qu’il était impressionné par les charges que je levais. Ça détendait l’atmosphère. »

Prime admet avoir observé souvent Mathis à l’entraînement, lorsqu’il en avait l’opportunité, et qu’il a pris des bonnes notes. « De par la rapidité de ses mouvements et son agilité, je trouvais qu’il avait l’air d’un jeunot sur le terrain. Ce n’est pas pour rien que ce type de joueur connaît généralement une longue carrière. »

Mais ce qui a le plus étonné le jeune secondeur lors de ce camp, c’est le professionnalisme des joueurs établis dans la NFL qui ne visent rien de moins que l’excellence. Il s’agit de leur emploi, leur gagne-pain et ils prennent ça très au sérieux, tant sur le terrain qu’à l’extérieur.

« C’est comme s’ils travaillaient dans une grosse compagnie et qu’ils en connaissaient chaque aspect. De mon côté, je veux travailler pour en arriver à être aussi professionnel qu’eux.  Je veux moi aussi être un joueur de football complet. »

Chuck Pagano et Andrew Luck

Chuck PaganoL’esprit de famille prôné à Indianapolis a été implanté par l’entraîneur-chef Chuck Pagano dès son arrivée à la barre de l’équipe en 2012. Sous les ordres de cet entraîneur doté de grandes valeurs humaines, chaque individu est important au sein de la formation.

C.O. Prime l’a senti dès le départ.

« Évidemment, Pagano ne peut tout voir en même temps. C’est pourquoi il délègue ses adjoints pour des tâches précises comme celui du développement des recrues », avance le Québécois. « Cependant, j’ai remarqué qu’il demandait constamment des comptes rendus à ses adjoints via texto.  Il s’informait des faits et gestes de chaque joueur.  Je me suis senti comme un membre d’une famille unie. Rien à voir avec ce qui se passait à Wagner, où nous ne formions pas une équipe avant le début de la saison. »

Quant à Andrew Luck, le visage de l’organisation des Colts, Prime l’a trouvé très courtois. Bien qu’il n’ait interagi que très peu avec le quart-arrière étoile, il est heureux que Luck ait pris le temps d’aller le voir pour lui serrer la main.

Plus que de la robustesse

Secondeur axé sur le jeu physique, Carl-Olivier Prime se qualifie comme un joueur intense et robuste qui fera tout en son possible pour réaliser un plaqué. À Indianapolis, les entraîneurs ont conscience de ses forces, mais il était primordial de travailler sur d’autres aspects du jeu, comme la rapidité de ses mains et la reconnaissance des jeux de l’adversaire.

« J’ai été impressionné par la vitesse avec laquelle les joueurs se placent pour accomplir un jeu. Ils connaissent le livre de jeux par cœur et ça paraît. J’ai dû m’acclimater », raconte-t-il. « J’ai étudié encore plus fort, de sorte que j’ai fini par arrêter de penser avant un jeu. »

Comme le mentionne le jeune Québécois, ce n’est pas tout de connaître le jeu de l’adversaire, mais il faut aussi comprendre le concept derrière pour bien le contrer. « Un jeu peut avoir dix visages dépendamment de la formation finale que l’offensive te donne. En bref, il faut toujours être à l’affût des changements par rapport à certaines formations. »

Préparation pour le gros camp

En attendant le camp d’entraînement des Colts qui commencera le 23 juillet – pour les recrues – sur le campus de l’Université Anderson en Indiana, Carl-Olivier Prime a du pain sur la planche. Sa priorité sera bien entendu de maîtriser son livre de jeux, mais il doit également arriver au sommet de sa forme physique afin de s’élever au-dessus de la mêlée.

« Tout le monde paraît bien au commencement du camp, mais je sais que c’est dur mentalement et physiquement. Mais c’est là que les meilleurs ressortent du lot.»

Heureusement pour lui, Prime estime qu’il a été suffisamment préparé dans sa jeunesse pour affronter les différentes épreuves d’un camp comme celui des Colts.

« Je connais les conditions extrêmes : la chaleur, la fatigue et ça ne me fait pas peur. Je m’en tiens à prendre les journées une à la fois, mais j’ai un feeling que je suis à la bonne place. »