Il ne sont plus que deux... Les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Eagles de Philadelphie ont décroché leur billet pour le Super Bowl grâce à leur victoire respective en finale d'Association. Je reviens sur les éléments qui ont marqué ces deux rencontres avant de mettre la table pour le match ultime.

La recette des Pats

Tom Brady et les Patriots ont une fois de plus fait le coup, alors qu’ils ont comblé un déficit au quatrième quart pour finalement l’emporter. C’est incroyable lorsqu’on réalise que Brady en est à sa 16e saison comme partant et qu’il s’agira de son huitième Super Bowl. Je ne pense pas que nous allons revoir une telle domination de la part d’une équipe dans la NFL de notre vivant. Dans une ère où la recherche de la parité est prédominante avec le repêchage et le plafond salarial, c’est vraiment impressionnant comme statistique. Même si on ne connaît pas encore l’issue de ce Super Bowl, il n’y a plus de débat à savoir s’il est le meilleur joueur dans l’histoire de la NFL. On doit, je pense, se demander s’il est tout simplement le plus grand athlète de tous les temps.

Les Patriots, il faut l’admettre, ont été dominés pendant trois quarts par une équipe plus athlétique et plus intense. Par contre, comme on l’a vu au Super Bowl l’an dernier contre les Falcons d’Atlanta et en 2015 contre les Seahawks de Seattle, l’expérience, l’exécution et les ajustements tactiques en cours de partie ont fait la différence en fin de rencontre. Au final, c’est tout de même la meilleure équipe qui est sortie victorieuse.

En raison de ces chiffres et des succès par le passé, il semble y avoir un sentiment de panique lorsqu’une équipe affronte Tom Brady et qu’on arrive à la fin du match. L’entraîneur ne dirige pas de la même façon contre les Patriots que devant les autres formations du circuit, en raison de tout ce qu’a accompli Brady. On a senti que les Jaguars ont quelque peu perdu leurs moyens au quatrième quart ce qui a ouvert la porte aux Patriots pour décrocher leur billet pour le Super Bowl.

Une défense transformée

On parle toujours de Tom Brady, et avec raison, lorsque vient le temps d’analyser un match de la Nouvelle-Angleterre, mais ce que l’unité défensive a réalisé dimanche et au cours de la saison est en soit impressionnant.

Il ne faut pas oublier qu’après les quatre premières semaines d’activités, cette défense était considérée comme l’une des pires de l’histoire de la NFL. Tranquillement, l'unité s’est ressaisie et depuis, c’est le groupe qui accorde le moins de points à travers la ligue. C’est impressionnant de voir qu’une équipe peut apporter des changements aussi drastiques non seulement en cours de saison, mais également au cours d’un même match. On l’a bien vu contre les Jaguars, alors qu’en première demie, Leonard Fournette courait où il voulait et Blake Bortles n’avait aucune difficulté à rejoindre ses receveurs.

En deuxième demie, les ajustements ont porté fruit, alors que la défense était si hermétique que les Jags n’arrivaient pas à faire avancer le ballon. Pour illustrer le tout, les dernières séquences à l’attaque des Jags se sont conclues ainsi : six jeux pour 32 verges, trois jeux pour -1 verge, cinq jeux et 22 verges et trois jeux pour un maigre neuf verges. Il s’agit là des quatre dernières séquences de Blake Bortles et l’unité offensive de Jacksonville sur le terrain.

Quand la défense des Jags est parvenue à créer un revirement alors que Myles Jack a soutiré le ballon à Dion Lewis pour le revirement, la défense des Patriots s’est levée pour arrêter toute progression chez leurs adversaires. C’est selon moi le point tournant du match, car à partir de ce moment, l’attaque des Jags n’a plus rien généré et Brady s’est mis en marche par la suite. Ce n’est pas pour rien que Matt Patricia sera selon toute vraisemblance le prochain entraîneur-chef des Lions de Detroit. Il est l’un des meilleurs en ce moment au poste de coordonnateur défensif et l'une des raisons qui expliquent que les Pats se retrouvent à nouveau au Super Bowl.

Foles découpe la défense des Vikings

Dans l’autre match, force est d’avouer que Nick Foles nous a tous surpris. Si quelqu’un avait seulement su que la rencontre s’était terminée 38-7, il aurait probablement pensé que c’était les Vikings qui avaient inscrit autant de points. Contre toute attente, Foles a sorti la performance de sa carrière.

Le quart des Eagles connaît du succès en éliminatoires et il en a encore une fois fait la preuve dimanche. Il a complété 26 de ses 33 passes pour 352 verges et trois passes de touché. Il n’a également subi qu’un seul sac du quart, et ce contre les Vikings du Minnesota. Ce n’est donc pas seulement ce qu’il a réussi à faire qui est impressionnant, mais également contre qui il y est arrivé. Les Vikings avaient la meilleure défense à travers la ligue pour les verges accordées par match et se classaient parmi les meilleures pour les points accordés. C’était une défense bâtie pour arrêter le jeu aérien. Malgré la présence de certains des meilleurs chasseurs de quart et demis de coin, Foles a été en mesure d’obtenir un tel résultat.

Toute la semaine, il était question de l’incapacité de Foles à rejoindre ses coéquipiers dans les zones profondes alors qu’il n’avait complété qu’une passe de plus de 20 verges en 16 tentatives. Contre les Vikings, il a attaqué les zones profondes sans arrêt. Dès le début de match, on a vu une longue passe à l’endroit de Torrey Smith qui n’a pas été captée, mais la passe était précise. Les Eagles ne se sont pas découragés et ont enchaîné avec un jeu de 42 verges à Nelson Agholor, 41 verges à Smith, 53 verges à Alshon Jeffery et Zach Ertz pour 36 verges.

Les Eagles ont fait ce que les Jags auraient peut-être dû tenter de faire lorsqu’on met le tout en perspective. Philadelphie n’a jamais cessé d’attaquer la défense du Minnesota et ça leur a rapporté. C’était une prestation impressionnante des Eagles.

La guerre des tranchées sourit à PhiladelphieTimmy Jernigan

L’un des éléments qui expliquent aussi cette victoire de Philadelphie, c’est la guerre des tranchées. J'en avais glissé un mot dans ma dernière chronique, mais les Eagles ont connu une saison au-delà des attentes malgré les nombreuses blessures à des joueurs clés. Ils ont perdu leur quart Carson Wentz qui allait être dans les discussions pour le joueur par excellence, mais ils ont tout de même été en mesure de connaître du succès. On peut dire aussi la même chose des Vikings, alors que Case Keenum n’était pas le partant en début de saison. On peut donc lever notre chapeau aux groupes d’entraîneurs et aussi aux joueurs qui ont pris la relève dans les différentes facettes du jeu.

Sur ce point, et c’est là qu’on peut trouver une clé qui explique les succès des Eagles, on retrouve leur domination dans les tranchées. Même si le football est un sport fort stratégique, tout part de la ligne des tranchées. C’est simple, mais c’est une réalité. La ligne à l’attaque a bien protégé Nick Foles et les joueurs ont également ouvert de belles brèches pour les porteurs de ballon. Cette combinaison explique grandement les succès offensifs.

La ligne défensive n’est pas en reste alors qu’elle contrôle la ligne d’engagement. Ce faisant, elle est en mesure d’arrêter le jeu au sol et d’appliquer de la pression sur le quart adverse. Tout le monde paraît mieux ensuite. Si tu me montres un bon demi-défensif, je vais te montrer un bon ailier défensif. En appliquant de la pression sur le quart, les receveurs n’ont pas le temps de se démarquer et c’est la défense qui en sort gagnante.

Si l’unité défensive arrête en plus le jeu au sol, l’attaque adverse devient unidimensionnelle et c’est ce qui s’est produit contre les Vikings. Les porteurs de ballon ont été limités à 18 courses pour 70 verges pour une moyenne de 3,9 par portée et Case Keenum semblait toujours dérangé dans sa pochette. S’ils veulent avoir du succès au Super Bowl, les Eagles devront à nouveau être dominants dans les tranchées.

Deux bons groupes d'entraîneurs au Super Bowl

D’ailleurs cette confrontation Patriots-Eagles est une reprise du Super Bowl de 2004 qui s’était soldé par la marque de 24-21 en faveur des Patriots. Malgré le pointage final, ces derniers avaient été en contrôle durant la majorité du match et n’avaient pas réellement été inquiétés. Donovan McNabb, malgré ses 350 verges par la passe et trois passes de touché, avait tout de même terminé la rencontre avec trois interceptions.

On espère donc avoir droit à un bon spectacle le 4 février prochain. Ce sont deux équipes cette année qui peuvent se vanter d’avoir parmi les meilleurs entraîneurs. Il n’y a plus de doute à voir du côté des Patriots avec Bill Belichick, Josh McDaniels et Matt Patricia qui ont tous fait leur preuve. Si je mentionnais à quel point cette équipe était excellente depuis que Brady est aux commandes de l’attaque, le travail des entraîneurs explique aussi en grande partie tous les succès de cette équipe.

Il faut souligner ce que les Eagles ont fait également cette saison. Malgré les blessures à Wentz, comme je le mentionnais plus haut, au bloqueur à gauche Jason Peters et au secondeur intérieur, Jordan Hicks, ils sont parvenus à enregistrer des victoires. Lorsque cette situation survient, c’est qu’il faut donner du crédit au groupe d’entraîneurs.

D’un côté on va analyser sous tous les angles possibles le travail de Brady. Il va y avoir des vidéos de ses dernières conquêtes durant les deux prochaines semaines. Évidemment, il faudra garder un œil sur l’état de santé de Rob Gronkowski qui a quitté le dernier match en raison d’une commotion cérébrale. De l’autre côté, il faudra surveiller le travail de Nick Foles. Même si je viens de faire un éloge de son dernier match, il a connu des contre-performances en fin de saison. S’il joue comme lors de la finale d’Association se sera rassurant pour les Eagles et leurs partisans, car sinon, la soirée pourrait être longue.

Il s’agira fort possiblement du dernier match pour les coordonnateurs des Pats, Patricia et McDaniels. Vous pouvez être certains que s’ils quittent la Nouvelle-Angleterre, ils voudront le faire la tête haute. Les organisations pour lesquelles ils vont travailler la saison prochaine auront entre les mains d’excellents entraîneurs, mais j’ai hâte de voir s’ils pourront effectuer la transition de coordonnateur à entraîneur-chef. Par contre, quoi de mieux pour clore leur chapitre avec les Patriots qu’un ultime championnat et c’est à leur portée dans deux semaines.

Propos recueillis par Maxime Tousignant