Dimanche soir, les deux meilleures équipes de la NFL nous ont offert un spectacle incroyable et qui s’est terminée de manière toute aussi incroyable. Il est difficile de sortir la fameuse interception réalisée par les Patriots, en fin de rencontre, de l’équation, mais selon moi, il y a eu une multitude de jeux clés tout au long du match. Il y en a quand même un qui a particulièrement retenu mon attention.

Lors du quatrième quart, alors qu’il restait 12 minutes à faire au match, la défensive des Patriots venait de faire un gros jeu grâce à un sac du quart de Rob Ninkovich. L’offensive est revenue sur le terrain et le temps pressait avec un retard de 10 points. En troisième essai et 14 verges à franchir, Tom Brady a rejoint Julian Edelman pour convertir le troisième essai et éventuellement aller inscrire un touché.

On n’a pas vraiment parlé de ce jeu parce que c’était un parmi tant d’autres, mais selon moi, ce jeu a été vraiment important dans l’issu de la rencontre.

C’était un peu à l’image de la rencontre. On a réussi à convertir des troisièmes essais, Edelman a connu un match fantastique et Tom Brady a exécuté le plan de match comme il fallait le faire. Mis à part une erreur lors de sa première interception où il a précipité son geste, Brady a été excellent. La deuxième interception est un très beau jeu défensif réalisé par Bobby Wagner.

Les héros obscurs

On a énormément parlé de Tom Brady, Marshawn Lynch, Russell Wilson et avec raison. Toutefois, selon moi, deux gars se sont démarqués et sont passés sous le radar.

Le travail réalisé par Julian Edelman et Shane Vereen a grandement aidé aux Patriots à arracher cette victoire aux Seahawks.

Plusieurs croyaient que la Nouvelle-Angleterre allait tenter d’utiliser le jeu au sol, car c’est exactement ce qu’ont fait les équipes qui ont réussi à battre Seattle cette saison.

Ces formations ont couru en moyenne 33 fois avec le ballon, pour des gains de 140 verges. C’était donc la recette pour vaincre les champions en titre.

L’intérieur de la ligne défensive avait peu de profondeur et on voulait la tester chez les Patriots. Finalement, c’est le jeu au sol déguisé des Pats qui a bien fonctionné. Plusieurs courtes passes dans les flancs ont été complétées et les joueurs allaient chercher de long gain après l’attrapé.

Vereen et Edelman ont été impliqués à plusieurs reprises dans ces petites passes dans le flanc qui se sont transformées en long gain et surtout en premier essai.

À l’aube de la rencontre, les Patriots étaient favoris pour ce qui est de la qualité des receveurs de passes sur le terrain. Toutefois, une surprise du nom de Chris Matthews est venue brouiller les cartes, mais pas suffisamment…

À un certain moment, tôt dans la rencontre, les Seahawks ne s’en allaient nulle part. Finalement, une passe de 44 verges à Matthews a montré qu’on pouvait également lancer le ballon et ne pas seulement s’en remettre à Marshawn Lynch. Il a en quelque sorte été la bougie d’allumage pour l’attaque de Seattle.

Matthews a déjà été la recrue de l’année dans la LCF, avec les Blue Bombers. Cette année, il a été en uniforme, mais n’avait pas capté une seule passe de la saison. Quand des gars de la LCF jouent dans la NFL on les suit un peu plus au Québec, mais pour les Américains, on peut presque le qualifier d’inconnu.

Lorsqu’il a capté ses quatre passes et récolté ses 109 verges de gain, il a été ramené sur le banc et on ne le voyait presque plus. On aurait dû continuer à l’exploiter.

C’est également lui qui a récupéré le botté court, face aux Packers, et qui a permis aux siens d’arracher une victoire in extremis pour atteindre le Super Bowl.

Malgré le brio de Matthews, les receveurs des Patriots ont largement eu le dessus sur ceux des Seahawks, lors du match ultime.

L’attrapé de Jermaine Kearse, que plusieurs qualifient de spectaculaire, n’en est pas un pour moi. Oui, c’est spectaculaire pour la télévision, mais c’est plus un attrapé chanceux que spectaculaire.

Le ballon a rebondi un peu partout et ce n’est pas lui qui l’a redirigé en sa direction. C’est même un beau jeu défensif qui s’est finalement conclu avec un attrapé chanceux.

Tout au long du match, dans les confrontations à un contre un, ce sont souvent les receveurs de passes des Patriots qui l’ont emporté.

Russell Wilson avait beaucoup de temps pour lancer le ballon, mais trouvait rarement un receveur libre. Il devait courir ou lancer à son dépanneur.

Les receveurs des Patriots se sont mieux démarqués et ont donné des options à Brady.

Des blessures, ou ça des blessures?

Au lendemain du Super Bowl, on a appris que plusieurs joueurs clés en défensive chez les Seahawks ont joué avec des blessures. Earl Thomas, Kam Chancellor et Richard Sherman en font partie. Toutefois, ces blessures n’ont en aucun cas avantagé les joueurs des Pats.

Sherman, on ne l’a pas visé du match. De mémoire, je ne me rappelle pas avoir vu Tom Brady lancer le ballon en direction d’un receveur qui était couvert par Richard Sherman en un contre un.

Kam Chancellor a fait plusieurs plaqués importants et de l’excellent boulot lorsqu’il était confronté à Rob Gronkowski.

Pour ce qui est d’Earl Thomas, on ne l’a pas vraiment vu du match, mais c’est normal, car il joue haut en défensive et on n’a pas tenté de longues passes chez les Patriots.

Leur simple présence sur le terrain a suffi à déranger les Patriots qui ont ajusté leur plan de match avec succès.

Chez les Patriots, le seul cas de blessure majeure est survenu durant la rencontre, lorsque Julian Edelman a quitté et a dû être évalué pour une possible commotion cérébrale.

Un médecin a toutefois donné la permission au receveur de revenir au jeu et il a par la suite inscrit le touché de la victoire.

Est-ce vraiment une mauvaise décision?

Cette saison, Marshawn Lynch a tenté d’inscrire un touché avec une course à la ligne d’une verge à cinq reprises et il a réussi à une seule occasion. De leur côté, la défensive des Patriots a tenté de freiner le porteur de ballon adverse à partir de la ligne d’une verge à six reprises et ils ont réussi à une occasion.

Malgré ces chiffres, je crois qu’il s’agit d’une très mauvaise décision de tenter une passe en toute fin de rencontre. Les statistiques énumérées plus haut sont importantes et on doit les connaître. Il faut savoir nos taux de succès avec certains joueurs et certains jeux, mais à un moment, il faut s’ajuster à la manière dont se déroule le match.

Les Seahawks ont fait abstraction de la manière dont le match se déroulait. La défensive des Patriots jouait sur les talons, Marshawn Lynch était en feu, mais pourtant on a utilisé une formation avec trois receveurs, un seul porteur de ballon et on n’avait pas de centre arrière.

Ils ont tellement trop pensé, qu’ils se sont surpris eux-mêmes. Ils ont rendu une situation simple, où tu remets le ballon entre les mains de ton porteur étoile en situation compliquée.

Ce n’est pas pour rien qu’on surnomme Marshawn Lynch « Beast Mode ». Ça ne veut pas dire qu’il est un bon porteur, ça signifie qu’il est un bon porteur au quatrième quart. Quand la défensive adverse est fatiguée, il se met en « Beast Mode » et il va chercher ce que ça te prend pour gagner.

Je comprends l’explication de Pete Carroll qui explique qu’il voulait lancer le ballon et si ça ne fonctionnait pas, le temps arrêtait et il avait deux autres opportunités, car il avait encore un temps d’arrêt.

Toutefois, avec le temps qu’il restait au match, tu ne te poses pas de question et tu y vas au sol. Tu y vas au sol et tu y vas vite. Je comprends aussi qu’il voulait écouler le plus de temps possible, mais avec quelques secondes à jouer tu remets rapidement le ballon à ton porteur.

Ce n’est pas grave si tu redonnes le ballon à l’adversaire avec 40 secondes à jouer, surtout quand tu as une excellente défensive. Ils ont voulu s’assurer de ne pas redonner le ballon à Brady, mais ils auraient dû s’assurer d’inscrire le touché et ils ne l’ont pas fait.

Au final, cette décision a fait beaucoup parler et le fera encore beaucoup. Ce n’est pas le jeu qui a défini le match, mais c’est le jeu qui a conclu le match. C’est donc ce qui demeure dans la mémoire des partisans.

Plusieurs autres jeux auraient pu changer le résultat final, mais là, c’était une victoire ou une défaite instantanément, il est donc normal qu’il soit extrêmement analysé.

Parmi les meilleurs, mais est-ce le meilleur?

Tom Brady a orchestré une remontée alors que son équipe perdait par dix points au quatrième quart. Il s’agit de la première fois qu’une formation réussit un tel exploit. Le quart-arrière a ajouté une quatrième bague du Super Bowl à sa collection et détient plusieurs records de la NFL pour ses performances en éliminatoires.

La question que plusieurs se posent est la suivante : Tom Brady est-il le meilleur quart-arrière de tous les temps?

Advenant que Malcolm Butler, une recrue qui n’a pas été repêchée n’intercepte pas le ballon et que les Seahawks l’emportent, on parle probablement beaucoup plus de ses deux interceptions et qu’il s’agit d’une troisième défaite consécutive au Super Bowl pour lui.

Aujourd’hui, le discours est complètement différent en raison d’un jeu qui aurait pu faire la différence. Tom Brady fait clairement partie de la discussion à savoir qui est le meilleur quart-arrière de tous les temps, mais dire qu’il est le meilleur, c’est très subjectif. Une chose est certaine, il fait partie de l’élite dans l’histoire de la NFL.

Propos recueillis par Raphaël Bergeron-Gosselin