MIAMI (AP) - Ne croyez pas, même pour un instant, que les joueurs des Bears de Chicago vont se contenter de servir de vulgaire chair à canon face à Peyton Manning.

Ils ont des chances réalistes de remporter le Super Bowl contre les Colts d'Indianapolis, dimanche. Sans blague.

La défensive des Bears n'est peut-être plus aussi effrayante qu'elle ne l'était il y a 20 ans - avec les règles qui sont désormais en vigueur, Brian Urlacher pourrait être pénalisé simplement parce qu'il a respiré trop fort en direction de Manning. Mais elle a quand même de quoi inquiéter toute offensive qui l'affronte.

"Les Bears ont le don de transformer un premier essai et 10 verges à faire en un deuxième essai et 15, puis un troisième et 20", a déclaré Tony Dungy, l'entraîneur des Colts, plus tôt cette semaine.

Oui, les Colts sont favoris par sept points même si les Bears ont présenté un dossier de 13-3 en saison régulière, la deuxième meilleure fiche du circuit derrière celle des Chargers de San Diego (14-2). La raison est simple: ce ne sont pas les Bears qui ont le statut de négligés, mais l'Association nationale, qui a été aussi médiocre en 2006 que l'Association américaine n'a été bonne. Si on regarde le carré final composé des Colts, des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, des Chargers de San Diego et des Ravens de Baltimore du côté de l'AFC cette année, il est fort probable que n'importe laquelle de ces formations aurait été considérée contre la favorite face à n'importe lequel des demi-finalistes de la NFC.

Reste que les Bears pourraient l'emporter:

-Si la défensive des Colts revient à ses vilaines habitudes contre la course, comme ce fut le cas pendant la saison régulière. Celle-ci a accordé 173 verges par match durant le calendrier régulier, mais seulement 73,3 par rencontre depuis le début des séries.

-Si le quart des Bears Rex Grossman joue comme il l'a fait à ses meilleurs matchs durant la saison 2006. "Il y a eu 12 matchs où j'ai bien joué, six où j'ai moins bien joué", a-t-il commenté à ce sujet. "Moins bien joué" étant un doux euphémisme, puisque dans l'un de ces matchs, il a présenté un coefficent de zéro à titre de passeur, et de 1,3 dans une autre rencontre.

-Si la défensive des Bears continue de provoquer des revirements. Elle en a obtenu 34 en saison régulière et cinq autres en matchs éliminatoires, bien que l'équipe de Chicago ait montré un différentiel de seulement plus-6 à ce chapitre parce que Grossman a tendance à commettre des interceptions et à échapper le ballon.

Si les Bears réussissent à contrôler le cadran grâce aux porteurs de ballon Thomas Jones et Cedric Benson, Manning devra rester sur les lignes de côté et Grossman profitera d'un plus grand nombre d'occasions de briller. En d'autres mots, il aura plus de temps pour lancer le ballon, tandis que Dwight Freeney et les autres rapides joueurs défensifs des Colts auront moins de temps pour le pourchasser et le forcer à commettre des erreurs.

Manning n'est pas à l'abri des revirements. Il a commis six interceptions en trois matchs éliminatoires, c'est-à-dire cinq de plus que Grossman.

Manning est toutefois assez intelligent pour ne pas tenter de forcer le jeu, pour savoir qu'il est préférable de dégager le ballon plutôt que de tenter d'enfiler l'aiguille vers un joueur bien couvert. Surtout quand on fait face à un joueur comme Urlacher, qui peut patrouiller le terrain comme un demi de sûreté, position qu'il occupait dans les rangs universitaires.

Plus important encore, Manning a enfin démontré, avec cette poussée de 80 verges dans les dernières minutes du match contre les Patriots, qu'il peut produire sous pression.

Par ailleurs, ces Colts semblent suivre la même voie qu'une équipe que Manning voudrait bien imiter: les Broncos de Denver de 1997.

Ces Broncos avaient été éliminés à leur premier match éliminatoire en 1996 après avoir mérité l'avantage du terrain avec un mois à faire. Et comme les Colts de cette année, qui ont perdu quatre de leurs sept derniers matchs, ces Broncos ont connu certaines difficultés, obtenant leur place en séries à titre de meilleur deuxième avant de balayer leurs matchs éliminatoires et vaincre les Packers de Green Bay 31-24 dans le match du Super Bowl.

L'hiver dernier, Manning a longuement discuté avec les deux meneurs de cette équipe, le quart John Elway et l'entraîneur Mike Shanahan. L'été dernier, il a laissé entendre que ce ne serait pas nécessairement une mauvaise chose si les Colts devaient se faire plus discrets en 2006 qu'en 2005, quand ils avaient remporté leurs 13 premiers matchs.

"C'est une équipe qui est un peu en colère, avait alors déclaré Manning, en faisant allusion aux déboires de l'an dernier en séries. Il y a des gars qui joueront avec ce genre d'attitude. Je pense que c'est ce dont nous avons besoin pour racheter la performance de la saison dernière."

Compte tenu qu'il y aura des trous dans la défensive des Bears, en raison des absences de Mike Brown et Tommie Harris, blessés, Associated Press se doit de prédire une victoire des Colts, 31-23.