La magie de Trestman
NFL mardi, 10 déc. 2013. 22:00 vendredi, 13 déc. 2024. 04:29Les habitués de mes chroniques le savent, je suis un grand partisan de Marc Trestman. S'il y avait une carte du fan-club de Marc Trestman, je l'aurais.
J'ai toujours aimé sa façon de faire avec les Alouettes et j'aime bien ce qu'il fait avec les Bears de Chicago. On dit que c'est un gourou des quarts-arrières et on peut encore une fois l'apprécier en voyant le travail qu'il accomplit avec Josh McCown.
McCown est un quart de 34 ans qui roule sa bosse depuis 11 saisons dans le football professionnel, mais il faut mettre ceci en perspective. Avant cette saison, il n'avait participé qu'à seulement six matchs depuis 2007. Il s'est même fait retrancher du camp des Bears la saison dernière. McCown était entraîneur d'une équipe d'école secondaire quand il a été rappelé par les Bears en novembre pour terminer la saison à Chicago, sans toutefois participer à une seule rencontre. Constater à quel point McCown n'avait pas joué beaucoup de football depuis 2007 nous permet d'apprécier encore plus ce que Trestman réalise avec lui.
Trestman est excellent pour enseigner des techniques aux quarts-arrières, sélectionner des jeux et concevoir des plans de match. Il a le don de rendre son attaque compliquée pour l'adversaire, mais simple pour son quart-arrière. Il est capable de donner des lectures simples à ses quarts-arrières pour qu'ils puissent dégainer rapidement et ainsi avoir un haut pourcentage de passes complétées.
C'est exactement ce qu'on voit avec Josh McCown qui montre des statistiques impressionnantes. Il a participé à sept matchs des Bears, dont cinq comme partant, avec une fiche de 3-2 lors de ses départs. Il a démontré sa précision en complétant 67 pour cent de ses passes ainsi que sa prise de décision en lançant 13 passes de touché contre une seule interception. Autre fait à noter, il a lancé pour au moins 300 verges à chacun de ses trois derniers matchs. Il devient le premier quart de l'histoire des Bears à récolter 300 verges de gains aériens lors de trois matchs consécutifs! Connaissant l'histoire de cette équipe et le jeu de McCown au cours des dernières saisons, ça ajoute encore plus à la magie de Marc Trestman.
En 11 saisons professionnelles avant cette année, une seule fois McCown avait amassé plus de passes de touché que d'interception, en 2004 avec les Cardinals de l'Arizona. Au total, il comptait 37 passes de touché et 44 interceptions avant de côtoyer Marc Trestman. Le passé nous dit qu'il n'est pas un grand quart-arrière, mais il a l'air d'un joueur étoile dans le système de Trestman.
C'est clair qu'il est bien entouré au sein de l'unité offensive avec un excellent porteur de ballon, une bonne ligne à l'attaque et un groupe de receveur incroyable. J'aimerais d'ailleurs m'attarder sur le jeu du receveur Alshon Jeffery. C'était un joueur avec un bon potentiel, mais on peut dire qu'il a monté son niveau de jeu d'un cran. La prochaine fois que vous aurez la chance de voir un match des Bears, remarquez la grosseur des mains de Jeffery quand il effectue un attrapé. Il enveloppe littéralement le ballon avec ses mains. On dirait deux gros crochets à viande qui saisissent le ballon. Une fois qu'il a le ballon entre ses mains, ça semble impossible de lui faire échapper. Son attrapé, lundi soir, dans le coin de la zone des buts était de toute beauté, probablement l'attrapé de la saison jusqu'à maintenant.
Permettez-moi de comparer les statistiques de McCown avec celles de Jay Cutler afin de les mettre en perspective. Après huit départs (cinq pour McCown), Cutler compte 13 passes de touché (tout comme McCown) et sept interceptions (une seule pour McCown). Cutler a lancé pour plus de 300 verges seulement deux fois. De plus, McCown touchera un salaire de 840 000 $ contre 8 450 000 $ pour Cutler cette saison.
Je vais mettre mes cartes sur table, je ne suis pas un grand partisan de Jay Cutler. Son langage corporel dégage du négatif et d'un oeil extérieur il ne semble pas faire preuve d'un grand leadership. À l'inverse, McCown semble sympathique, humble et positif. Il apporte quelque chose de rafraîchissant. C'est un joueur de 34 ans, on comprend que ce n'est pas le quart d'avenir de cette équipe, mais pour le présent il est excellent.
Il est également capable de rejoindre les partisans avec sa façon de jouer. Sur son touché au sol, lundi, quand il a fait l'hélicoptère à la John Elway, il a démontré qu'il était prêt à tout faire et qu'il profite de l'occasion qui s'offre à lui.
Un dilemme en perspective
Il sera intéressant de voir de quelle façon Trestman va gérer la situation des quarts avec trois matchs à disputer. Il n'y a pas de doute que le quart de l'heure est McCown, mais Trestman a toujours dit que Jay Cutler était son homme depuis le début de la saison. Il est donc clair pour moi que si Cutler est en mesure de revenir, il sera le quart partant. Sinon ce serait un drôle de message que Trestman enverrait à son vestiaire en ne respectant pas ce qu'il répète depuis si longtemps. Ce que Trestman peut faire, c'est s'assurer que Cutler soit vraiment prêt à 100 pour cent avant de le ramener. Puisque McCown joue très bien, il n'est pas dans une position où il est obligé de le ramener à 80 pour cent, ni à 90 pour cent ou même à 99 pour cent. Ironiquement, peut-être va-t-on suggérer aux médecins de Bears d'être patient avant de donner le feu vert à Cutler pour éviter d'être confronté à cette décision trop rapidement.
Je pense que Trestman va revenir avec Cutler, mais en tant qu'observateur qui n'a pas le vestiaire des Bears à gérer et pour toutes les raisons que je viens d'énumérer, mon choix serait McCown.
Peu importe la façon avec laquelle Trestman va gérer la situation, il ouvrira la porte à des critiques des partisans si sa décision ne s'avère pas profitable. Si Cutler revient au jeu, mais perd son départ, Trestman sera critiqué. Il le sera également si Cutler est prêt, mais que McCown est tout de même utilisé comme partant et perd le match. D'autant plus que le classement est très serré avec trois matchs à jouer et qu'une défaite pourrait coûter une place en éliminatoires aux Bears. Le quart-arrière que choisira Trestman quand Cutler sera prêt devra lui donner raison avec ses performances. Comme il en est à la première année de son contrat, Trestman ne doit toutefois pas s'inquiéter pour son poste s'il est critiqué.
*Propos recueillis par Jean-Philippe Daigle