EAST RUTHERFORD, États-Unis - Chris Snee a décoché quelques flèches envers Eli Manning à propos des changements qu'il a observés chez son coéquipier depuis que les deux hommes se sont amenés à titre de recrues chez les Giants de New York en 2004.

«Il a maintenant quelques poils sur le menton», a lancé Snee sur un ton glacial, avant d'afficher un large sourire sur son visage. Puis, il a souligné que Manning est plus vieux.

Le garde, nommé deux fois au Pro Bowl, a finalement laissé tomber le morceau.

«Honnêtement, le gars est décontracté depuis qu'il s'est amené avec moi dans le caucus à titre de recrue, a confié Snee. Il n'est pas intimidé par une situation, ni paniqué. C'est l'un des gars les plus préparés que j'ai jamais vu.»

Imperturbable Eli. Élite Eli. Choisissez votre préféré.

Il y a aussi Super Eli — peut-être pour la deuxième fois.

Manning et les Giants (11-7) affronteront les 49ers (14-3) de San Francisco pour le titre de l'Association nationale, dimanche, et l'équipe gagnante obtiendra son laissez-passer pour le Super Bowl, présenté cette année à Indianapolis, contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre ou les Ravens de Baltimore.

Peu importe ce qui arrivera, Manning ne changera pas. C'est ce qu'apprécient ses coéquipiers d'un quart qui vient d'une famille de quarts.

Il n'a pas d'égo. Seulement le désir de travailler fort et de l'emporter. Rien ne frustre le joueur de 30 ans.

«Je ne pense pas qu'on doit changer, a mentionné Manning vendredi. Je crois que la raison pour laquelle j'ai connu du succès à l'école secondaire, à l'université et parfois ici dans la NFL, c'est parce que je n'ai pas changé de personnalité. Tu dois rester le même, que tu gagnes ou que tu perdes. J'essaie de travailler fort, de garder ma confiance et d'encourager mes coéquipiers, pour être moi-même un bon coéquipier, et je joue ce jeu comme il devrait l'être.»

Manning, qui a récolté un sommet personnel de 4933 verges de gains en plus d'inscrire 29 touchés cette saison, est routinier. Il se pointe à chaque matin vers 7h aux quartiers généraux des Giants, porte les mêmes vêtements durant les entraînements et quitte neuf heures plus tard après avoir accepté la quasi-totalité des remises du centre à l'entraînement.

Il joue des tours, également. Il adore subtiliser le téléphone d'un coéquipier et en changer la langue, pour que ça ressemble à du chinois.

«Il m'a eu plusieurs fois, a dit le spécialiste des longues remises Zak DeOssie. Je ne me souviens même plus de la dernière langue utilisée. Il ne fait que la changer. Ça m'a pris une heure pour comprendre comment tout remettre en ordre.»

Mais lorsque c'est le temps de travailler, Manning ne rigole plus. Il est arrivé au stade mardi — habituellement sa journée de congé — pour décortiquer des séquences vidéo de ses prochains adversaires, se familiarisant avec leur plan de match. Les vendredis, il participe à une réunion avec ses receveurs de passes et leur montre ce à quoi ils devraient s'attendre durant le match.

«Il comprend la couverture défensive et où on aimerait que le ballon soit lancé, a expliqué le coordonnateur offensif des Giants Kevin Gilbride. Il ne sera pas dépassé par les événements. Il a déjà vécu son lot d'expériences. On a connu assez de succès pour qu'il puisse se pointer avec confiance sur le terrain. Je ne crois pas que la situation le dérange, et j'estime qu'il a une profonde compréhension de ce que nous tentons d'instaurer comme système offensif.»

Mais être un quart à New York n'a rien de reposant. Le secondeur et ex-ailier défensif Mathias Kiwanuka a été repêché au premier tour deux ans après Manning. Ce qui lui vient à l'esprit lorsqu'il pense à Manning est sa capacité extraordinaire à composer avec la pression des médias new-yorkais.

«Je dis toujours que tu n'es jamais aussi mauvais qu'ils le disent, et jamais aussi bon qu'ils l'écrivent, a indiqué Kiwanuka. Tu dois avoir ta propre philosophie, et tu dois comprendre ce qu'on attend de toi. C'est difficile, mais il maîtrise très bien cet aspect (du métier de quart à New York).»