Jeudi, à 19 h 30, RDS2 et RDS Direct  diffuseront le documentaire L’humain avant tout sur Laurent Duvernay-Tardif pour enchaîner avec le premier match de la saison de la NFL entre les Texans et les Chiefs. 

MONTRÉAL – Même s’il a respecté ses convictions de sa passion pour la médecine tout en laissant de côté l’égoïsme de sa carrière dans la NFL, Laurent Duvernay-Tardif a reconnu qu’il a douté de sa décision de se retirer de la saison 2020. 

« C’est difficile, c’est sûr. Depuis le début des camps d’entraînement, via les réseaux sociaux, on voit des nouvelles et des publications. De voir ça se dérouler sans toi pour la première fois depuis six ans, c’est difficile. Évidemment, le premier match sera aussi éprouvant à regarder. Mais je suis quand même convaincu d’avoir pris la bonne décision pour moi », a confié Duvernay-Tardif durant une disponibilité médiatique convoitée. 

Le Québécois de 29 ans a admis qu’il s’était même demandé s’il était fou d’avoir renoncé à cette autre saison, sa septième, avec les Chiefs. Au départ, il se préparait pour retourner à Kansas City, mais la NFL a ouvert une porte en ajoutant cette clause. De plus, son expérience en CHSLD a transformé sa vision de la crise. Il a découvert l’immense impact de celle-ci sur les patients, mais également sur les travailleurs de la santé. C’est sans oublier que les États-Unis annonçaient plus de 60 000 ou 70 000 nouveaux cas tous les jours lorsqu’il a annoncé son verdict. 

« Ça pesait assez lourd dans la balance qu’on pouvait potentiellement mettre à risque des communautés avec nos voyagements. En tant que futur médecin, jouer au football de manière égoïste, ça m’agaçait un peu », a-t-il avoué. 

N’empêche qu’il se dit parfois qu’il devrait être avec ses partenaires afin de lancer la défense du titre en force. 

« Bien sûr, chaque fois qu’une nouvelle positive surgit et qu’on voit que les camps se passent bien, (je me demande) est-ce que j’ai pris la bonne décision ? Mais, au final, je suis certain que oui. Dans cinq ou dix ans, je veux être à l’aise avec ma décision, j’aurai suivi mes convictions. C’est toujours un dilemme et ce le sera encore plus pendant le premier match », a ajouté l’athlète de 29 ans.  

Son choix s’est finalisé environ une semaine avant de retourner au Missouri et LDT s’est empressé d’aviser l’entraîneur-chef Andy Reid. 

« Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais les Chiefs m’ont vraiment supporté dans ma décision. Ils ont compris ma perspective. D’avoir le respect de toute l’organisation et même Clark Hunt (le grand patron des Chiefs) m’a texté, ç’a été vraiment touchant et ça m’a enlevé de la pression des épaules », a noté le garde à droite qui a également reçu l’appui public de plusieurs coéquipiers comme Patrick Mahomes, Travis Kelce et Tyreek Hill. 

Malgré son absence, les Chiefs demeurent une grande puissance de la NFL et un autre sacre du Super Bowl demeure à leur portée.  « Avant le début de la saison, si j’avais à faire une gageure, je parierais sur les Chiefs », a commenté celui qui remisera son numéro 76 pendant quelques mois de plus. 

Il se préparera déjà pour 2021 

À plus d’une reprise, LDT a confirmé qu’il avait l’intention de reprendre sa carrière sur les terrains de la NFL en 2021. Il entend d’ailleurs s’y préparer minutieusement. 

« Je m’ennuie déjà de jouer au football donc j’imagine que l’envie sera encore là », a-t-il commenté. 

Personne n’a besoin de lui expliquer que son poste ne lui sera pas offert en cadeau contrairement à l’immense bague du Super Bowl qu’il a déballée en Gaspésie avec ses proches. 

« Il ne faut pas que ma forme physique soit un facteur nuisible. C’est quand même un gros objectif parce que j’ai presque trente ans. Ç’aurait été ma septième saison et ce sera ma huitième. C’est vrai que la nature de la business rend ça difficile avec les blessures et la compétition féroce, mais je vais me pointer là-bas avec la même approche, prendre la place qui me revient. Même si de loin on peut avoir l’impression que ma place était assurée pour les années dans les dernières années, elle ne l’était jamais », a exposé le colosse qui a accepté de restructurer son contrat. 

Harvard comme « plan B »

C’est bien connu, Duvernay-Tardif n’est pas du style à chômer sur son divan. Ainsi, en attendant, il tenait à se trouver un projet et un programme en Santé publique s’est imposé à ses yeux. Il se sent de plus en plus attiré par cette cause et il y consacrait déjà de grands efforts via sa fondation qui prône un équilibre entre le sport, les études et les arts. 

Tant qu’à se lancer dans cette aventure, il a approché l’Université Harvard. Il y suivra donc des cours dans l’optique d’éventuellement compléter une maîtrise dans ce domaine. Bref, sa destination finale en médecine demeure à déterminer. 

Laurent Duvernay-Tardif et des collègues dans un CHSLD« Mes études en médecine ont une valeur inestimable pour moi et je veux évoluer dans le domaine médical plus tard. Mais je réalise aussi, avec ce que j’ai bâti comme tribune médiatique, qu’il y a une possibilité de diffuser un message fort pour rejoindre beaucoup de monde et surtout des jeunes. Pourquoi pas le faire avec des concepts de prévention de santé comme je le fais avec ma fondation. Je ne sais pas si je veux me consacrer à la Santé publique à temps plein, mais ça me permet de rendre pertinente la tribune, de l’utiliser à bon escient », a précisé le diplômé de McGill. 

Parallèlement, LDT retournera aider probablement deux jours par semaine au CHSLD Gertrude-Lafrance qui a rendu son approche de la médecine encore plus humaine. 

« C’est une expérience difficile, mais vraiment enrichissante. J’ai envie d’y retourner parce que j’ai rencontré des gens passionnés et je veux encore contribuer et continuer d’apprendre d’eux sur les interactions humaines », a-t-il raconté. 

Son bagage médical s’est également bonifié par sa participation au comité de la NFL sur la COVID-19. En fait, il continuera d’y siéger. 

« Mon travail était plus d’écouter, c’était une expérience d’apprentissage. Je peux parfois contribuer quand on me pose des questions sur comment les gars vont réagir par rapport à certaines mesures », a dit Duvernay-Tardif qui ne voulait pas se mouiller sur la décision de certaines équipes d’accueillir un pourcentage considérable de partisans dans leurs gradins puisque ce débat implique des paramètres relatifs à chaque État. 

Cela dit, il entrevoit la saison 2020 d’un bon œil. 

«  On est dans une approche de limitation des risques, on est conscients que la COVID-19 est là. Pour l’instant, ça se passe super bien. Mais il n’y a pas encore de parties et de voyages. Après les deux ou trois premières semaines, on en saura beaucoup plus sur l’aperçu de la saison. Jusqu’à maintenant, je suis très optimiste. Comparativement aux résultats dans la NCAA, la NFL se porte très, très bien. » 

Un combat épique avec un thon de 500 livres 

Sur un ton plus léger, Duvernay-Tardif a dévoilé des détails sur son intrigante expérience de pêche qui a permis de capturer un thon de 500 livres. 

« J’ai un amour pour la Gaspésie, ça commence à se savoir. J’y suis allé quelques fois cet été pour de courts voyages. J’ai rencontré un pêcheur de homards qui avait aussi un quota pour le thon. Il m’a invité à aller pêcher avec lui. Je me suis présenté et je ne savais pas à quoi m’attendre. Je n’avais jamais vraiment regardé vidéos de pêche et je ne suis pas un grand pêcheur non plus. Mais le combat entre l’un des poissons les plus athlétiques du monde marin a duré environ deux heures à la canne pour le ramener. Ce fut vraiment des émotions assez incroyables. J’ai vraiment aimé mon expérience. Ensuite, on m’a dit que j’avais pêché un petit thon. Moi je le trouvais gros », a-t-il déclaré en riant.