Le problème Deshaun Watson
La NFL prépare, timidement, son retour à l'action en septembre pour les matchs de la saison régulière.
Avant ça, les camps des équipes sont en branle et un calendrier préparatoire placera les derniers détails avant le début officiel de la campagne.
C'est la poutine habituelle. Des joueurs découvrent leurs nouveaux coéquipiers, d'autres retrouvent la pelouse après de longues blessures et certains se préparent afin de donner un coup de barre sur le gouvernail de leur carrière.
Il y a aussi, à l'occasion (et trop souvent dans la NFL), des cas problématiques avec lesquels nous devons conjuguer quand on parle du circuit Goodell.
Le saint patron de ces cas de figure problématiques, en ce moment, c'est sans aucun doute le quart des Browns Deshaun Watson.
La saison dernière, l'ancienne vedette des Texans de Houston a été suspendue onze matchs par la NFL en lien avec les accusations d'inconduites sexuelles dirigées à son endroit par plus d'une vingtaine de femmes.
Du lot, aucune accusation criminelle et 23 règlements hors cour avec les présumées victimes.
Watson a purgé sa suspension puis il a amorcé sa saison avec les Browns, plus riche de plusieurs centaines de millions de dollars après avoir apposé sa signature au bas d'un lucratif contrat offert par Cleveland malgré les allégations.
C'était l'année dernière, une campagne sous le signe de la controverse pour le quart étoile après une saison d'absence en raison des accusations contre lui.
Depuis, pas de réelle résolution. Il participe à un programme de sensibilisation imposé par la NFL et il a reçu une amende de 5 millions de dollars. Une goutte d'eau dans la piscine d'argent remplie par les Browns afin de l'attirer à Cleveland afin de sauver l'organisation d'une disette éliminatoire sans fin.
Avec le camp d'entraînement et le retour imminent au jeu de tout le monde, Watson, forcément, doit faire face à ses responsabilités et affronter les questions des journalistes.
Son approche ? Attirer l'attention ailleurs.
Jouer à l'autruche
Cet extrait d'un point de presse place une drôle de perspective sur l'histoire qu'il souhaite raconter, c'est-à-dire celle qu'il veut qu'on observe sur le terrain.
Parce que Watson, pour noyer le poisson, veut qu'on parle de football. Il veut qu'on parle de ses exploits en carrière et de l'improbabilité de son ascension en raison de son passé familial. Il veut qu'on parle de l'athlète d'exception qu'il est et du projet d'excellence qu'il a pour les Browns de Cleveland.
Pour ne pas s'excuser, au minimum, de ces inconduites présumées, il veut qu'on parle d'autre chose parce que les médias, selon lui, teintent la perspective par rapport à sa carrière.
Et c'est ici que le malaise s'installe avec les pieds sur la table pour bien démontrer qu'il n'a jamais eu l'intention de quitter la pièce.
Déjà, le gargantuesque contrat signé durant sa suspension est une insulte à l'intelligence des 25 femmes qui ont osé dénoncer ses actions.
Ensuite, qu'on revienne à la normale en parlant de football, de victoires et de défaites sur le terrain, c'est un brin hypocrite.
Mais là, qu'on pointe les médias de le peindre sous un portrait défavorable, c'est tout simplement inacceptable.
Deshaun Watson n'a pas fait de prison et il n'a pas de dossier criminel. C'est vrai. En théorie, sa dette envers la société est réglée.
Sauf que la décence, ce n'est pas seulement de faire le strict minium afin de remplir les termes d'un contrat. Parce qu'ici, il ne faut pas se leurrer, Deshaun Watson a accepté un contrat de la NFL pour rétablir son image afin de jouer au football en paix malgré tout.
Il n'affiche aucun remords et, malgré ses propos disant le contraire, il ne semble pas avoir réellement changé puisqu'il n'est pas en mesure d'adresser les choses de front.
Il détourne l'attention, bifurque la faute sur quelqu'un d'autre et, ultimement, souhaite passer à un autre appel sans avoir réellement fait face à la musique.
Ah oui, il a raté onze matchs la saison dernière. Mais en connaissez-vous beaucoup des gens qui ont trois mois de vacances payées en échange de 200 millions de dollars ?
Poser la question, c'est soulever le manque de délicatesse de Watson, des Browns et de la NFL dans ce dossier.
Et ça, c'est un gros problème qu'il faut aborder avant de parler de football comme si rien n'était.