Amateurs de football, nous y sommes!

Dans quelques jours sera disputé au Minnesota le match ultime de la saison de la NFL, alors que nous aurons droit à un Super Bowl entre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Eagles de Philadelphie.

Pour un deuxième Super Bowl de suite, je suivrai avec intérêt l’affrontement en compagnie de mes amis à La Cage – Brasserie sportive. Cette année, je serai à la toute nouvelle Cage de Saint-Hyacinthe, dont la réouverture se fera dans les prochains jours.

J'ai le souvenir de m’être dit à moi-même, dimanche dernier, qu’un sixième titre était probablement dans la poche lorsque les Patriots sont venus de l’arrière pour défaire de manière spectaculaire les Jaguars de Jacksonville.

Mon point de vue a toutefois changé lorsque j’ai observé, quelques heures plus tard, la performance offerte par les Eagles en finale d’association de la NFC face aux Vikings du Minnesota. J’ai été agréablement surpris par le match qu’ils ont disputé. Ils m’ont paru être une équipe complète.

La défense de Philadelphie a été très productive en appliquant beaucoup de pression, menant à des revirements, dont une interception ramenée pour un touché. De son côté, Nick Foles s’est comporté comme un « Tom Brady 2.0 » devant une unité défensive qui avait fait faire des cauchemars à bien des quarts en saison régulière. D’ailleurs, tant le jeu aérien que la course ont fonctionné dans cette rencontre pour les Eagles.

Une partie de moi souhaite aussi du succès à leur entraîneur Doug Pederson, qui a été le coordonnateur offensif des Chiefs lors de mes deux premières saisons avec l’équipe avant d’être embauché par les Eagles avant la saison 2016. Il s’agit d’un instructeur qui possède un leadership fort. Il est proche de ses joueurs, et il arrive à imposer le respect parmi son groupe sans pour autant être trop autoritaire. Je ne suis pas surpris qu’il ait fait un excellent travail à Philadelphie.

Tout cela m’amène à dire que j’anticipe un Super Bowl très serré entre deux équipes finalistes qui se sont montrées capables de bien faire bouger le ballon. Une des deux attaques – celle des Pats – est assurément plus constante que la deuxième. Mais lorsque c’est l’affaire d’un match, tout peut arriver. Il suffit que les Eagles arrivent à exploiter des lacunes que les Pats ont montrées à quelques reprises cette saison (contre le jeu au sol, notamment) pour faire de ce duel un match très offensif dont l’issue peut basculer à la toute fin.

Je serai le premier à admettre que l’idéal pour les Eagles serait de pouvoir compter sur les services de Carson Wentz, leur excellent quart partant. Malgré toutes les qualités que je reconnais à Foles, mon ancien coéquipier à Kansas City, c’est tout de même plus facile d’œuvrer avec son quart no 1. Celui-ci connaît mieux les membres de la ligne offensive maîtrise mieux les signaux. Toute la mécanique derrière le fonctionnement de l’attaque est facilitée en sa présence. Je réaffirme néanmoins ma confiance en Foles, un quart possédant une belle expérience dans le circuit. Je crois qu’il possède les habiletés et le calme requis pour tenir tête aux Patriots dimanche.

Les exemples récents de remontées des Pats en matchs éliminatoires ne manquent pas. Il y a celui de la semaine dernière aux dépens des Jags. Et comment oublier le plus mémorable d’entre eux, lors du dernier Super Bowl, lorsqu’ils ont comblé un déficit de 25 points pour l’emporter devant les Falcons d'Atlanta? Ce sont de bien belles histoires, mais c’est difficile de jouer de l’arrière de cette façon, et contre une équipe misant sur d’excellents chasseurs de tête, ça peut devenir problématique d’être en « mode rattrapage ».

Avec la présence de Fletcher Cox à l’intérieur et Chris Long hors l’aile, les Eagles ont de quoi poser un défi très intéressant au vétéran Brady et à ceux qui ont le mandat d’assurer sa protection, même si le no 12 a la réputation de compléter ses passes même en se faisant frapper.   

J’ai peut-être un parti pris, mais j’ai la conviction qu’à ce moment-ci de l’année encore plus qu’à l’habitude, la qualité du jeu des lignes offensive et défensive est impérative pour l’emporter. Dans le dernier droit des matchs, des lignes moins hypothéquées par les blessures et plus performantes peuvent faire la différence.

À cet égard, les Eagles sont très bien nantis, notamment grâce à l’excellent centre Jason Kelce, élu au sein de la première équipe d’étoiles de la NFL. Pour un joueur de 6 pieds 3 pouces et près de 300 lbs, celui-ci possède une impressionnante mobilité.

Quant au front défensif, je regardais la télédiffusion du match face aux Vikings, et j’ai remarqué à quel point le nom de Fletcher Cox était souvent prononcé durant le reportage. Il crée tellement de choses avec ses qualités athlétiques. C’est vraiment rare qu’on accorde autant d’attention médiatique à un « Three-Technique » évoluant à la position de plaqueur défensif. Ça en dit long sa capacité à perturber le champ-arrière offensif.

Des habitudes chamboulées

Évidemment, l’expérience du Super Bowl est carrément unique dans la carrière d’un joueur de football. Certains ont de l’expérience en match ultime – surtout dans le camp des Patriots. Mais c’est néanmoins une semaine qui sort complètement les équipes de leurs habitudes et de leur zone de confort. Je suis persuadé que ceux qui sont passés par là partent avec une longueur d’avance.

Après 17 semaines d’activités en saison régulière, la routine est bien ancrée. Et soudainement, tu passes deux semaines sans jouer, et la deuxième sert en grande partie à faire la promotion médiatique de l’événement sportif le plus regardé aux États-Unis. De bénéficier d’une deuxième semaine n’est pas nécessairement une bonne chose.

Mon expérience d’une telle situation avec les Chiefs est qu’il est facile de se mettre à trop réfléchir. Tu as le temps d’emmagasiner plus d’informations, au point où ça peut devenir un surplus d’informations. Il y a un piège bien réel qui réside là.

Un autre piège commun est celui de s’éloigner, bien que de manière involontaire, du plan de match établi par le personnel d’entraîneurs pour « jouer au héros ». Il y a une raison pour laquelle ton équipe s’est rendue aussi loin, et ce n’est pas le moment d’improviser et de tenter d’en faire plus. « Fais bien ton travail et ce sera amplement suffisant » est le message que nous répètent nos instructeurs. Le fait que les yeux du monde entier soient rivés sur ce match ne devrait pas avoir d’incidence sur ta manière d’aborder chaque jeu. Mais l’anxiété et l’importance du moment peuvent parfois jouer de vilains tours. On en a eu une preuve bien tangible sur le dernier jeu du match entre les Vikings et les Saints de La Nouvelle-Orléans, il n’y a pas si longtemps.

Heureux pour Alex Smith

Un mot en terminant pour saluer la belle performance du quart des Chiefs Alex Smith lors du Pro Bowl, la fin de semaine dernière. Il en est maintenant à trois participations au rendez-vous des étoiles en cinq années avec l’équipe.

Il a terminé le match avec un excellent coefficient d’efficacité (QB rating) de 110 avec un touché par la passe. Ça montre qu’il méritait sa place au sein des étoiles du circuit et que nous sommes chanceux à Kansas City de pouvoir compter sur ses services. Je sais qu’il s’est écrit beaucoup de choses au sujet de son avenir, mais je réitère que mon souhait est de pouvoir le compter parmi nous au prochain camp.

* propos recueillis par Maxime Desroches