JACKSONVILLE, Flo. (PC) - Depuis que la ville de Jacksonville a obtenu la présentation du XXXIXe Super Bowl en 2000, elle a été la cible d'un concert de réprimandes provenant d'observateurs qui soutenaient qu'elle n'avait ni les infrastructures ni le bassin de population permettant de mettre sur pied un événement digne de ce nom.

Entre une certaine presse qui recherche la controverse et les appels au calme des autorités locales, c'est sur le terrain que cela se mesure. Et pour être franc, certaines craintes semblent bien fondées. Bilan du tour du propriétaire.

Avec une population pour l'ensemble du comté de 830 101 personnes - moins que la population du Grand Montréal -, la ville de Jacksonville est la plus étendue des Etats-Unis continentaux. D'où la présence de seulement 1800 chambres disponibles au centre-ville. Les problèmes d'hébergement ont déjà défrayé la manchette. La municipalité a affrêté cinq bateaux de croisière pour combler la lacune, mais le port d'attache de ces bateaux est situé plusieurs milles au nord de la ville. On n'ose imaginer les ennuis de logistique pour mener tous ces gens sur le terre ferme, selon leur convenance.

Il faut savoir que Jacksonville est éparpillée des deux côtés de la rivière St. Johns, les ponts Acosta et Main Street reliant les deux berges. La ville assure que les services de navette vont suffire à la tâche. On a dû mal à le croire. La circulation va d'autant être perturbée en fin de semaine que les deux-tiers des représentants des médias - environ 4000 personnes - sont logés sur la rive sud, alors que le centre-ville et le Centre des congrès - où la NFL a installé ses quartiers généraux - sont situés sur la rive Nord.

On a même dû ajouter un service de navette supplémentaire entre le Centre des congrès et le centre-ville qui sont séparés de près de deux milles. A La Nouvelle-Orléans, San Diego et Houston, les centres nerveux étaient à portée de marche du centre-ville, éliminant le besoin de centaines de navettes et d'autobus.

On s'attend aussi à une congestion monstre dans ce qui fait office de "centre-ville". Jacksonville Landing, une zone touristique avec restaurants et bars, ainsi que les trois rues qui mènent à la Plaza Hemming - un joli petit parc - couvrent une surperficie au moins deux fois inférieure à la zone fermée à Houston, en 2004. C'est aussi quatre fois plus petit que le quartier Gaslamp de San Diego et six fois plus restreint que le quartier français à La Nouvelle-Orléans. On fait le tour de toute cette zone en 30 minutes...

Quand on sait qu'il y avait entre 75 et 100 000 personnes dans les rues de Houston l'an dernier, la quatrième métropole des Etats-Unis, on se dit que l'on va à la catastrophe vendredi et samedi, quand tous les touristes et partisans avec forfaits de week-end vont se rendre dans cette zone. A cet égard, la pagaille vécue en 2001 à Tampa - une ville similaire à Jacksonville, mais plus grande - pourrait être de la rigolade. Et ce n'est pas le sympathique minirail qui traverse les deux rives qui va suffire à palier les carences.