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L'avant-match

MIAMI – Les 49ers de San Francisco, une équipe avec une riche tradition, ont essuyé de nombreuses critiques quand ils ont confié le poste de directeur général à John Lynch et celui d’entraîneur-chef à Kyle Shanahan. Ils ont eu la chance de relancer le club à partir d’une page blanche et, trois ans plus tard, le duo se retrouve à une victoire de procurer un sixième Super Bowl à l’organisation.

 

Mercredi soir, Lynch est apparu dans la salle réservée dans un hôtel de Miami pour la disponibilité médiatique de ses protégés et il a accepté de répondre à plusieurs questions des journalistes.

 

Il faut dire que la vie est belle présentement pour Lynch qui a semé les doutes à son endroit. Déjà qu’il faisait le saut à partir de la cabine des commentateurs, l’ancien secondeur étoile a vu sa formation perdre ses neuf premiers matchs en 2017 et sept de ses huit premiers en 2018. Les effets de la refonte de ce duo inattendu ont véritablement rapporté en 2019.

 

Avant d’aller plus loin, rappelons comment ces deux hommes ont hérité des clés des opérations football des Niners. En janvier 2017, Lynch analysait la victoire éliminatoire des Falcons d’Atlanta face aux Seahawks de Seattle pour le réseau FOX. Shanahan était, à ce moment, le coordonnateur offensif des Falcons. Lynch avait été impressionné par ses décisions et il l’avait vanté en ondes. Shanahan avait eu vent des commentaires de Lynch et il avait décidé de lui lâcher un coup de fil pour le remercier de ses gentils mots.

 

Durant la conversation, Shanahan a révélé à Lynch que Jed York, le grand patron des 49ers lui avait offert le poste d’entraîneur-chef de l’équipe. Le hic, c’est que Shanahan peinait à trouver un directeur général avec lequel il voulait travailler.

 

Lynch en a perdu le sommeil pendant quelques jours. Il a fini par rappeler Shanahan pour lui proposer sa propre candidature. Voilà comment s’est formée cette combinaison jeune et rafraîchissante qui a redonné vie aux Niners après les échecs de Chip Kelly, Jim Tomsula et la fin chaotique avec Jim Harbaugh.

 

Les deux hommes ont rapidement découvert que leur philosophie respective se mariait à merveille et se ressemblait à plusieurs niveaux. Leur vision impliquait assurément de miser sur un front défensif redoutable, de dénicher un quart-arrière de haut niveau (Jimmy Garoppolo) et de développer une attaque au sol intraitable.

 

Mais ça ne s’arrêtait pas là, ils voulaient permettre à plusieurs joueurs d’obtenir une autre chance à condition que leur passion était débordante.

 

« Il y a tellement d’exemples dans cette équipe de joueurs qui n’ont pas été repêchés. On a clairement mis l’accent là-dessus. Kyle dit souvent que son père (Mike) avait la même approche, celle de se balancer du rang au repêchage, et on a donné des chances à une tonne de joueurs de briller », a noté Lynch avec satisfaction.

 

Ces opportunités s’accompagnent toutefois de conditions à respecter. Le meilleur exemple touche le talentueux secondeur Reuben Foster qui a été libéré après une arrestation pour violence conjugale.  

 

« Il faut simplement suivre nos règles. Sinon, on prendra des décisions difficiles et on devra passer au prochain. On a pris cette décision en groupe. Il était tout un joueur donc ça n’a pas nécessairement rendu notre équipe supérieure, mais ça envoyait un message aux autres », a évoqué le sympathique dirigeant de 48 ans.

 

Ce geste significatif a viré pour le mieux.  

 

« C’est particulier ce qui arrive parfois parce qu’on a dû embaucher Kwon (Alexander) et ça me met automatiquement un sourire au visage parce que j’ai tellement d’admiration pour lui. Le docteur avait dit qu’il manquerait six mois d’action quand il s’est blessé et il est revenu moins de dix semaines plus tard. C’est bien plus fou qu’une mentalité old school, c’est un état d’esprit. En plus, son empreinte est demeurée quand il n’était pas là », a ajouté Lynch qui a fait une trouvaille plus bénéfique pour son vestiaire.

 

Si le front défensif des Niners regorge d’athlètes extrêmement talentueux - avec Nick Bosa comme chef de file - qui ont nécessité des choix au repêchage de grande qualité, on peut citer plusieurs exemples de joueurs qui ont relancé leur carrière dans la ville du Golden Gate.

 

En premier lieu, il y a le demi offensif Raheem Mostert qui a été libéré six fois avant de trouver sa niche à San Francisco. Le nom de Mostert a été prononcé par Kurt Warner, jeudi, puisqu’il se reconnaît en lui, 20 ans plus tard. En 1999, Warner avait obtenu l’occasion dont il rêvait depuis longtemps et il avait connu une éclosion extraordinaire en menant les Rams de St. Louis à la conquête du Super Bowl.

 

« C’est vraiment l’histoire qui me frappe le plus cette semaine, parce que j’ai l’impression que ça ressemble énormément. Il ne devrait pas être ici après toutes ses embûches. Finalement, il a connu sa meilleure performance au plus grand moment lors du match de championnat de l’Association nationale. C’est tellement merveilleux. On parle de Patrick Mahomes avec raison, mais ce sera peut-être un autre joueur qui s’illustrera et qui changera le destin de sa vie et même celui d’une personne qui le regardera jouer à la maison », a commenté Warner, analyste à NFL Network. 

 

Son partenaire Matt Breida n’a jamais été repêché tout comme le receveur Kendrick Bourne, les demis de coin Emmanuel Moseley et K’Waun Williams. La liste se prolonge avec des exemples comme le joueur de ligne offensive Mike Person qui était membre des Niners en 2011, mais qui a ensuite appartenu à six équipes avant d’être rapatrié par San Francisco. Même les cas de George Kittle et Dre Greenlaw, qui ont été repêchés tardivement (en 5e ronde), tiennent la route.

 

« La première année a été vraiment éprouvante, mais on se regardait, Kyle et moi, et on avait confiance en notre plan. Je me souviens de mon premier Super Bowl avec les Buccaneers et Warren Sapp avait dit quelque chose comme ‘On vient de passer d’un pays du tiers-monde au sommet’. Il y avait quelque chose de savoureux de partir du fond du baril pour l’emporter plus tard. On était l’une des pires franchises de l’histoire. Ça rapproche les gars quand l’adversité teste le club. On sent que le lien est fort dans notre groupe et il vient de cette progression », a maintenu Lynch.

 

Son influence est moins spectaculaire par les temps qui courent puisque les Niners ont renversé leurs adversaires via les jeux de course, mais ça prenait aussi l’ajout d’un quart de la trempe de Garoppolo.

 

« Je ne dis pas qu’il n’avait pas ce potentiel en lui, mais on n’en savait pas assez pour prévoir l’ampleur de son impact. On trouvait que c’était un prix raisonnable (un choix de deuxième ronde) pour essayer de trouver ton quart partant à long terme. Quand j’ai parlé avec Bill Belichick et Kyle l’a fait aussi, il disait à quel point il l’aimait. Bill ne dit pas des choses pour rien, il n’invente pas des trucs. S’il le dit, il le pense et je l’ai retenu. Il vient d’une très bonne famille et il a des frères plus vieux qui l’ont sans doute remis à sa place quelques fois. Il est plaisant à côtoyer. Kyle est exigeant, mais ça ne dérange pas Jimmy. En fait, il devient pratiquement meilleur quand il le pousse encore plus », a vanté Lynch à propos de son quart-arrière obtenu à rabais puisque Belichick avait été forcé de l’échanger.

 

Sans craindre de se tromper, on peut dire que Lynch et Shanahan ont très bien utilisé la page dont ils ont hérité. Désormais, ils doivent récompenser quelques joueurs avec des contrats plus lucratifs.  

« Je suis content de payer les joueurs qui méritent de meilleurs salaires maintenant. C’était attirant pour Kyle et moi parce qu’on partait d’une page blanche. On savait que ça viendrait, mais ce sera tout de même déchirant par moments », a conclu Lynch qui pourrait faire son entrée au Temple de la renommée du football cette semaine tout en savourant un premier Super Bowl comme directeur général.

Est-ce que Mahomes est aux portes de la gloire?