Matthew Bergeron repêché par les Falcons au 38e rang du repêchage
VICTORIAVILLE – Un appel qui change une vie, qui fait déferler une vague de fierté sur le Québec, qui déclenche les plus belles émotions imaginables chez ses proches. Quand Matthew Bergeron a senti son téléphone vibrer, ça voulait dire qu'il devenait le deuxième Québécois repêché le plus haut dans la NFL.
Dès que le code régional d'Atlanta a apparu sur son téléphone, qui ne quittait jamais ses immenses mains, la salle du golf de Victoriaville a été plongée dans un silence magnifique.
Les dizaines de proches ne voulaient rien manquer de chaque mot de cette conversation avec les dirigeants des Falcons qui venaient de grimper de six rangs pour s'assurer les services de Bergeron.
Sous le coup de l'émotion, le Québécois de 23 ans ne faisait que répondre « thank you, thank you ». Oui, il était à court de mots, mais il avait surtout hâte de raccrocher pour fêter avec les siens.
Son nom a alors apparu à la télévision ce qui a fait éclater les gens de joie. Il se dégageait une beauté inoubliable et cette touchante célébration a culminé lors de l'accolade de Bergeron avec sa mère Annie, sa sœur Kimberley, ses frères MarcArthur et Malcolm.
« C'est un sentiment incroyable, je suis vraiment content. Ça faisait un an que je visualisais ce moment et c'est fantastique. Un repêchage, ça n'arrive qu'une fois dans une vie. Il y avait de la joie et un peu de tout, c'est difficile à décrire », a confié Bergeron à propos de cette accolade et sa sélection.
À la suite de son parcours en ascension pendant quatre ans à l'Université Syracuse, Bergeron a excellé lors des étapes déterminantes du Senior Bowl, du Combine et Pro Day durant lesquelles il s'est frotté aux meilleurs de sa profession.
Sa valeur a donc grimpé en flèche à un point que son nom flirtait avec la première ronde. Ce scénario lui a échappé de peu, sauf que Bergeron a surpris plusieurs experts américains du repêchage qui le voyaient plutôt sortir autour du 50e rang.
« Tu m'aurais dit, l'an passé, que je deviendrais le 38e choix et je t'aurais ri dans la face! », a reconnu Bergeron avec le sourire accroché au visage.
« C'est vraiment cool. Ça démontre que le football québécois est en santé et j'espère que ça va inspirer les jeunes à suivre leurs rêves. Tout est possible même si on vient du Québec. Qui sait, peut-être qu'un jour le premier choix sera un Québécois », a ajouté Bergeron qui n'est devancé que par Tshimanga Biakabutuka (8e rang en 1996).
« La Corolla de ma mère va prendre le bord »
Si Bergeron affiche une maturité inspirante en songeant à la relève, il possède aussi un côté givré. À ce sujet, sa réponse la plus amusante s'imposait.
« Peut-être que la Corolla (2014) de ma mère va prendre le bord pour quelque chose de plus confortable pour la famille », a-t-il lancé avec humour et pertinence.
Sa mère, Annie, qui faisait très souvent la route jusqu'à Syracuse, pensait aussi à sa vieille Corolla. Mais on retient surtout ses larmes de joie dès que son grand fils a reçu l'appel des Falcons.
« C'est beaucoup d'émotions. On savait que ce serait aujourd'hui et on sait maintenant que c'est loin en voiture. Matthew est extraordinaire. Ce n'est pas parce que c'est mon fils, mais c'est exceptionnel. On est prêt pour la prochaine aventure et on espère seulement avoir autant de plaisir », a-t-elle raconté.
« Il a vraiment persévéré à travers toutes les étapes même si c'était difficile. Je suis fière de lui. Quand je me suis retournée et qu'il était au téléphone je n'en revenais pas. J'étais sur le bord de pleurer », a ajouté sa sœur Kimberley.
Tous les proches de Bergeron venant du milieu du football étaient soufflés par le moment. Autant qu'ils connaissent bien le talent et le potentiel de Bergeron, ils réalisaient l'exploit accompli par le joueur de ligne offensive.
« Je suis sans mots, ça fait longtemps que Matthew travaille pour ça. Il est une source d'inspiration même pour moi. D'être repêché au 38e choix, c'est énorme », a réagi Geoffrey Cantin-Arku qui devrait se faire repêcher l'année prochaine.
« C'est juste anormal. C'est le choix le plus haut que j'ai connu dans ma carrière d'entraîneur, en 34 ans. C'est un grand moment et je suis fier pour la famille », a ciblé Dino Babers, son entraîneur-chef à Syracuse, qui a notamment dirigé Jimmy Garropolo à Eastern Illinois.
Une destination qui semble idéale pour Bergeron
Le rang de sélection, c'est une chose. Mais Bergeron recherchait le fameux « fit ». À ce sujet, il semble avoir trouvé une destination idéale. On le disait, les Falcons ont procédé à une transaction pour le repêcher, mais les Falcons veulent s'imposer par la course, ce qui constitue la grande force de l'arsenal de Bergeron.
« Je suis vraiment content (d'aboutir avec Atlanta). Je vais ajouter un côté physique, je suis un gros bonhomme qui bouge bien et ils ont repêché un porteur de ballon (l'excellent Bijan Robinson) assez tôt (au 8e rang) donc je pense que leur but est de courir la balle, on va faire bonne équipe », a-t-il convenu avec le regard pétillant.
Un plan qui semble plausible avec les Falcons serait d'utiliser Bergeron comme garde à gauche pour entamer sa carrière et de le déplacer comme bloqueur, sa position naturelle, ensuite.
Les Falcons n'étaient pas l'une des sept équipes visitées par Bergeron avant le repêchage. Cela dit, Atlanta l'a suivi de très, très près.
« J'ai été en contact avec eux pendant le Senior Bowl, le Combine où ils ont pris le temps de me rencontrer. Ils sont venus à mon Pro Day (à Syracuse) et on a eu un souper ensemble. J'ai parlé avec l'entraîneur de la ligne offensive (Dwayne Ledford) et on a un très beau moment. Donc c'est sûr que je savais qu'Atlanta était une possibilité et mon agent me disait toujours « il y a Atlanta, il y a Atlanta ». Je voulais être choisi vers la fin de la première ronde, mais je suis vraiment content », a décrit Bergeron.
Vendredi soir, il a pu discuter brièvement avec le propriétaire Arthur Blank, le directeur général Terry Fontenot, l'entraîneur-chef Arthur Smith et Ledford.
Ce que Bergeron retient de tout ça, c'est qu'il veut retomber en mode football sans tarder.
« Je veux maintenant me concentrer à jouer au football en commençant par attaquer le camp des recrues (autour du 12 mai) et me tailler une place dans la formation », a conclu Bergeron