Chasser le sourire du visage de Cam Newton.

Voilà la mission numéro un qui attend la défense des Broncos de Denver dimanche à l’occasion du 50e Super Bowl. Une tâche plus que relevée, mais pas impossible.

Le jeune quart des Panthers a toutes les raisons de se réjouir cette saison. Candidat le plus sérieux au titre de joueur par excellence de la NFL, Newton s’amène sur la plus grande scène après avoir permis à son attaque d’enfoncer 31 et 49 points dans le bec des Seahawks de Seattle et des Cardinals de l’Arizona en éliminatoires. Un total de 80 points contre deux unités défensives pour le moins solides, ce n’est pas rien.

Sur le plan défensif, les Broncos viennent pour leur part de limiter les dégâts face aux Steelers de Pittsburgh et de dominer l’offensive des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

L’attaque de Bill Belichick et Tom Brady représentait tout un défi pour les Broncos, mais ce n’est rien comparativement à la menace offensive qui se profile à l’horizon. L’attaque des Panthers ne pourrait pas être plus à l’opposé de celle des Patriots...

Les Pats aiment lancer le ballon, les Panthers préfèrent courir.

Les Pats misent sur un quart peu mobile qui décoche ses passes toujours du même endroit, alors que les Panthers comptent sur un général à la fois mobile et imprévisible avec plus d’une course structurée à sa disposition. Tout le contraire du quart des Seahawks, Russell Wilson, à titre d’exemple.

Sur les 686 verges amassées au sol cette saison par Newton, seulement 222 d’entre elles ont été le résultat de jeux improvisés. Wilson a quant à lui généré 445 de ses 644 verges au sol en improvisant et en se fiant à ses instincts.

Les Pats travaillent beaucoup avec une protection minimale, c’est-à-dire avec seulement les cinq joueurs de la ligne à l’attaque, alors que les Panthers ne se gênent pas pour privilégier une protection maximale. L’ailier rapproché et le porteur de ballon se ralliant souvent à la cause, Newton peut ainsi compter sur sept protecteurs sur une base régulière.

J’ai toujours aimé cette philosophie. Après tout, à quoi ça sert d’avoir cinq receveurs sur le terrain si tu n’as pas le temps de leur lancer le ballon?

Les Pats étirent les défenses adverses de façon horizontale en envoyant plusieurs receveurs de passes sur le terrain et en leur lançant des passes rapides dans les zones courtes. Alors que leurs rivaux se préoccupent avant tout de freiner leur jeu au sol, les Panthers attaquent quant à eux verticalement les zones profondes en tirant avantage des confrontations à un contre un.

Bref, un méchant casse-tête pour quiconque se frotte à l’attaque des Panthers.

De quoi virer fou!

Une chose est certaine, l’attaque des Panthers passe par Newton, qui offre une tout autre dimension offensive à sa formation.

N’étant pas les meilleurs athlètes sur le terrain, les quarts-arrière se sont pendant longtemps contentés de lancer le ballon, tout en évitant les courses autant que possible. En quelque sorte, les défenses adverses se retrouvaient ainsi en situation d’avantage numérique.

Newton confirme que cette époque est bel et bien révolue. Face à un quart de ce genre, les défenses travaillent sans filet parce qu’elles doivent déployer des ressources pour le contenir. Cette précaution crée du football d’affectation et beaucoup de couvertures homme à homme sur le terrain. La marge d’erreur des unités défensives n’en est qu’amincie. Oubliez les plaqués de groupe contre le jeu au sol.

Pendant le match dimanche, je vous invite à porter une attention particulière à l’endroit dans le champ arrière où se croiseront Newton, son porteur de ballon et parfois un de ses receveurs en mouvement. De quoi virer fou! Le porteur de ballon part dans un sens, Newton dans l’autre, sans oublier le receveur.

Face à pareil déploiement, la défense adverse se doit d’être extrêmement disciplinée dans sa technique, mais aussi dans sa capacité d’analyse parce que l’attaque des Panthers dans le champ arrière, c’est beaucoup de poudre aux yeux et d’écrans de fumée. L’objectif est de lancer la défense rivale dans la mauvaise direction.

Les Cardinals ont mordu à l’appât en plusieurs occasions la semaine dernière, ce qui a mené à leur perte. Chacun des 11 membres de l’unité défensive des Broncos qui seront envoyés sur la pelouse pour limiter les dégâts dimanche se devra d’être extrêmement discipliné pour ne pas tomber dans le piège à son tour.

Aussi diversifiée qu’unique, l’offensive des Panthers a de quoi  faire trembler n’importe quel adversaire.

Des Broncos bien équipés

Heureusement pour les Broncos, ils auront pu profiter de deux semaines de préparation au moment du botté d’envoi. Quand tu t’apprêtes à te frotter à une attaque de la sorte, c’est loin d’être un luxe.

Wade PhillipsSi le match avait eu lieu dimanche dernier, je n’aurais pas donné cher de la peau des Broncos. Avec une semaine de plus à sa disposition, le coordonnateur défensif Wade Phillips aura eu l’occasion d’analyser et d’identifier les tendances des Panthers.

Le défi, on le sait, s’annonce plus qu’ardu pour les Broncos, mais ces derniers sont équipés pour y faire face. Quand ton objectif est d’arrêter un quart qui a tendance à courir, tu n’as pas le choix de positionner davantage de joueurs sur le front défensif et d’impliquer tes maraudeurs dans la boîte défensive. Les demis de coin se retrouvent ainsi en situation d’un contre un, une stratégie que privilégient déjà les Broncos. Très rapides, les secondeurs Danny Trevathan et Brandon Marshall, pourraient donc être appelés à garder un œil sur Newton.

Rapide, la ligue défensive des Broncos ne fuit pas le jeu physique non plus, ce qui ne nuira certainement pas face aux courses en puissance des Panthers.

Défensivement, les Broncos ont donc les armes en leur possession pour ennuyer l’attaque des Panthers. Ce ne sera certes pas facile, mais avec deux semaines de préparation, ils pourraient bien réussir à ralentir cette offensive.

Seront-ils en mesure de brasser Newton comme ils l’ont fait aux dépens de Brady il y a une peu plus d’une semaine? Je ne parierais pas là-dessus.

Il m’apparaît évident qu’à l’état pur, une confrontation opposant Vonn Miller et DeMarcus Ware à Micheal Oher et Mike Remmers, avantage les Broncos, et ce les deux doigts dans le nez. Le problème, c’est que les Panthers courent à répétition, ce qui offre beaucoup moins d’occasions d’attaquer le quart adverse. De plus, quand ils optent pour une passe, les Panthers se dotent d’un coussin de sécurité et s’offrent une protection maximale à la ligne de mêlée.

Cette protection maximale, jumelée à la patience, le bras canon et la mobilité de Newton dans sa pochette protectrice, permet au quart des Panthers de joindre ses receveurs rapides dans les zones profondes. Ça peut paraître bizarre, mais les équipes qui courent le plus avec le ballon sont souvent celles qui réussissent les plus de longs jeux par la passe. C’est ça les Panthers.

N’ayant pas le choix de consacrer beaucoup d’énergie à freiner le jeu au sol des Panthers, leurs rivaux n’ont pas le choix de sacrifier quelque peu leur couverture du jeu aérien et la Caroline semble toujours finir par en tirer profit.

Newton et le jeu au sol ne sont toutefois pas les seuls dangers guettant la défense des Broncos. L’ailier rapproché Greg Olsen est aussi à craindre.

Après avoir connu leur part d’ennuis face à Rob Gronkowski – quelle équipe n’en a pas? –, il sera intéressant de voir la tactique employée par les Broncos pour couvrir Olsen.  Ce n’est pas parce que les Broncos n’ont pas essayé de ralentir le Gronk. Ils lui ont assigné des secondeurs, des maraudeurs et même Aquib Talib, un demi de coin imposant. Malgré tout cela, ils ont échoué.

Dans la zone payante, Talib pourrait avoir le mandat de menotter Olsen. Chris Harris et Bradley Roby, de petits demis de coin rapides, pourraient quant à eux se charger des receveurs Ted Ginn et Philly Brown. Cette partie d’échecs s’annonce enlevante.

En résumé, le mot d’ordre pour la défense des Broncos sera de plier sans casser, car soyez assurés d’une chose, les Panthers vont amasser au moins 100 verges au sol. C’est ce qu’ils ont fait à leurs 31 derniers matchs. La clé c’est de ne pas allouer les trois ou quatre gros jeux de 40, 50 ou 60 verges qui ont fait si mal aux dernières victimes de la Caroline.

Cam Newton

Les Broncos doivent tenir le fort et à tout le moins s’offrir une chance légitime de l’emporter une fois le quatrième quart venu. Pour ce, ils devront d’abord 

résister à l’ouragan Caroline qui a déjà fait des dommages irréparables au premier quart face aux Seahawks et aux Cardinals. Les Broncos ne peuvent pas se permettre pareil scénario parce qu’ils ne sont pas outillés pour du football de rattrapage.

Provoquer un revirement tôt dans le match ne serait pas de refus non plus, histoire de secouer l’assurance en apparence inébranlable des Panthers. Newton sourirait sans doute déjà un peu moins...

*Propos recueillis par RDS.ca