MONTRÉAL - Au football, les joueurs de ligne offensive reçoivent rarement le mérite qui leur revient pour leur travail. Lorsque le quart-arrière profite d’une bonne protection et qu’il complète une passe difficile, on dit qu’il est doué. Lorsqu’il est rejoint et projeté au sol, on dit que la ligne offensive n’a pas fait son travail.

Les partisans revêtent très rarement des chandails avec le nom des colosses qui sacrifient leur corps pour protéger le quart-arrière, mais les amateurs ne se gênent pas pour critiquer leur travail.

C’est avec cette pression que David Foucault a dû composer lors de sa première saison chez les professionnels avec les Panthers de la Caroline. Il a été envoyé dans la fosse aux lions et les résultats ont forcé les dirigeants des Panthers à faire l’acquisition de nouveaux joueurs de ligne offensive, pendant la saison morte.

Michael Oher, un ancien des Ravens et des Titans, et Jonathan Martin, qui a joué pour les Dolphins et les 49ers, font partie de ceux qui se sont amenés en relève pour protéger Cam Newton.

« L’an passé, les partisans ont beaucoup chialé sur le travail de la ligne offensive, donc on s’attendait à voir arriver de nouveaux visages sur la ligne offensive, mais on n’est pas averti avant », a admis l’ancien des Carabins de l’Université de Montréal.

Si les joueurs sont très rapidement mis au courant advenant une mauvaise nouvelle qui les concerne, c’est tout le contraire lorsque vient le temps de retravailler le visage de l’équipe. Il existe une barrière entre le terrain et les bureaux administratifs et peu d’information réussit à la traverser.

« Ce n’est pas compliqué, il y a des gars qui jouent sur le terrain et d’autres qui travaillent dans les bureaux. On n’a aucune idée de ce que pensent les gars dans les bureaux et ce qu’ils prévoient faire. Ils ont vraiment des poker faces. »

Même si ces nouveaux visages compliquent la tâche du géant de six pieds et huit pouces, ce dernier voit la situation comme une chance de s’améliorer en côtoyant de meilleurs joueurs.

« Je m’en attendais un peu. Une équipe de football de la NFL, c’est une vraie business et il y a toujours du mouvement de personnel. C’est un sport tellement compétitif et chaque année c’est une nouvelle équipe. La signature des nouveaux joueurs, c’est plus de compétition pour moi, mais également la chance de prouver ce que je vaux en comparaison avec les meilleurs. »

En admettant lui-même que les choses se sont passées très rapidement l’an passé, Foucault a décidé de profiter de la présence de ces joueurs pour s’améliorer.

« Michael Oher c’est un gars extrêmement technique. Je lui pose beaucoup de questions et je le regarde aller sur le terrain. C’est vraiment un bon joueur de ligne et il m’apprend comment mieux jouer au football. »

Si Foucault voit du positif dans cette nouvelle compétition, certains joueurs peuvent le prendre plus personnel.

« C’est certain que quelques gars le prennent moins bien, mais les dirigeants veulent nous mettre de la pression. Ils ne veulent surtout pas que tu penses que ton poste de partant est acquis. Le contrat que l’on signe n’est pas garanti. Même si tu signes pour trois ou quatre ans, ils peuvent y mettre fin n’importe quand. »

Nouvelle année, nouveaux objectifs

L’an passé les objectifs ont passé d’être invité au camp, à faire partie de l’équipe pour finalement commencer un match comme joueur partant. Les crochets sur la liste des objectifs se sont crayonnés plus rapidement que prévu, mais il n’est pas question de tout recommencer à zéro, cette année.

« Je suis moins nerveux que l’an passé, car je sais comment ça va se passer. Tout ce que j’ai appris, je dois le perfectionner. En plus, je connais le playbook, car c’est le même que la saison dernière. À chaque partie on s’ajuste, mais je suis familier avec la base du système. C’est seulement de l’expérience que je dois acquérir et c’est en faisant des répétitions en pratique que ça va arriver. »

En plus d’avoir une année d’expérience dans la NFL, Foucault devrait être en mesure de prendre part au camp sans aucune douleur au gros orteil, une situation qu’il n’a pas vécue depuis très longtemps.

Après la dernière saison, il a été opéré et selon les médecins, il est maintenant guéri à 100 %. La douleur est toutefois encore présente lors des exercices.

« Les médecins disent que c’est 100 % guéri, mais étant donné que je traînais cette blessure depuis environ deux ans, mes articulations sont encore très douloureuses. Chaque fois que je pousse, ça fait extrêmement mal, mais c’est normal. Il faut que je les fasse bouger », a expliqué Foucault qui s’est cassé David Foucaultl’orteil à trois reprises avant de se faire opérer.

En ce moment, il est en Caroline pour prendre part à un camp optionnel, préparatoire au véritable camp. Il s’agit présentement de la dernière semaine de ce camp, où la totalité de l’équipe s’est présentée, avant de bénéficier d’un mois de congé.

« C’est un camp optionnel, mais tu es mieux de te présenter. C’est volontaire, mais obligatoire à la fois », a avoué Foucault en riant.

« Même les gars qui sont avec l’équipe depuis 10 ans sont là. C’est le fun, parce que c’est la première fois depuis la fin de la saison qu’on est toute l’équipe ensemble. Après, je vais revenir deux semaines à Montréal pour profiter de ma famille et de mes amis avant de retourner en Caroline pour m’entraîner juste avant le camp. »

La LCF est un plan b

Lors du repêchage 2014 de la LCF, les Alouettes avaient pris un risque en sélectionnant le natif de LaSalle avec le cinquième choix au total. À la suite du succès qu’il a connu avec les Panthers, les Moineaux ont dû se passer de ses services.

Les Alouettes disputeront jeudi leur dernier match préparatoire, mais Foucault admet n’avoir eu aucune discussion avec la formation montréalaise concernant une potentielle intégration à l’équipe.

« Je n’ai vraiment aucun lien et aucune communication avec les Alouettes. En ce moment, tout se passe avec les Panthers. Si une situation négative arrive, c’est mon agent qui discuterait avec les Alouettes et il m’en ferait part par la suite. La LCF, c’est un plan b pour moi. Je veux vraiment rester ici et je vais tout faire pour que ça arrive », a admis Foucault avec certitude.