QUÉBEC - L'athlète québécois Laurent Duvernay-Tardif veut se servir de son nouveau statut de héros national comme d'une tribune pour transmettre ses valeurs aux jeunes: la persévérance scolaire, la discipline personnelle et l'activité sportive.

Il n'était pas peu fier, mardi, de recevoir la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale, à l'occasion d'une cérémonie tenue à l'agora du parlement, et à laquelle ont assisté quelques centaines de personnes du public venues le rencontrer et l'applaudir.

Ému, il a tenu à exprimer sa reconnaissance envers sa famille et envers tous ceux qui lui ont ouvert des portes et permis ainsi de réaliser ses rêves de jeunesse, même s'ils paraissaient parfois inaccessibles.

« Je me sens extrêmement privilégié », a-t-il dit devant les dignitaires et le public réunis à l'agora, se montrant fier de son parcours et visiblement pressé de redonner à la génération suivante.

Les élus tenaient à souligner dignement l'exploit du sportif québécois, qui a remporté le Super Bowl de la NFL, le 2 février dernier, avec son équipe, les Chiefs de Kansas City, face aux 49ers de San Francisco.

« Les Québécois et les gens d'ici me jugent moins pour mon accomplissement sportif, mais plus pour la personne que je suis, ou du moins c'est ça que je ressens », a-t-il confié, en mêlée de presse, après avoir reçu sa médaille.

« Si je peux utiliser la tribune du football pour redonner et promouvoir les causes auxquelles je crois, que ce soit avec ma fondation, la Fondation Laurent Duvernay-Tardif, ou avec des mandats d'ambassadeur comme avec la Journée de la persévérance scolaire, ce serait mission accomplie », a commenté le numéro 76 des Chiefs.

Plus tôt, le joueur de football avait pu s'entretenir en privé avec le premier ministre François Legault, après avoir reçu les hommages des différents partis politiques au Salon bleu.

Laurent Duvernay-Tardif est la preuve vivante que les Québécois sont "capables des plus grandes choses", a observé M. Legault en rendant hommage au sportif, qu'il a décrit comme étant « parfait ».

Le premier ministre a tracé un parallèle audacieux entre le gabarit impressionnant du joueur de football et le destin de la nation québécoise.

« Quand on voit la carrure de Laurent Duvernay-Tardif, il n'y a personne qui peut douter qu'on est quelque chose comme un grand peuple », a-t-il commenté, paraphrasant la célèbre citation de René Lévesque, le soir de la toute première victoire électorale du Parti québécois, le 15 novembre 1976.

Les parlementaires ont tenu à rappeler que M. Duvernay-Tardif était le premier Québécois de l'histoire à mettre la main sur le prestigieux trophée Vince-Lombardi, tout en étant le premier joueur de la NFL à avoir décroché, en parallèle, un diplôme de médecine de l'Université McGill.

C'est « un modèle pour tous les Québécois », a commenté le chef par intérim du Parti québécois (PQ), Pascal Bérubé, en déposant en Chambre une motion de félicitations destinée à l'athlète de 29 ans.

Coqueluche des médias, l'athlète propulsé depuis sa victoire au rang de vedette n'est pas totalement étranger à l'univers politique québécois. Il s'est dit "extrêmement" proche de son défunt grand-père Guy Tardif, qui fut notamment ministre des Affaires municipales et des Transports dans le cabinet de René Lévesque.

M. Duvernay-Tardif a qualifié son grand-père de « mentor », en précisant qu'il avait eu un impact majeur sur le cours de sa vie.

« Il m'a transmis des valeurs qui vont me suivre toute ma vie », a dit Laurent Duvernay-Tardif de l'ancien ministre péquiste, qui serait sûrement très fier de voir ce que son petit-fils a accompli avant même d'avoir 30 ans.

Mais ce dernier ne semble pas vouloir se destiner à la politique. Il a en tout cas soigneusement évité les questions portant sur ce sujet.

À court terme, il veut plutôt se consacrer à ses causes, reprendre l'entraînement pour une nouvelle saison de football, et planifier un échéancier visant à effectuer sa résidence afin de pouvoir pratiquer la médecine.