MONTRÉAL – Ce n’est pas tous les jours qu’un joueur des rangs universitaires canadiens est mis sous contrat dans la NFL... surtout après avoir raté la totalité de la saison en raison d’une déchirure du tendon d’Achille.

Huit mois après sa malheureuse blessure, le démi-défensif montréalais Elie Bouka a réalisé un rêve samedi lorsqu’il a apposé sa signature au bas d’un contrat qui faisait de lui un membre des Cardinals de l’Arizona.

« C’est un moment qui est très spécial pour moi. Ça fait depuis que j’ai 6 ans que je joue au football. C’est un moment que j’ai toujours attendu alors je suis très content », a indiqué l’ancien joueur des Dinos de l’Université de Calgary qui a paraphé son entente en tant que joueur autonome non repêché.

« Un gars qui se déchire le tendon d’Achille, un Canadien qui se retrouve dans une situation comme celle-ci (et qui se fait mettre sous contrat dans la NFL), c’est très surprenant. Mais je dois revenir sur terre. [...] Il faut que je reste professionnel et que je tire avantage de cette situation », a ajouté le sympathique athlète de 23 ans.

Son entente avec les Cards a été le fruit de dur labeur depuis qu’il a commencé la pratique du football, surtout durant les huit derniers mois. Bouka a dû travailler extrêmement fort pour retrouver la forme après son opération.

Elie BoukaPour bien des espoirs, cette blessure lors de leur année de repêchage aurait été un désastre. Bien que Bouka ait dû encaisser le choc, il a approché cette douloureuse épreuve avec sérénité.

« Je suis un gars qui est croyant. J’ai toujours cru que c’était le plan de Dieu et que je devais garder la tête haute. Je prenais ça comme une opportunité pour que je puisse grandir dans ma vie. J’ai travaillé fort et j’ai eu l’aide de mes entraîneurs, de mes coéquipiers et de mes agents », a raconté Bouka lors d’un entretien téléphonique d’environ 20 minutes avec le RDS.ca.

« Je me sens un peu comme un [miraculé] puisque j’ai pu me rétablir très vite et que des équipes ont toujours eu de l’intérêt (envers moi). J’ai toujours pensé que j’avais le potentiel et mes entraîneurs aussi. Mais pour qu’une équipe est autant foi en moi et croit que je puisse faire le travail, ce n’est pas quelque chose qui arrive tous les jours », a enchaîné celui qui aura un excellent plan B en jouant dans la LCF si l’aventure de la NFL ne fonctionne pas.

Bouka est bien conscient que le plus gros de la tâche reste à venir en prouvant qu’il peut se tailler une place sur la formation de 53 joueurs ou sur l’équipe d’entraînement des Cards. Il note que sa polyvalence en défense et sur les unités spéciales, qui est un point que l’état-major de l’Arizona apprécie chez lui, pourrait jouer en sa faveur.

L’intérêt grandissant des Cards

Le talent et les qualités athlétiques d’Elie Bouka ont toujours été bien connus au Canada. Lors du premier classement des espoirs en vue du repêchage de la LCF de 2016, le nom du produit des Nomades du Collège Montmorency apparaissait au quatrième rang.

En raison de son absence des terrains de football, il a chuté dans ce scrutin et est passé quelque peu sous le radar des dépisteurs de la NFL.

Le vent a tourné pour Bouka lorsque les Cards ont contacté son agent, Sasha Ghavami – le même qui représente Laurent Duvernay-Tardif et Charles Vaillancourt –, pour demander à ce dernier de préparer son client pour une visite en Arizona au mois d’avril.

« Les Cards ont été les premiers à me contacter. Je suis allé en visite là-bas. Après les autres équipes ont commencé à me contacter. C’était bien de voir ça surtout pour un gars qui n’a pas joué l’année dernière due à une blessure. C’était un accomplissement en soi que des équipes (de la NFL) soient intéressées à mes services », a admis celui qui peut être utilisé à toutes les sauces sur les unités spéciales.

Elie BoukaLors de la dernière journée du repêchage de la NFL, Bouka a gardé son cellulaire près de lui en espérant recevoir l’appel qui allait changer sa vie. Les Cardinals ont de nouveau été la première formation à lui faire signe.

Le directeur du recrutement lui a envoyé un message texte pour lui signifier que les Cards essaieraient de le sélectionner avec leur choix de sixième ronde. L’équipe a finalement été dans une autre direction, mais elle lui a fait savoir qu’il recevrait une généreuse offre de contrat s’il n’était pas repêché lors du septième tour.

L’encan annuel du circuit Goodell a pris fin sans qu’aucune équipe ne jette son dévolu sur Bouka au grand bonheur des Cards. Plusieurs équipes se sont manifestées, mais le choix du diplômé en économie était fait : il allait accepter l’offre des Cards puisque l’équipe avait un plan pour compléter sa remise en forme et pour sa carrière chez les professionnels.

« Les Cards avaient un plan depuis le début. Quand je suis allé en visite là-bas, je pensais que j’allais devoir me vendre. Mais ils étaient déjà vendus. Il voulait juste que je vois les médecins. [...] L’équipe voulait que je sois en Arizona le plus vite possible pour poursuivre ma remise en forme avec leur entraîneur physique », a raconté celui qui a aussi piqué la curiosité des Cowboys, Texans, Packers, Jets, Seahawks et Colts.

« Ils voulaient que je me rétablisse, mais que je sois aussi aux réunions. C’est un plan qui correspondait où j’étais physiquement et mentalement. Ils m’ont soumis la première offre de contrat et ils n’ont pas arrêté. C’est bien d’aller à une place où tu te sens voulu et qu’il pense que tu peux faire la job », a fait valoir celui qui « s’est senti chez lui » lors de sa visite chez les Cards.

La question qui tue pour Bouka : serait-il où il est aujourd’hui s’il avait choisi de rester au Québec à l’université au lieu d’accepter l’offre de Blake Nill pour se joindre aux Dinos? Le principal intéressé, qui évoluait comme receveur au niveau collégial, a hésité longuement avant de répondre.  

« Même au Québec, il y avait des équipes qui me recrutaient comme demi-défensif. C’est une question qui est difficile à répondre. Il y a plusieurs choses qui se sont passées dans ma vie en Alberta. C’est dur à dire », a affirmé le membre de la deuxième équipe d’étoiles au Canada en 2014 après un court moment de réflexion.

Bouka s’envolera jeudi matin vers l’Arizona pour amorcer le nouveau chapitre de sa carrière. Il poursuivra sa remise en forme avec l’un des meilleurs maraudeurs de la NFL, son nouveau coéquipier Tyrann Mathieu. Ce dernier s’est blessé à un genou durant la dernière saison.

C’est en direct des États-Unis que Bouka suivra le repêchage de la LCF, mardi prochain. Il sera heureux peu importe l’équipe qui le sélectionnera.

Toutefois, comme ses compatriotes Mehdi Abdesmad, qui a été mis sous contrat par les Titans, et Charles Vaillancourt, qui aura un essai avec les Raiders et les Giants, il souhaite ne jamais avoir besoin de se rapporter à la formation canadienne qui le choisira.