Vous n’aurez pas de difficulté à le croire, chers lecteurs du RDS.ca, si je vous avoue que les 24 dernières heures ont été pour moi un véritable tsunami d’émotions.

Ce qui est plutôt étonnant, c’est que j’ai réussi à trouver le sommeil assez rapidement après les moments inoubliables vécus dans cette victoire face aux Titans de Tennessee qui nous envoie au Super Bowl! Je crois que j’étais complètement exténué après toute la fébrilité, l’adrénaline, l’effort physique de 60 minutes et les célébrations!

Le mot d’ordre chez les Chiefs de Kansas City, peu importe les enjeux de la rencontre à disputer, est de se concentrer sur sa propre tâche à accomplir, et de continuer d’exécuter la routine qui t’a permis de te rendre là où tu es. Ce n’est pas parce que le match est une finale d’association qu’il faut tenter d’en faire plus, car de toute manière, il y a un risque de se mettre dans le trouble en pensant de cette manière.

Lors du 1er match éliminatoire contre Houston, j’étais à l’aise et je ne sentais pas un stress plus grand que lors des 16 parties de saison régulière. Mais à chaque étape franchie dans le calendrier d’après-saison, la pression et les attentes augmentent. La présence médiatique atteint des proportions encore plus immenses elle aussi, ce qui fait qu’on ne peut faire autrement en tant que joueur que de prendre conscience de l’importance du moment.

Je dois donc dire que cet ensemble de conditions différentes, je l’ai ressenti à l’amorce du match face aux Titans. J’étais fébrile avant le coup d’envoi. Et bien qu’on ne soit pas sortis en lions à l’attaque (avec une séquence qui n’a duré que trois essais avant le dégagement), ça n’a pas pris trop de temps avant qu’on se bâtisse une confiance avec des séries plus dynamiques et soutenues. Une fois que cette attaque des Chiefs trouve son rythme, elle est difficile à arrêter, même par de bonnes unités défensives comme celle des Titans ou des Texans.

D’ailleurs, on a ressenti un feeling semblable à celui qui nous habitait à partir du 2e quart la semaine précédente, celui d’être inarrêtable.

Pendant la partie, tu fais tout en ton pouvoir pour balayer cette idée du revers de la main, mais lorsque les minutes s’égrainent au tableau tard au 4e quart et que tu as une avance confortable au score, ça te frappe tout d’un coup : on a gagné le trophée Lamar-Hunt, on s’en va au Super Bowl! On savait que si on avait affaire à retourner sur le terrain une dernière fois, c’était probablement pour déposer un genou au sol et confirmer notre victoire.

C’est ce qui s’est produit avec 1:20 à écouler et à ce moment, l’Arrowhead Stadium s’est mis à rugir plus qu’à n’importe quel autre moment dans la saison. Les « Go Chiefs! » résonnaient de partout dans le stade alors que personne parmi les 80 000 spectateurs présents n’avait quitté son siège.

Pour ceux qui ne le savent pas, le trophée Lamar-Hunt a une signification particulière dans la ville de Kansas City puisqu’il est le fondateur de l’organisation des Chiefs. De ramener cet honneur à la maison après une absence d’une durée de 50 ans, ça rendait l’exploit encore plus savoureux pour tout le monde.

Les fameuses célébrations avec Didier

Je n’ai pas le choix de revenir sur ce moment cocasse survenu dans les instants suivant la fin du match, lorsque le reporter de RDS Didier Orméjuste est venu à ma rencontre. J’ai arrêté de célébrer avec mes coéquipiers pendant quelques instants pour donner mes commentaires à chaud... Et je pense qu’on peut dire sans se tromper que Didier les a vraiment eus à chaud!

« On l'a eu! »

Je ne l’ai pas ménagé dans mes célébrations, j’en conviens! Mais à ma défense, il faut dire que Didier est la première personne avec qui j’ai pu célébrer en français. Ma copine Florence et mon agent Sasha n’étaient pas encore descendus sur le terrain. D’apercevoir un Québécois mais aussi un collaborateur avec qui j’ai développé une complicité ces dernières années – notamment grâce à ma participation à l’émission Blitz – j’ai été gagné par l’émotion et j’ai voulu partager ma joie avec lui.

Je sais en plus qu’il a connu un parcours admirable qui l’a mené loin dans le football en tant que joueur, donc je suis persuadé qu’il avait une bonne idée du sentiment qui m’habitait. Pendant quelques secondes, j’ai oublié qu’il y avait un micro entre nous deux. Bref, je pense que je l’ai surpris un peu sur le coup, mais je ne crois pas qu’il m’en voudra d’avoir voulu célébrer ça avec lui!

Tout mettre de côté pour une dernière victoire

Au cours des derniers mois, j’ai fait du travail avec mon psychologue sportif. Un des constats qui revenaient souvent est celui qu’il faut profiter du moment tout en gardant un niveau d’énergie qui permet de garder un œil sur ce qu’il reste à accomplir. Lorsque le a camp printanier s’est amorcé il y a de ça plusieurs mois, la vision à long terme était de remporter les grands honneurs. La finale d’association n’est qu’une étape vers ce que tu avais imaginé pour ton équipe et toi.

Pat Mahomes est le meilleur joueur de la NFL

Tout cela pour dire que dimanche soir, je n’ai pas prolongé les célébrations plus qu’il ne le faut. Je suis rentré à la maison et je suis allé au gymnase en matinée. J’ai profité du sauna, et ce sera une composante de ma préparation pour toute la semaine puisqu’on jouera à Miami dans deux semaines dans une chaleur à laquelle nous ne sommes plus habitués à Kansas City depuis le mois d’octobre.

C’était bien de célébrer hier, mais l’étape la plus importante n’a encore été franchie. C’est super d’avoir soulevé le trophée Lamar-Hunt, mais on serait quand même très amer d’échouer dans le match ultime. Personne ne se rappellera dans 5 ou 10 ans qui a remporté la finale de l’AFC de 2020. Ce qu’on veut à tout prix, c’est le Vince-Lombardi!

Personnellement, je suis investi à 100 % dans cette quête et j’ai choisi de mettre de côté d’autres projets et engagements qui normalement seraient prioritaires à ce temps-ci de l’année, comme la Fondation Laurent Duvernay-Tardif par exemple. Je fais le sacrifice de ranger des choses qui me tiennent à cœur pour me concentrer à la tâche à accomplir. Tu veux t’assurer d’arriver dans 13 jours sans ressentir la fatigue du long calendrier et ça demande de renoncer à certaines facettes de ta vie.

J’écrivais précédemment que Houston et Tennessee avaient de bonnes défenses. Je n’apprends rien aux amateurs de football américain en affirmant que celle des 49ers de San Francisco constitue un défi redoutable pour nous. Non seulement ont-ils une bonne défense, mais c’est leur front défensif qui donne régulièrement le ton pour le reste de l’équipe. Pour un joueur de la ligne offensive adverse, c’est certainement une lourde commande.

Les Niners ne sont pas une équipe contre laquelle j’ai déjà joué par le passé. Les deux clubs ne se sont pas croisés souvent depuis mon arrivée à K.C. Je n’ai pas encore eu le temps de m’attarder aux bandes vidéo pour décortiquer les tendances des joueurs, mais ça ne saurait tarder.

Uniquement par leurs statistiques de la saison et les quelques fois où j’ai ouvert le téléviseur et qu’ils étaient en train de jouer, je sais à quoi on fait référence lorsqu’on parle de l’excellence de leur ligne défensive. De notre côté, on sait que lorsqu’on procure une bonne pochette à Patrick Mahomes, il est à peu près impossible à arrêter. Donc c’est là que réside une grande partie du mandat qui nous est confié. À nous de le relever le 2 février prochain... Mais en attendant, il y a énormément de pain sur la planche pour tout le monde au sein de l’organisation des Chiefs!

* propos recueillis par Maxime Desroches

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