Nouveau départ encourageant
NFL vendredi, 2 août 2013. 08:16 mercredi, 11 déc. 2024. 03:11Joueur défensif par excellence au niveau universitaire canadien en 2009 avec les Stingers de Concordia, Cory Greenwood a gravi l’ultime échelon de la NFL dès la saison suivante et il s’est forgé une réputation enviable en trois ans.
L’Ontarien de 28 ans n’a eu besoin que d’une occasion de se faire valoir avec les Chiefs de Kansas City pour les convaincre de son potentiel. Cette mission s’avérait pourtant exigeante à sa sortie d’un programme aussi méconnu que le sien, mais Greenwood avait espoir de poursuivre sa carrière dans cette prestigieuse ligue.
« Je pensais que j’aurais peut-être une occasion, mais je devais ensuite attendre de voir comment les pions allaient se placer pour moi. Mon agent m’a trouvé cet essai à Kansas City et j’ai pu profiter de cette situation », a-t-il révélé durant une entrevue au RDS.ca.
Depuis ce temps, il a fait la loi sur les unités spéciales avec les Chiefs en plus d’ajouter une valeur sûre en relève à la position de secondeur.
Mais la réalité sans pitié de la NFL est venue le rattraper seulement 15 mois après avoir paraphé un contrat de quatre saisons et 2,75 millions avec l’organisation du Missouri. En lien avec un remue-ménage de la direction incluant l’arrivée de l’entraîneur Andy Reid, Greenwood a été libéré en mai 2013.
« Je ne m’y attendais pas. Je prévoyais devoir lutter pour une place au camp d’entraînement, mais ils ont ajouté de nouveaux joueurs et c’est ainsi que ça fonctionne quand les dirigeants changent », a constaté celui dont les droits dans la LCF appartiennent aux Argonauts de Toronto.
« J’ai vécu des moments inoubliables avec eux et j’ai développé de superbes amitiés. Je dois réaliser que ce n’est rien de particulier de changer d’équipe. En fait, la plupart de mes amis possédant cinq, six ou sept années d’expérience ont tous joué pour plus d’une équipe. »
« En discutant avec Bob Sutton, le coordonnateur défensif des Chiefs, il m’a dit que nous travaillons tous pour la NFL et que parfois tu te retrouves avec une nouvelle équipe. Il venait tout juste d’arriver à Kansas City après 13 saisons avec les Jets de New York », a évoqué Greenwood.
Heureusement pour lui, il n’a pas patienté longtemps avec ce statut précaire puisque les Lions de Detroit l’ont sélectionné au ballottage dès la journée suivante. L’athlète de six pieds deux pouces et 235 livres s’est donc empressé de rejoindre son organisation d’adoption pour prouver son potentiel dès la première étape de la saison morte.
« J’ai eu la chance de ne rien manquer des activités organisées (Organized Teams Activities) et je me sentais déjà confortable avant la fin de cet aperçu du camp d’entraînement », a raconté Greenwood qui suit encore les activités du football universitaire canadien et de la LCF.
Les Lions ont amorcé leur camp il y a une semaine et Greenwood fait belle figure jusqu’à présent alors qu’il lutte pour le poste de sixième secondeur de la formation du divertissant entraîneur Jim Schwartz.
« Tout va très bien depuis le début. En fait, je profite de la blessure de l’un de mes coéquipiers secondeurs (Carmen Messina) ce qui me permet de m’entraîner avec la deuxième unité », a confié celui qui arbore le numéro 53.
Rien n’est cependant gagné pour lui puisque 10 secondeurs tentent d’impressionner les entraîneurs et cinq d’entre eux semblent miser sur un poste assuré. De plus, Greenwood provient d’un système défensif 3-4 et les Lions déploieront plutôt un 4-3 cette saison.
« C’est très compétitif notamment parce que les Lions ont embauché des joueurs autonomes et ils en ont repêché un autre. Bref, ce n’est pas de tout repos! »
Le camp d’entraînement est encore jeune et Greenwood possède l’atout des unités spéciales pour hériter de la confiance des Lions.
« Je retire beaucoup de fierté de mon travail sur les unités spéciales et je crois que cette facette de mon jeu devrait me permettre de percer la formation des Lions. Ensuite, je veux être constant et fiable en défense pour contribuer aussi à ce niveau. »
La tragique histoire de son ami Jovan Belcher
Greenwood n’a jamais été du style à se laisser affecter par les petits tracas de la vie d’un athlète professionnel. Cependant, les épreuves à surmonter sont devenues encore plus minimes quand il a vécu de près la tragédie de Jovan Belcher.
Le 1er décembre 2012, Belcher, qui était secondeur avec Kansas City, a tué sa femme avant de s’enlever la vie au stade des Chiefs. Ce drame a bouleversé la planète football et encore davantage.
Dès le lendemain, les Chiefs ont surmonté leur peine pour vaincre les Panthers de la Caroline dans une rencontre plus que particulière. Même si sept mois se sont écoulés depuis cet incident fort malheureux, Greenwood y songe encore souvent.
« J’aimais Jovan, il était un bon ami et un bon coéquipier. Bien sûr, personne n’avait vu cela venir. C’était tragique et je pense fréquemment à leur petite fille qui était née peu de temps avant », a-t-il exprimé.
Tourmenté, Belcher a commis l’irréparable et ses anciens coéquipiers ne peuvent que tirer des leçons de cet épisode d’horreur dont celle de se confier à un proche quand les nuages noirs refusent de quitter.
« Lorsque c’est arrivé, j’ai appelé mes parents. C’était tellement difficile parce que tu cherches toujours des raisons pour expliquer ce drame. Mais en fin de compte, on ne saura jamais pourquoi ça s’est produit; c’est juste une histoire si triste », s’est rappelé Greenwood qui n’a pas encore d’enfant avec sa copine.
Le football était devenu un exutoire pour les joueurs des Chiefs et leurs partisans. Sans pouvoir établir de comparaison directe, les Lions rempliront aussi un rôle de réconfort auprès de leurs partisans qui vivent dans une ville traversant une période économique morose.
Un nouveau départ pour lui et les Lions
Limité à quatre victoires en 16 parties en 2012, les Lions ne peuvent imaginer faire pire pour leur calendrier qui s’amorcera le 8 septembre contre les Vikings du Minnesota. Les ajouts du porteur de ballon Reggie Bush et de l’ailier défensif Israel Idonije au noyau composé des vedettes Matthew Stafford, Calvin Johnson et Ndamukong Suh inspirent confiance à Greenwood et au reste de la bande.
« Leur éthique de travail est exceptionnelle! Nous savons que nous avons une bonne formation et nous sommes excités de le montrer », a lancé Greenwood qui considère Tony Moeaki, un demi-inséré des Chiefs, comme son meilleur ami dans la NFL.
« De plus, aucun joueur ne représente une distraction sur le terrain et à l’extérieur de celui-ci. Je suis chanceux de pouvoir faire confiance à de tels coéquipiers », a-t-il enchaîné.
L’auteur de 29 plaqués en 48 parties dans le circuit Goodell espère que sa carrière en sol américain comportera encore plusieurs saisons. Jusqu’à maintenant, il a tout de même accumulé une multitude de souvenirs.
« J’ai conservé quelques ballons de match et ils sont précieux à mes yeux. J’ai aussi un chandail autographié par Aaron Rodgers, mais ce sont surtout les souvenirs sur le terrain que je retiens dont quelques jeux que j’ai réussis », a-t-il spécifié.
Son chemin n’arrive pas à sa fin, mais il peut déjà en apprécier certains éléments.
« Je suis surtout fier de m’être rendu à ce niveau. Je me sens privilégié de vivre cette carrière. »
À l’aide de ses forces et de sa persévérance, Greenwood a prouvé que l’avenue du football universitaire québécois peut mener à un rôle important dans la NFL.
« Je ne suis pas un partant établi et je dois me battre pour un poste tous les ans. La clé, c’est d’aborder les choses un jour à la fois. Je ne peux rien prendre pour acquis et ça demande beaucoup de travail et un peu de chance », a conclu Greenwood qui se réjouit à l’idée de jouer à proximité de sa famille et ses proches.