CHICAGO - Durant son aventure de cinq années en territoire canadien, Marc Trestman a appris des leçons de vie inoubliables, si bien que ce n’est pas surprenant de constater qu’il continue de suivre les activités des Alouettes de Montréal avec intérêt.

L’entraîneur de 57 ans voulait absolument être fidèle à ces apprentissages à travers sa première occasion comme entraîneur-chef dans la NFL.

Dans un fabuleux article du journaliste américain Les Carpenter, Trestman a révélé ce qu’il a le plus retenu de son séjour aux commandes des Alouettes. « Plus que je donnais sans rien attendre en retour, plus j’étais heureux. Mais il faut le faire avec le cœur parce que tu ne seras pas récompensé sinon », avait-il confié.

Parmi les exemples éloquents de la valeur qu’il accorde à son parcours avec les Alouettes, Trestman a choisi d’amener quatre entraîneurs avec lui à Chicago. Ainsi, Andy Bischoff, Mike Sinclair, Pat Meyer et Tim Tibesar vivent tous leur première expérience dans la NFL et ils peuvent témoigner de la transition de Trestman au sud de la frontière.

« Je vois le même leader qu’il était à Montréal. C’était sa façon d’être un entraîneur-chef, c’est à Montréal qu’il a appris cela et il a évolué de sa première à sa cinquième année. C’est agréable de voir qu’il a gardé la même philosophie parce que la NFL change parfois les personnes, mais ce n’est pas son cas », a indiqué Bischoff qui s’occupe des ailiers rapprochés de l’équipe.

Au niveau de la gestion des matchs, Trestman avait instauré le dicton « 57 + 3 » et il l’a adapté à « 58 + 2 » dans la NFL.

« Ceci a commencé au Canada. Dans le fond, quand tu prends soin du ballon dans un match et que tu es discipliné, tu te retrouveras très souvent en avance ou bien dans le coup jusqu’à la fin. Tout se jouera donc dans les dernières minutes et c’est important de bien maîtriser la finition », a précisé le spécialiste des quarts.

Tout juste avant de faire le saut dans la LCF, Trestman a donné un coup de main à son ami Sean Payton en tant que consultant avec les Saints de La Nouvelle-Orléans

Dimanche, c’est Payton qui a eu le dessus sur Trestman dans la première confrontation entre les deux hommes. Mais, plus tôt cette semaine, l’ancien entraîneur des Oiseaux avait pris le temps de le remercier pour cette occasion fort utile en 2007.

« Ça commençait plus par une histoire d’amitié entre nous deux. Pendant que j’étais à l’écart du football, on allait à des colloques sur le football et on passait du temps ensemble. Quand il m’a invité à l’aider avec les Saints, c’était une façon de retrouver de la dignité parce que j’avais été laissé de côté par l’Université North Carolina State. Il m’a démontré beaucoup de respect et c’était enrichissant de le voir gérer cette équipe dans l’adversité », a expliqué Trestman.

Lorsqu’il a été embauché par Jim Popp, plusieurs sceptiques ont manifesté leurs craintes puisqu’il n’avait jamais été entraîneur-chef et qu’il provenait du football américain. Avec le temps, il a convaincu tous ses dénigreurs.

Ce contexte peut très bien se comparer à celui de Chicago étant donné que les amateurs et les journalistes suivant de près cette organisation au riche passé sont impatients de revoir l’équipe au sommet de la NFL.

En amorçant le calendrier avec trois victoires d’affilée, Trestman s’est attiré plusieurs éloges, mais on sent que la confiance demeure fragile en raison des deux récentes défaites. L’homme aux propos toujours réfléchis a identifié la principale lacune à corriger.

« Je l’ai dit dès le départ, mais notre attaque ne peut pas être limitée à 23 ou 24 minutes sur le terrain, ce qui force notre défense à se démener trop longtemps contre l’adversaire », a-t-il jugé.

Depuis que la saison des Bears a pris son envol, Trestman a manqué de temps pour regarder en entier les parties des Alouettes, mais il demeure à l’affût de ce qui se passe dans leur entourage.

« Je suis content de voir qu’ils ont gagné des parties importantes dernièrement et qu’ils s’accrochent au classement. Ils seront des éliminatoires et ils auront encore une chance de gagner s’ils peuvent recevoir de l’aide des unités spéciales et que Josh (Neiswander) continue de se développer parce que la défense joue très bien », a-t-il évoqué avec plaisir.

« De plus, ce n’est pas impossible qu’Anthony (Calvillo) revienne vers la fin », a-t-il ajouté.

Trestman est surtout ravi par le caractère démontré par son ancienne organisation car ça pourrait devenir déterminant.  

« J’ai pu envoyer des messages à quelques joueurs et parler à d’autres comme Anthony et Josh et les joueurs demeurent unis dans le vestiaire. La saison ne s’est pas passée comme ils l’auraient souhaité, mais ça ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas obtenir le résultat espéré », a soutenu celui qui a mené les Alouettes à deux conquêtes de la coupe Grey.

Andy BischoffUn enseignant comblé

En accompagnant Trestman à Chicago, Bischoff s’est vu confier le développement des ailiers rapprochés dont le très talentueux, et divertissant, Martellus Bennett.

« Il travaille fort tous les jours et il veut être poussé, stimulé et apprendre de nouvelles choses. Il est tout un personnage hors du terrain, mais sur celui-ci et dans les réunions, il est à son meilleur. C’est un défi pour moi de l’amener plus loin en l’aidant dans son jeu », a exprimé le père de deux filles.

Bischoff a eu une petite idée pour expliquer le fait que Trestman l’a invité à graduer dans la NFL.

« On se comprend bien et il sait comment je traite les joueurs et que je suis un enseignant pour eux. Je pense qu’il s’est dit que je pourrais continuer sur la même voie même dans la NFL », a visé le détenteur de deux diplômes en éducation.  

Celui qui a notamment dirigé Matt Birk et Joe Mauer à l’Université Cretin-Derham Hall au Minnesota, est bien sûr reconnaissant envers son ami.

« C’est certainement le rêve d’une vie et j’apprécie beaucoup cette expérience. Mais je peux quand même voir que ce n’est pas différent de ce que nous avions établi à Montréal », a conclu Bischoff.