Retour à la réalité d'étudiant pour Laurent Duvernay-Tardif
NFL mercredi, 14 janv. 2015. 00:29 samedi, 14 déc. 2024. 15:53Je n’ai jamais été une personne qui passait ses dimanches à regarder le football de la NFL. Pas par manque d’intérêt, mais plutôt par manque de temps. Les dimanches où je n’étais pas en train d’étudier ou sur appel, j’essayais de les passer avec ma famille ou à faire des activités à l’extérieur de la maison.
Mes dimanches étaient donc beaucoup plus différents depuis que je suis devenu un joueur des Chiefs! Maintenant que la saison est terminée, je suis revenu un peu dans le rythme de mon ancienne vie, si on peut ainsi le dire.
J’ai tout de même regardé le match entre les Broncos de Denver et les Colts d’Indianapolis, surtout que je connais bien l’équipe menée par Peyton Manning, l’ayant affronté à deux reprises cette année.
L'allure de cette rencontre a complètement changé de côté après l’échappé de Manning. Indianapolis et Andrew Luck en ont profité pour marquer deux touchés en très peu de temps.
Manning devait s’en vouloir pour ce revirement! C’est la morale de l’histoire. Dans la NFL, on analyse et regarde beaucoup de statistiques. Au bout du compte, il y a trois d’entre elles qui ressortent toujours dans un match : le nombre de revirements, le nombre de touchés inscrit lorsque l’attaque est en zone payante et les verges au sol.
Une équipe doit viser zéro revirement ou du moins un nombre en dessous de l’équipe adverse. Dans la zone payante, on vise un pourcentage de conversion de touché de plus de 60 %.
Ce sont trois statistiques qui sont très importantes pour une attaque si elle veut remporter des matchs. Les Colts ont bien fait dans ces trois statistiques dominant pour la course avec 99 verges contre 88 pour les Broncos. Ils ont été 3 en 4 en zone payante.
Je n’ai pas eu la chance d’affronter Indianapolis cette saison et j’ai étudié énormément les bandes vidéo des Broncos. Je m’attendais à une meilleure performance de l’attaque aérienne des Broncos, surtout de la part de Peyton Manning. J’ai donc été, comme plusieurs, un peu surpris de la victoire des Colts.
La créativité des Pats
Les Patriots, une équipe que nous avons vaincue dans un match du lundi soir plus tôt dans la campagne, ont accédé à la finale de l’Association américaine en défaisant les Ravens.
La Nouvelle-Angleterre a fait un peu scandale en utilisant une formation à quatre joueurs de ligne offensive à quelques reprises.
Pour ma part, je pense que c’est génial! Le football a besoin de gens qui réinventent le sport. Il n’y a pas un meilleur sentiment de courir un jeu comme celui qu’on nomme le Power et de toujours gagner cinq verges avec celui-ci.
D’un autre côté, il y a un autre aspect à la stratégie offensive et c’est la créativité. Chez les Chiefs, nous avons été très créatifs. Notre entraîneur-chef Andy Reid était très ouvert à créer des jeux avec un sixième joueur de ligne offensive ou avec une ligne débalancée.
Il est plaisant de voir que d’autres équipes, comme les Patriots, utilisent des concepts qui sortent de l’ordinaire. C’était très osé, mais j’ai beaucoup de respect pour un entraîneur qui appelle une telle formation, en éliminatoires de surcroît.
Retour aux études
Comme je m’en doutais, le retour aux études à temps plein n’est pas une mince tâche surtout après presque un an d’interruption. Mes coéquipiers ont profité des dernières semaines pour voyager et voir leur famille.
Pour ma part, je suis revenu à Montréal et trois jours plus tard je recommençais l’école. C’est certain que c’est dur, mais ça en vaut vraiment la peine. Je suis certain que je vais apprécier ma rotation (stage) en psychiatrie.
En raison de mon arrêt d’un an, je suis maintenant jumelé à une cohorte âgée d’un an de moins que moi. J’étais donc un peu anxieux étant donné qu’eux allaient se connaître depuis trois ans et que j’allais être le « petit » nouveau. Les trois étudiantes avec qui je suis jumelé sur l’étage sont vraiment géniales et je m’en étais fait pour rien.
Elles ne m’ont pas reconnu puisqu’elles ne sont pas des fans de football. En même temps, nous avons eu une séance d’orientation et nous sommes ensuite montés sur l’étage où nous allions travailler. Les infirmiers de psychiatrie eux m’ont reconnu et se demandaient si c’était bien moi. L’accueil a été très chaleureux et la journée suivante nous avons beaucoup parlé de football.
Les autres étudiants se sont donc demandé qui j’étais! En médecine, lorsque tu prends un congé, c’est généralement pour des raisons personnelles et personne ne pose trop de questions là-dessus. Ils pensaient donc que c’était cela. C’était donc très drôle lorsque je leur ai expliqué ma situation.
Bien que j’aie recommencé mes études en médecine, je n’ai pas arrêté mon entraînement.
Les joueurs prennent généralement un mois de congé à la fin de la campagne puisque tout le monde a des petits bobos.
Je suis chanceux étant donné que je n’ai pas joué de match, mon corps est relativement en bonne condition. Je ne suis pas à 100 %, mais je n’ai pas de blessure majeure.
J’ai donc parlé à mes entraîneurs à la conclusion de la saison et nous avons convenu que je continuerais de m’entraîner sur une base régulière. Je me suis déjà entraîné plusieurs fois depuis que je suis revenu ici. Je vais prendre mon mois de congé lorsque je vais commencer ma rotation en obstétrique-gynécologie vers la fin février ou au début du mois de mars. Cette rotation demande beaucoup plus de temps étant donné que les gardes sont de 12 heures.
Les entraîneurs et les préparateurs physiques ont donc planifié ma périodisation en fonction de cela. Je vais quand même être capable d’être au sommet de ma forme lors du début du camp d’entraînement.
Bref, mon mois de congé est reporté comme si nous nous étions rendus au Super Bowl!
En ce moment, je fais de l’entraînement sans impact. Il n’y a aucune explosion et aucun saut. C’est vraiment de l’entraînement en résistance pour essayer de regagner la forme et remettre un peu de muscles sur la charpente.
Après chaque saison, c’est inévitable que tous les joueurs aillent pris un peu de gras et perdu un peu de muscles. Le football est l’un des seuls sports où l’entraînement que tu fais est complètement à l’opposé de ce que tu fais sur le terrain.
Sur le terrain, c’est du cardio, de la résistance et de l’endurance même si chaque jeu est joué à 100 %. Mais en salle, c’est dans une visée d’être explosif et d’avoir de la force. C’est sûr que tu perds un peu de ces habiletés durant la saison parce que les entraînements en salle sont beaucoup moins fréquents. Lorsque tu tombes dans la saison morte, il faut que tu rebâtisses tes acquis en termes de force et de puissance.
Outre les études et l’entraînement en salle, j’ai dû aussi me réadapter aux conditions climatiques du Québec! Pendant les Fêtes, mes proches me disaient que c’était un Noël pluvieux et gris. Depuis que je suis revenu, je pense qu’il fait toujours moins-20 degrés Celsius.
D’être dehors en hiver, c’est la beauté du Québec! Je vais essayer d’en profiter.
*Propos recueillis par Christian L-Dufresne