Tevaughn Campbell a confondu les sceptiques en gagnant un poste avec les Chargers
NFL vendredi, 11 sept. 2020. 11:00 samedi, 14 déc. 2024. 10:01MONTRÉAL – Quand il a quitté les Alouettes de Montréal, en janvier 2019, ils étaient peu nombreux à croire aux chances de Tevaughn Campbell de se tailler un poste dans la NFL. Vingt mois plus tard, le marchand de vitesse peut dire mission accomplie.
Après avoir été libéré par les Jets de New York tout juste avant le lancement de la saison 2019, Campbell a obtenu un nouvel essai avec les Chargers de Los Angeles. Outre deux brefs séjours sur la formation active, il avait été limité à un rôle sur l’équipe d’entraînement.
Ainsi, les sceptiques avaient encore plusieurs arguments dans leur jeu quand Campbell a entamé le camp d’entraînement qui vient de se conclure. En tant que Canadien, de 27 ans, qui a disputé son football universitaire au pays et qui n’avait jamais joué un match dans la NFL, on pourrait dire qu’il avait quatre prises contre lui.
Mais Campbell a provoqué une surprise en poursuivant sur la même tangente de son parcours dans la LCF. Les partisans des Alouettes se souviendront que son premier passage, en 2017, n’avait rien d’épatant. En 2018, le demi de coin est revenu transformé à la suite d’une expérience salutaire au rugby à sept avec l’équipe nationale.
Cette fois, il a fait mentir bien des observateurs incluant ceux qui suivent les activités des Chargers de près. Il faut dire que la tertiaire constitue l’une des principales forces de cette organisation.
« Je suis surtout fier de moi parce que j’ai accompli un but que j’avais en tête depuis plusieurs années », a exprimé Campbell jeudi, au RDS.ca, à la conclusion d’un entraînement avec les siens.
L’Ontarien savait malgré tout que son nom se retrouverait dans les discussions des dirigeants jusqu’à la toute fin.
« Disons que j’étais avant tout bien nerveux et ensuite très content de ne pas avoir reçu l’appel. Quand ton téléphone ne sonne pas, tu sais que tu as réussi. Je sais que ma copine, ma famille et mes amis sont très heureux pour moi et je ne peux vraiment pas demander mieux », a décrit le sympathique athlète.
Réaliste, il avait déduit depuis longtemps que son objectif n’avait rien de facile.
« Vraiment pas ! Je savais que les probabilités jouaient contre moi en venant du Canada. Mais j’ai décidé d’accepter ce défi et de le relever en fonçant à fond la caisse », a expliqué celui qui a également excellé en athlétisme.
Comme il l’a toujours fait, Campbell a attiré l’attention de la NFL grâce à sa vitesse. Lors des tests de la Ligue canadienne de football, il avait accompli un chrono de 4,35 secondes sur 40 verges. Mais la vitesse n’achète pas un poste au sud de la frontière, il faut aussi savoir jouer au football puisque la compétition est féroce.
« Mon plus grand accomplissement, à mon avis, c’est d’avoir démontré aux entraîneurs qu’ils peuvent se fier sur moi. Ils peuvent être rassurés que je vais effectuer les bons jeux s’ils m’envoient sur le terrain. J’ai aussi démontré que je possède les habiletés pour réussir des jeux clés. Je ne suis pas juste ce gars qui ira remplir un poste à l’occasion. Je suis content d’avoir pu faire cela », a exposé Campbell sans arrogance.
Campbell peut s’inspirer de Cameron Wake
La polyvalence de Campbell a été payante dans la décision des Chargers. En plus d’être l’un des réservistes comme demi de coin, il peut venir contribuer quand les entraîneurs déploient cinq demis défensifs sur le terrain. Il participera également à quelques situations des unités spéciales en plus d’avoir été identifié parmi les spécialistes de retours de bottés.
Ceci dit, il croit que c’est l’évolution de son jeu qui a été l’élément déterminant.
« Ça ne fait aucun doute à mes yeux que j’ai progressé depuis mon départ avec les Alouettes. Faut croire que je deviens meilleur avec l’âge », a-t-il mentionné en riant.
« J’ai la conviction d’avoir appris de plusieurs excellents joueurs et entraîneurs au fil des ans. Des personnes avec des bagages différents et des visions différentes de la vie. J’ai été en mesure d’absorber des informations et de les intégrer dans mon jeu. Je pense que ça explique ma présence avec l’équipe », a poursuivi Campbell.
Ça n’arrive quand même pas si souvent que les équipes de la NFL misent sur un Canadien de son âge.
« Je peux bien avoir 27 ans, mais je ne me sens pas comme ça et je ne joue pas comme ça. J’ai encore une tonne d’énergie. La vitesse me rapporte, elle se remarque sur les vidéos et sur le terrain », a assuré celui qui porte le numéro 37 avec les Chargers.
Pour son agent, Paul Sheehy, de Pro Star Sports Agency, cette mission n’était pas impossible. Après tout, son parcours lui rappelle partiellement celui de Cameron Wake, un autre de ses clients.
« C’est évident qu’il a progressé chaque année et je suis persuadé qu’il pourra s’établir à long terme dans la NFL parce qu’il a continué de progresser et qu’il est doué athlétiquement. Tout comme Cameron Wake, il est arrivé alors qu’il n’est plus très jeune, il a été en mesure de se prouver et de s’imposer ensuite », a soulevé Sheehy à l’auteur de ces lignes.
Campbell sera donc prêt à démontrer son utilité dès les premières semaines de la saison.
« Il y a assurément des possibilités que je joue dans la tertiaire. C’est encore plus vrai en raison de la COVID-19 puisqu’on peut encore moins prévoir le déroulement de la saison », a-t-il précisé Campbell.
Durant son séjour avec les Jets, il s’était approché de son premier match dans la NFL en s’entraînant avec les partants pendant une semaine. Ses aptitudes semblent mieux cadrer avec les besoins des Chargers qui devraient se tourner vers lui sous peu.
Un nouveau stade à faire rêver
D’ailleurs, il devient un peu ébahi quand il pense qu’il participera à la relance si attendue de la NFL dans ce contexte de pandémie.
« C’est fou, c’est incroyable de vivre ça. J’en rêvais quand j’étais enfant, le mode de vie des joueurs de la NFL est si attirant quand tu es jeune. C’est particulier de savoir que des gens vont me regarder dans ce calibre », a-t-il avoué alors que les Chargers disputeront leur premier affrontement face aux Bengals à Cincinnati.
Le sentiment a été semblable quand il a découvert la majestuosité du SoFi Stadium, le domicile que les Chargers partageront avec les Rams.
« On a eu la chance d’y aller et de s’y entraîner. Je peux confirmer que ça ne ressemble à rien de ce qu’on a pu voir avant. C’est fascinant et ce sera encore plus spécial quand tous les partisans seront de retour », a souligné Campbell alors qu’on s’est abstenu de blaguer en faisant une référence avec le Stade Percival-Molson.
Le portrait sera aussi très différent sur le terrain alors que le règne de Philip Rivers est terminé. Campbell ne perçoit pas le tout comme un immense changement et il croit que les entraîneurs sauront minimiser l’impact de son départ.
« Tous les entraîneurs ici sont de bonnes personnes et de bons entraîneurs. Ils savent comment parler aux joueurs, comment nous traiter et nous développer. Les athlètes, voilà ce qu’on recherche. Ils sont empathiques envers nous et ça fait que c’est réciproque », a indiqué Campbell à propos d’une impression qui se dégage de l’entraîneur-chef, Anthony Lynn, dans la série Hard Knocks.
Quand il était avec les Alouettes, Campbell rêvait de participer aux Jeux olympiques en rugby. On peut le comprendre d’avoir désormais écarté ce souhait de son esprit, la NFL étant plus exigeante. Il ne s’éloigne toutefois pas de ses nombreux amis de la LCF.
Petit détail savoureux pour conclure, les Alouettes avaient acquis Campbell en échangeant Vernon Adams fils aux Roughriders. Adams fils a ensuite été rapatrié par les Oiseaux et les deux athlètes ont propulsé leur rendement à un autre niveau.