À défaut d’y avoir été présent en tant que joueur des Chiefs de Kansas City, j’ai voulu faire du Super Bowl LIII une journée inoubliable en me joignant le temps d’une journée à l’équipe de télédiffusion de CTV basée à Toronto.

Ce fut une expérience que je ne suis pas près d’oublier!

Il est vrai que ce n’était pas ma première expérience dans les médias, mais c’était du nouveau en ce sens que l’émission était retransmise partout au Canada, en anglais... et en direct de surcroît.

Autant je suis parfaitement à mon aise lorsque je m’exprime sur un sujet que je maîtrise comme ma remise en forme, mon retour au Québec ou la saison de mon équipe, c’est une autre paire de manches d’être appelé à disséquer le match en studio, avec les nombreux défis que ça comporte.

C’est d’ailleurs ça qui m’allumait : le fait de devoir gérer cette pression. Pendant toute la partie, j’ai décortiqué les stratégies offensive et défensive des Patriots et des Rams. J’ai ensuite sélectionné des jeux qui les illustraient bien. Avec l’aide d’un assistant qui m’avait été assigné, j’ai identifié un total de huit séquences accompagnées de schémas graphiques que je voulais analyser en ondes.  

J’avais choisi entre autres de parler des deux premières séquences offensives des Pats, qui sans mener à des points donnaient une très bonne idée de ce qu’ils allaient  tenter d’accomplir à l’attaque durant ce Super Bowl. Je voulais aussi parler de la façon par laquelle les Rams avaient réussi à créer des situations d’un contre un avec leur secondeur étoile Aaron Donald avec une feinte de blitz.

Finalement, je voulais aborder les différentes tactiques défensives des Pats leur permettant d’installer le doute dans l’esprit de l’attaque adverse et d’appliquer de la pression sur le quart en troisième essai. Ce sont des jeux assez uniques à la Nouvelle-Angleterre. Je pense ici à leur tendance à utiliser deux joueurs sur la ligne défensive et de remplir la boîte défensive de secondeurs et de demis défensifs. Pour un membre de la ligne offensive adverse, ça devient très difficile d’évaluer dans le feu de l’action d’où proviendra la menace à l’endroit du quart-arrière.

Avant de rejoindre les animateurs de l’émission d’après-match Jay Onrait et Dan O’Toole, je devais leur fournir à l’avance une liste de questions. Je devais m’assurer que mes commentaires allaient être de la bonne longueur par rapport aux séquences vidéo affichées à l’écran. Le défi était donc d’être concis et pertinent à la fois. Il faut apporter une information qui intéressera les gens, sans les perdre avec des termes trop complexes du jargon de football.

Je peux vous assurer que quand tu n’as jamais fait ça, c’est quand même tout un stress! D’autant plus qu’on ne savait pas combien de temps allait durer précisément l’émission d’après-match tant et aussi longtemps que la cérémonie de remise des trophées n’allait pas être terminée. On devait prévoir qu’on allait être en direct entre 25 minutes et 60 minutes.

Chaque fois que les célébrations d’après-match se prolongeaient, un membre de l’équipe technique nous indiquait dans notre oreillette le nouveau temps dont nous allions disposer. Forcément, j’ai dû revoir le plan initial en rayant des séquences que j’avais envie de montrer à nos téléspectateurs.

De leur côté, Jay et Dan devaient eux aussi mettre à jour leur liste de questions afin qu’on soit tous sur la même page. C’était tout un casse-tête! Et comme ça devait arriver, la première question qui m’a été posée n’avait aucun lien avec le segment qui était montré à l’écran! Ça m’a surpris sur le coup, mais c’est la beauté du direct et les choses se sont bien replacées par la suite.   

J’ai trouvé l’expérience très cool, et j’ai accepté avec joie de la poursuivre en collaborant un peu plus tard aux bulletins de SportsCenter de minuit et d’une heure du matin. Je crois qu’on a apprécié mon travail.

Finalement, je suis rentré à mon hôtel entre 2 h et 3 h. Et quelques heures plus tard, j’étais hors du lit pour participer à une entrevue que j’accordais à la station de radio 98,5 FM à 8 h 15. Bref, ce furent 24 heures très épuisantes mais je suis très content d’avoir accepté l’offre qui m’avait été faite!

Du boulot colossal de la défense des Pats

Depuis quelques années, les Patriots ont joué autant des matchs à haut qu’à bas pointages dans leurs présences au Super Bowl. Je n’étais donc pas si étonné de voir à quel point il ne s’est pas marqué beaucoup de points en première mi-temps.

Autant les Rams avaient connu des moments cette saison durant lesquels leur unité offensive semblait impossible à arrêter pour n’importe quelle défense du circuit, on a vu dimanche dès le début qu’ils n’allaient pas faire ce qui leur plaisait face aux Pats.

Et du côté des Pats,  malgré plusieurs séquences prometteuses en début de match, il n’y avait que trois points au tableau après 30 minutes de jeu. J’ai vu des similitudes entre la façon dont ils ont amorcé le Super Bowl et leur première série offensive à Kansas City, deux semaines plus tôt. S’appuyant sur du jeu au sol diversifié, les Patriots faisaient de ce qu’ils voulaient avant que Tom Brady ne soit victime d’une interception sur sa première tentative de passe.

Allait-on les voir exploser en deuxième demie de façon similaire à ce qu’ils allaient fait il y a deux ans face aux Falcons d’Atlanta? Personnellement, c’est ce que j’anticipais. Je croyais qu’on allait voir les deux clubs se montrer plus agressifs et prendre plus de risques en deuxième moitié de match et j’ai eu tort! Il n’y a jamais réellement eu de rythme, à l’exception de la séquence ayant mené au touché de Sony Michel sur deux verges, avec sept minutes à écouler au quatrième quart.

Une grande partie des succès offensifs des Rams s’appuie sur une utilisation efficace du « play action ». Et comme la Nouvelle-Angleterre n’a jamais montré le moindre signe de craindre le jeu au sol de leurs rivaux, malgré la présence de Todd Gurley et de C.J. Anderson, ils se sont retrouvés dans le pétrin.

Du grand Edelman

Ce n’est pas tous les jours que le joueur par excellence du Super Bowl est un receveur de passes. C’est ce qui s’est produit dimanche lorsque Julian Edelman a reçu la distinction après un match phénoménal de 10 attrapés pour des gains de 141 verges.

Il n’est pas un receveur aussi athlétique qu’un Tyreek Hill, en ce sens qu’il ne battra jamais un couvreur avec de la vitesse pure, et qu’il ne déambulera jamais vers les zones profondes pour un attrapé de 50 verges. Mais c’est fou à quel point Edelman arrive à se dégager de manière aussi constante de la couverture serrée qu’on tente d’appliquer à son endroit.

Il se positionne généralement entre cinq et dix verges passé la ligne d’engagement, et il se démarque avec régularité dans les zones intermédiaires, la majeure partie avec des tracés vers l’extérieur du terrain. Et il a cette capacité à obtenir les trois ou quatre verges supplémentaires permettant de faire avancer les chaîneurs. En ce sens, il me fait penser à mon coéquipier Travis Kelce.

Sur le coup, on n’a pas le réflexe de penser que Julian Edelman est un joueur dominant. Mais en additionnant tout ce qu’il fait bien, il devient une arme redoutable. Oui, il aura toujours bénéficié du fait d’évoluer pour le grand Tom Brady, mais il faut néanmoins lui rendre le mérite qu’il revient.

* propos recueillis par Maxime Desroches