Pour tout joueur de la NFL, le fait de disputer un match à heure de grande écoute comme le Monday Night Football revêt un cachet particulier. C’est un immense honneur d’être au centre de l’attention.

Les têtes pensantes du circuit ont évalué qu’un affrontement entre les Chiefs et les Broncos a le potentiel de mener à d’excellentes cotes d’écoute, donc par le fait même à de meilleurs revenus publicitaires. C’était donc entre nos mains d’offrir un bon spectacle, sachant que les attentes étaient élevées.

S’il est très facile de se motiver pour une rencontre regardée à l’échelle nationale, ça comporte néanmoins son côté moins commode. Contrairement aux matchs du jeudi soir, pour lesquels les deux formations impliquées chacune de leur côté quatre jours de préparation à leur disposition, celles du lundi sont forcément désavantageuses en vue de la confrontation du dimanche suivant. Dans un sport aussi stratégique que le football, le fait d’avoir une journée de moins devant soi pour s’entraîner et étudier les bandes vidéo du prochain adversaire peut aisément mener à une moins bonne exécution si on ne prend pas les moyens pour éviter cela.

Nous avons nos habitudes durant un calendrier de 16 rencontres, et le fait d’être resté à Denver jusqu’aux petites heures du matin dans la nuit de lundi à mardi vient chambouler celles-ci. Au lieu d’y aller à fond de train mercredi, les entraîneurs ont choisi d’y aller plus mollo afin de favoriser notre récupération. C’est là que de compter sur un effectif expérimenté qui en a vu d’autres est un atout. C’est un avantage non négligeable de savoir s’ajuster adéquatement dans ces conditions inhabituelles.

Trois de nos quatre premières parties de la saison étaient sur la route, mais maintenant, ce sera l’inverse. Le fait de disputer trois des quatre prochaines dans le confort de notre domicile ne sera pas de refus. Et ça commence dès dimanche face aux Jaguars de Jacksonville, que plusieurs considèrent comme une des meilleures équipes de l’AFC et même de la ligue en général. En tant que membres de la ligne offensive, le défi est particulièrement relevé pour nous, puisque les Jags possèdent un front défensif hyper talentueux, possiblement un des plus féroces qui nous seront opposés cette saison.

Une victoire sous le signe du caractère

Mine de rien, le premier quart de la saison est désormais derrière nous après la victoire acquise face aux Broncos. Ce succès, nous avons dû travailler très fort pour l’obtenir, particulièrement au quatrième quart, alors que nous avons surmonté un déficit de 10 points. C’est le genre de résultat qui prouve que nous sommes capables de bien réagir face à l’adversité.

Ne nous faisons pas de cachettes : le déroulement de nos trois premiers matchs avait été pratiquement idéal, avec des écarts de points significatifs et beaucoup de points au tableau. Mais dans une ligue aussi compétitive que la NFL, il est impossible de reproduire cette recette semaine après semaine. D’avoir démontré une bonne dose de caractère après avoir connu des ratés durant les trois premiers quarts lundi est très encourageant.

Le calme régnait sur les lignes de côté malgré le fossé de 10 points nous séparant des Broncos. Nous savions qu’à l’offensive, la dernière portion du match allait être un test important en ce qui a trait à la protection du quart Patrick Mahomes. La cadence est accélérée (aucun caucus à moins d’une passe incomplète), de sorte que la communication verbale n’est plus une option, surtout dans un stade aussi bruyant qui tente de nous intimider. Ça devient capital de bien exécuter les signaux et les appels de jeux.

Les premiers jeux d’une telle séquence offensive sont les plus difficiles, car le front défensif adverse n’est pas dupe. Il sait pertinemment que c’est du jeu aérien qui se profile à l’horizon. Toute la pression exercée sur le quart demande un effort physique accru de notre part. Mais je dois dire que lorsqu’on trouve notre rythme, ça devient beaucoup plus facile de protéger le quart. Si notre attaque gagne quelques premiers jeux, la cadence de la défense ralentit. On la force à garder les mêmes effectifs sur le terrain, donc à ne pas faire de permutations. Je crois que nous avons offert une protection très adéquate à Patrick dans la deuxième demie dans les circonstances. Nous avons pu redevenir l’attaque aérienne dangereuse que nous étions dans les trois matchs précédents.

Mahomes, l'ambidextre!

Ceux qui ont regardé les derniers instants de la rencontre ont probablement été ébahis de voir Mahomes garder son sang-froid et compléter en se servant de sa main gauche une passe improvisée près de la ligne mêlée, alors qu'il était poursuivi par le dangereux Von Miller (rien de moins!). Je vous avoue que dans le feu de l’action, nous ne sommes pas nombreux à avoir être témoins de ce tour de magie réalisé par notre jeune quart.

Mais lorsqu’on revoit le tout à la télévision ou sur les réseaux sociaux, avec le bénéfice du ralenti, on s’aperçoit que c’était un jeu exceptionnel! Il s’agit d’une autre corde à son arc, mais espérons en même temps que Patrick n’aura pas à se sortir du trouble en lançant de la gauche trop souvent!

Bon football à tous!

* propos recueillis par Maxime Desroches