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Duel au sommet de la section Nord de l’Américaine, dimanche, avec un classique entre les Steelers de Pittsburgh et les Ravens de Baltimore (RDS et RDS DIrect, 13 h).

Le football est un sport très stratégique, mais avant tout, en embarquant sur le terrain, il faut que les joueurs soient prêts à payer le prix. Prêts à avoir mal et à faire des sacrifices. C’est particulièrement le cas quand je pense au côté très physique d’un duel Steelers-Ravens, deux équipes qui veulent imposer leur volonté et qui comprennent que la robustesse est encore un élément important dans le football en 2020. C’est le genre de match où tu te dis : attache ton casque serré et prend une Tylenol avant de jouer.

La défense des Steelers continue son bon travail. Ça fait quelques semaines qu’elle est excellente contre le jeu au sol et pourtant elle fait face à de gros défis depuis un mois. Ça comprend les Browns de Cleveland, qui ont la meilleure attaque au sol du circuit à coup de 185 verges par match. Les Steelers les ont limités à 75 verges, soit 3,4 verges par course, la plus longue étant de 19.

La semaine d’après, ils ont affronté un des meilleurs porteurs de ballon en Derrick Henry, qui a toutefois fini la rencontre avec seulement 20 courses, 75 verges et 3,8 verges par course, la plus longue étant de 17 seulement. Mission accomplie encore fois pour la défense des Steelers.

Maintenant, ils font face à une attaque au sol qui est revenue au premier rang. En plus, ils vont affronter le quart-arrière que je considère le plus dangereux avec ses jambes en Lamar Jackson. Il fait partie intégrante du jeu au sol, alors c’est un méchant casse-tête. Il n’est pas no 1 statistiquement, puisque c’est Kyler Murray qui gagne en moyenne 62 verges par match. Mais Jackson, qui a disputé un match de moins, en a 58. Ce qui vient affecter sa moyenne un peu, c’est que lors du match face aux Bengals de Cincinnati le 11 octobre, il n’avait pas pratiqué de la semaine à cause d’une blessure au genou et donc il n’a couru que deux fois pour 3 verges. À mon avis, il représente la plus grande menace parce qu’il y a beaucoup plus de jeux avec des courses intégrées du quart-arrière chez les Ravens que chez les Cardinals.

Tu as beau établir des plans de match élaborés et t’entraîner, c’est au niveau de l’exécution que ça se joue le jour du match. Les Ravens ont toutes sortes de stratégies offensives pour le jeu au sol. Chaque fois, il faut défensivement qu’il y ait un gars sur Jackson, mais le problème avec ça, c’est que puisqu’il est l’un des joueurs les plus dynamiques sur le terrain, ça fait en sorte que tu dois lui opposer un gars qui connaisse bien les affectations et qui soit suffisamment athlétique pour faire le poids à un contre un. Tu peux avoir le bon schéma, les bonnes affectations contre Jackson, mais tout s’écroule au niveau de l’exécution si celui qui se retrouve devant lui n’est tout simplement pas assez athlétique pour le battre. C’est pour ça qu’il y a des défenses qui vont plus utiliser de petits joueurs rapides contre eux. Sauf que l’autre problème, c’est que quand les Ravens constatent ceci, ils peuvent se mettre en mode course en puissance avec leurs gros joueurs. Voilà un beau jeu d’échecs. Il faut aussi être très disciplinés dans un style de jeu à un contre un comme ça.

Ce qui est intéressant aussi, c’est que la dernière fois que Lamar Jackson a affronté les Steelers, en 2019, c’était l’année où il a été élu joueur par excellence et où il n’a lancé que six interceptions. Eh bien trois d’entre elles sont survenues dans ce match, contre seulement une passe de touché et cinq sacs du quart. Les Ravens avaient finalement gagné en prolongation, mais on l’avait quand même malmené. Et pourtant, Ben Roethlisberger n’était pas son vis-à-vis ce jour-là, Mason Rudolph étant l’un des quarts employés. La défense avait causé des problèmes aux Ravens et elle est encore meilleure aujourd’hui. De plus, « Big Ben » est revenu et l’attaque est donc plus complète.

Chez les Ravens, quand ça va bien, tout va bien, ils démolissent l’adversaire. Mais quand ça va moins bien, qu’il y a des ratés et de l’adversité ou qu’ils tirent de l’arrière, ça devient problématique. C’est l’ingrédient qui leur manque on dirait pour passer au niveau supérieur. On l’a constaté face aux Chiefs de Kansas City cette saison ou dans les matchs éliminatoires ces dernières années. Justement, la défense des Steelers te force à faire des erreurs et à connaître des ratés, t’entraîne dans des passages à vide et à parfois jouer du football de rattrapage. C’est la dynamique que j’ai hâte de voir dimanche.

Regardons de l’autre côté la défense des Ravens, qui est no 1 pour les points alloués. Elle est très agressive et combative, elle met beaucoup de pression et veut blitzer. Ils ont une bonne tertiaire. C’est certain que quand tu blitzes beaucoup, tu t’attends à ce que l’adversaire lance rapidement parce qu’il n’aura pas le temps de tenir le ballon dans ses mains, donc les tracés risquent d’être courts et on a besoin d’un demi défensif qui soit solide sur le plaqué. Si tes DD sont mauvais sur les plaqués, la dernière chose que tu veux faire, ce sont des blitzs, sinon tu vas être dans le trouble et donner de longs jeux après l’attrapé. On gère bien cet aspect chez les Ravens. On a un coordonnateur défensif qui a le tour de trouver des schémas pour que les joueurs truquent l’unité de protection et se rendent librement au quart-arrière, puis on a des DD solides et de la profondeur à cette position pour faire des plaqués et s’assurer que la petite passe reste un petit jeu.

Les Ravens aussi te font faire du football à un contre un. Quand tu blitzes, ça veut dire que tu amènes au minimum cinq joueurs, donc tous tes joueurs de ligne à l’attaque sont obligés de bloquer à un contre un et ça veut aussi dire que les demis défensifs sont à un contre un avec les receveurs de passe. C’est assez particulier. Le football est un sport collectif de cohésion et de communication, c’est le sport d’équipe par excellence, mais à la base, c’est une addition de 11 un contre un. Bref, ça va être une bonne bataille. Est-ce que la ligne des Steelers peut gagner ses blocs à un contre un? Et qu’en est-il de la bataille la plus importante selon moi : est-ce que les receveurs des Steelers vont être capables de gagner leurs un contre un avec les DD des Ravens?

Il y a une autre chose que j’ai hâte de voir. Depuis le début de l’année, les Steelers dégainent rapidement. Roethlisberger garde le ballon à peine 2,5 secondes en moyenne dans ses mains. J’ai hâte de voir comment les Ravens vont réagir à ça. Quand ils blitzent, ils forcent l’adversaire à lancer rapidement, mais c’est ce que font déjà les Steelers de toute façon. Donc blitzer est-il vraiment nécessaire? Gaspille-t-on des ressources à faire ça? « Big Ben » a été victime de trois interceptions contre les Titans du Tennessee. Il y en a eu une en fin de première demie, une sur un ballon dévié à la ligne d’engagement alors que la troisième a résulté d’une décision un peu trop agressive de sa part. Mais avant ça, il n’en avait eu qu’une en cinq sorties. Il devra mieux protéger le ballon cette fois.

Dénouement intéressant avec l’arrivée de Dez Bryant à Baltimore

Les Ravens avaient déjà accordé un essai à Bryant au mois d’août mais ça n’avait pas fonctionné. On lui en a redonné un autre et cette fois il a signé un contrat. Il a 31 ans aujourd’hui et il n’a pas joué depuis 2017. Il s’était engagé auprès des Saints de La Nouvelle-Orléans en 2018 mais s’était déchiré le tendon d’Achille dès sa première pratique.

Les mots qui me viennent en tête quand je pense à lui sont : physique, émotion, intensité, passion. Ce sont toutes des bonnes qualités. L’aspect physique est d’ailleurs particulièrement important dans l’esprit des Ravens. Il a une personnalité forte, mais il risque d’arriver avec une certaine dose d’humilité. Qui plus est, l’entraîneur-chef John Harbaugh est un homme qui a une bonne autorité sur son équipe et il a un vestiaire uni, je ne pense pas qu’il y aura d’écart de conduite. Mais si jamais il y en avait, il n’y a aucun risque financier pour les Ravens, ils passeront simplement à un autre appel.

Je ne sais pas à quel niveau de jeu Dez va revenir, mais s’il y a une place où Baltimore ne performe pas comme on le souhaiterait et où il n’y a pas énormément d’expérience, c’est au poste de receveurs espacés. Il y en a deux qui ont 23 ans et deux qui ont 24, alors que le plus vieux est Willie Snead à 28 ans. Ils ont beaucoup de rapidité mais ne sont pas très expérimentés et physiques.

Les Ravens se caractérisent sur le jeu au sol et leur receveur no 1 est souvent l’ailier rapproché. On n’a pas de gars sur le périmètre qui peut être physique. C’est là qu’entre en scène Dez Bryant, s’il est en santé. Il peut bloquer lorsque les Ravens vont attaquer le périmètre. S’il a un demi défensif sur le dos et qu’il doit se battre sur un attrapé contesté, soit quand les deux joueurs ont la chance de s’emparer du ballon, Bryant a souvent le dernier mot. C’est quelque chose qui manque aux Ravens.

Par ailleurs, ils ont besoin de s’améliorer dans le jeu aérien puisqu’ils sont 31es sur 32. Les receveurs espacés totalisent pour l’instant 58 attrapés pour 737 verges (32e rang) et seulement 2 touchés, ils sont les moins productifs. Est-ce que Dez va accepter son rôle avec maturité? Il peut amener du leadership et une influence positive au sein d’un groupe de jeunes receveurs. C’est une signature intéressante. Je souhaite du succès à tout joueur qui tente un retour au jeu comme lui. On verra ce que l’avenir lui réserve, si ça fonctionne.

Beaucoup de pression sur Tua Tagovailoa à son premier départ à Miami

L’autre dossier chaud de la semaine concerne Tua Tagovailoa, qui effectuera son premier départ derrière le centre en carrière dans la NFL dimanche contre les Rams.

La pression sera forte, et ce, dans tous les sens du terme. Même si c’est un gars hyper compétitif et qu’il a déjà vécu sous pression dans la NCAA avec Alabama, ça atteindra d’autres sommets.

Les Dolphins viennent de gagner trois de leurs quatre derniers matchs. Ils ont joué du bon football, incluant le quart partant Ryan Fitzpatrick. On sentait que l’équipe jouait bien pour lui, qu’ils étaient solidaires. Ils sont dans la course pour le premier rang dans la section Est de l’Américaine. Juste ça, ça met de la pression sur Tua. Il ne veut pas arriver et que les Dolphins se fassent soudainement lessiver.

Regardons les quarts actifs qui ont été repêchés en première ronde : Joe Burrow (1er) va très bien même si les Bengals ne gagnent pas beaucoup, ce n’est pas à cause de ses contreperformances. Et que dire de Justin Herbert (6e), sélectionné tout de suite après Tua et qu’on pensait même voir recruté en Floride à un certain moment. Il fait super bien avec les Chargers, qui ont toutefois peu de victoire, mais ce n’est pas de sa faute non plus. Voilà deux jeunes quarts qui performent bien et qui par souci de comparaisons mettent de la pression sur Tua.

Mais en plus, il va affronter les Rams, qui comptent sur un certain Aaron Donald sur la ligne défensive. Lui, il met de la pression physique. Si tu ne fais pas attention et que tu lances le ballon tout croche, il y a aussi dans la tertiaire Jalen Ramsey qui est capable de capitaliser là-dessus et de faire des interceptions. Face à tout ça, ce sera intéressant de voir comment le jeune homme va se comporter. Puisqu’il est plus mobile, je m’attends à ce qu’il y ait plus de zone read, de run pass options, de passes rapides, et peut-être plus de protection maximale avec des passes dans les zones profondes parce qu’il a un bras un peu plus puissant également, qu’il est plus athlétique et qu’il bouge bien dans la pochette. Le plan de match sera un peu plus taillé sur mesure sur lui. Par ailleurs, quand tu as un quart gaucher, ça veut dire que le côté droit de ta ligne à l’attaque devient ton angle mort, et donc le côté droit qui compte sur de jeunes joueurs aura plus de pression. Fitzpatrick faisait bien paraître sa ligne parce qu’il dégainait souvent en 2 secondes et des poussières. Tua devra être rapide également pour ne pas mettre sa ligne sous pression.

Dernière chose très importante, c’est qu’il n’a pas besoin d’être Superman. Tu dois travailler en équipe, tu n’as pas besoin de gagner tout seul, protège-toi, quitte à lancer une passe incomplète dans les gradins pour se débarrasser du ballon et ainsi éviter un sac. De temps en temps, un botté de dégagement n’est pas une si mauvaise chose. Il doit jouer à l’intérieur de ses moyens et ne pas essayer de trop en faire. Je surveillerai sa performance dimanche (13 h, NFL RedZone sur RDS Direct).

* Propos recueillis par Audrey Roy